Le Musée national du Moyen Âge et des thermes de Cluny : un lieu emblématique où les caméras de télévision refusent (presque) de pénétrer.

Par Cyber Léon Bloy.

 

C'est un des musées parisiens préférés...des touristes anglo-saxons, alors que les Français l'ignorent et le méprisent, surtout ceux qui oeuvrent et pontifient dans nos anti-médias chébrans boboïstes libéraux-libertaires que j' honnis et recrache dans ma soupe comme un bol de chyle tumescent de blettissures. Le Moyen Âge en France, ça a souventes fois mauvaise presse : c'est barbare, obscur, intolérant, inquisiteur, violent, islamophobe, homophobe (la "sodomie" des Templiers, d'Edouard II avec Pierre de Gabaston ou du pape Boniface VIII), antisémite, sanguinaire, débile mental, ignorant, antiscientifique, superstitieux, crasseux, puant (pas de bains pendant mille ans selon Michelet !) pas politiquement correct pour deux sous, une époque pourrie de fange jusqu'aux genoux dans les venelles aux masures à colombages où viennent fouailler les groins renifleurs des porcs gourmands d'ordures. L'art médiéval, c'est donc par recoupement du crachat, du guano, du n'importe quoi fanatique, académique (forcément !) et intégriste. A l'heure où la fantasy moyenâgeuse triomphe partout, en littérature (au détriment de la SF bien meilleure et plus critique envers nos civilisations consuméristes, hédonistes, technicistes et tueuses de l'environnement) comme au cinéma (que de giga nanars  en  salles !), tout cela est diantrement surprenant. Ô Moyen Âge sur lequel on fait peser tous les péchés du monde occidental (sauf  la colonisation : on ne peut pas l'accuser de ce qui n'a démarré qu'après lui) !

Donc, la bien-pensance a décidé de boycotter le musée de Cluny, seul musée national parisien n'ayant jamais bénéficié du moindre programme de rénovation, au nom du dédain officiel et intellectuel des dark ages, ainsi qu'on le dit en Albion. Ce qui signifie que, à de fort rares et notables exceptions, à Cluny, on peut monter une multitude d'expos géniales avec des objets et oeuvre magnifiques sans que notre a-télé juge nécessaire d'en rendre compte, même dans un micro-reportage d'une chiche minute. Par exemple, jamais France 5, que ce soit dans Un soir au musée puis dans La Galerie France 5 n'a jamais consacré la moindre émission ou "enquête d'art" à une oeuvre détenue dans les collections dudit musée parisien !  A l'heure actuelle, c'est l'époque 1200 qui y est à l'honneur ; cette info est bonne à prendre, parce qu'elle ne figurera pas sur vos écrans télés.

Les exceptions audiovisuelles auxquelles je viens de faire allusion remontent à quelques temps : qui se souvient encore du Palettes qu'Alain Jaubert consacra à l'incontournable Dame à la Licorne, fleuron de notre Musée national du Moyen Âge ? Qui sait que les thermes de Cluny eurent l'honneur de plusieurs minutes de traitement dans la version longue du documentaire que Planète consacra à l'automne 2012 à l'histoire de Paris ?

Comme on le fit scandaleusement en 2006 pour Corneille, on abandonne le Moyen Âge à la concélébration, aux patenôtres, des seuls extrémismes bruns traditionalistes indésirables qui croient dur comme fer (et veulent imposer cette fausse idée force) que la civilisation occidentale chrétienne est la seule qui vaille. Il ne faut mépriser aucune époque, aucun art, quel qu'il soit, traiter avec autant de considérations médiatiques les expos que Cluny ou le Louvre consacrent aux arts médiévaux que l'art contemporain ou les arts premiers (que j'admire). Ne pas laisser enfermer à force de négligence méprisante le Moyen Âge dans le néo fascisme populiste, identitaire, xénophobe et démagogue est une nécessité, et les pourris récupèrent tout ce que nous, prétendus intellectuels sensés, rejetons. Qui se souvient de Paris 1400 ou de L'Art roman au Louvre ?  Si la télé de l'époque en a parlé, alors, ça a dû être, pour plaisanter à 23h99 du mat' !

