samedi 31 mai 2014

Cosette et la poupée.

Une nouvelle confrontation entre Victor Hugo et Aurore-Marie de Saint-Aubain sur le thème de la poupée. 

(...) Or, à rebours de leurs homologues allemands, les Verts français haïssent la culture classique. Pour un élu communiste, Beethoven était un trésor universel indûment confisqué par les classes possédantes et qu'il fallait rendre au peuple. Pour un élu vert, Beethoven est un mâle blanc élitaire, vestige d'un temps belliqueux, à jeter, à oublier. (...) (Ivan A. Alexandre : le rouge et le vert. Extrait de la chronique publiée dans Diapason n° 625 S juin 2014)
 
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Les Misérables tome II livre troisième chapitre IV :  Entrée en scène d’une poupée.

La file de boutiques en plein vent qui partait de l'église se développait, on s'en souvient, jusqu'à l'auberge Thénardier. Ces boutiques, à cause du passage prochain des bourgeois allant à la messe de minuit, étaient toutes illuminées de chandelles brûlant dans des entonnoirs de papier, ce qui, comme le disait le maître d'école de Montfermeil attablé en ce moment chez Thénardier, faisait «un effet magique». En revanche, on ne voyait pas une étoile au ciel.
La dernière de ces baraques, établie précisément en face de la porte des Thénardier, était une boutique de bimbeloterie, toute reluisante de clinquants, de verroteries et de choses magnifiques en fer-blanc. Au premier rang, et en avant, le marchand avait placé, sur un fond de serviettes blanches, une immense poupée haute de près de deux pieds qui était vêtue d'une robe de crêpe rose avec des épis d'or sur la tête et qui avait de vrais cheveux et des yeux en émail. Tout le jour, cette merveille avait été étalée à l'ébahissement des passants de moins de dix ans, sans qu'il se fût trouvé à Montfermeil une mère assez riche, ou assez prodigue, pour la donner à son enfant. Éponine et Azelma avaient passé des heures à la contempler, et Cosette elle-même, furtivement, il est vrai, avait osé la regarder.
Au moment où Cosette sortit, son seau à la main, si morne et si accablée qu'elle fût, elle ne put s'empêcher de lever les yeux sur cette prodigieuse poupée, vers la dame, comme elle l'appelait. La pauvre enfant s'arrêta pétrifiée. Elle n'avait pas encore vu cette poupée de près. Toute cette boutique lui semblait un palais ; cette poupée n'était pas une poupée, c'était une vision. C'étaient la joie, la splendeur, la richesse, le bonheur, qui apparaissaient dans une sorte de rayonnement chimérique à ce malheureux petit être englouti si profondément dans une misère funèbre et froide.
Cosette mesurait avec cette sagacité naïve et triste de l'enfance l'abîme qui la séparait de cette poupée. Elle se disait qu'il fallait être reine ou au moins princesse pour avoir une «chose» comme cela. Elle considérait cette belle robe rose, ces beaux cheveux lisses, et elle pensait : Comme elle doit être heureuse, cette poupée-là ! Ses yeux ne pouvaient se détacher de cette boutique fantastique. Plus elle regardait, plus elle s'éblouissait. Elle croyait voir le paradis. Il y avait d'autres poupées derrière la grande qui lui paraissaient des fées