Apprécier l'art médiéval ne signifie aucunement faire allégeance à une extrême droite nostalgique de Dieu et du Roy capétien, ni non plus s'engager aux côtés des ultralibéraux dont la féodalité du XIe siècle est un de leurs systèmes politico-économiques préférés parce que tout y était privé, la monnaie, la justice comme la guerre ! Thomas de Marle, sire de Coucy, que Louis VI le Gros combattit, aurait été la panacée, l'idéal, pour l'économiste ultralibéral autrichien Friedrich von Hayek (1899-1992), égérie de Maggie Thatcher et de Ronald Reagan.
Non, j'aime les arts roman, carolingien et gothique (déjà un terme péjoratif !), pour leur fraîcheur, leur parfois naïveté, leur symbolisme, leur virtuosité, leur stylisation aussi, qui en font en quelque sorte les derniers arts premiers occidentaux (comme il y eut les arts celte, grec géométrique ou cycladique etc.).

C'est pourquoi il ne faut pas oublier le musée national de Cluny pour des prétextes bassement politiques ou esthétiques dominés par le présentisme immédiat et la dévalorisation de tout ce qui ne fait pas "mode" ; le contraire le mettrait en péril. A l'heure actuelle, le musée Guimet connaît à son tour ce syndrome d'abandon décliniste injustifié, de désaffection imbécile et irresponsable, ce qui le met en grand danger.

Les musées meurent aussi, par négligence, par ignorance, par mépris et par sottise de la part des partisans de la vomissure et de la laideur érigées en nec plus ultra du Beau, du Bon, du Vrai, du C'est-ce-qu'il-faut-louer-et-adorer.

Je pleure à ces beautés virginales enfuies... (Aurore-Marie de Saint-Aubain)

 Entaché des origines vichystes de sa conception, le Musée des Arts et Tradition Populaires disparut après le procès d'intention qui lui fut fait, déserté par tous, télé, presse écrite, visiteurs... Ainsi fut aussi fermé le Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie, après dix ultimes années éblouissantes, parce qu'accusé de colonialisme rampant, du fait de son péché originel made in expo coloniale de 1931. Itou pour le Musée de l'Homme, dont les travaux de renaissance traînent en longueur (2015, 2016 pour la réouverture ? Nul ne se hasarde plus à proposer une date, ô gabegie de l'argent de nos impôts !). La Cité de l'immigration, ouverte en 2007, dépérit, agonise à petit feu, malgré son grand intérêt pédagogique, ses allées désertes et désolées, et Arte ne parle même plus des expositions du musée du Quai Branly qu'elle soutint à fond au départ, se noyant dans le tout arts contemporains du ready made et des arts dits "conceptuels", au quasi détriment des vrais créateurs qui sculptent et peignent encore ! 

Cette Sainte Barbe, présentée en 2009 dans le cadre de l'exposition Le Bain et le Miroir... Ne dirait-on pas une marionnette de Jiri Trnka ?

Allons, citoyennes et citoyens de notre France multiculturelle, allez visiter le Musée National du Moyen Âge et des thermes de Cluny avant qu'il ne soit trop tard et que notre Etat, ruiné par Hayek et par Cathay et ses bébé tigres (contrées aux multiples cafreries esclavagistes odieuses dues à notre désindustrilalisation rentabiliste forcenée depuis quarante ans ainsi que nous venons de le voir au Bangladesh), ne le ferme et n'en dilapide ses collections sublimes à l'encan !  



Post-scriptum : Deanna Durbin est morte ; je viens de l'apprendre à l'instant. C'est triste, c'est horrible, parce que personne n'en parlera...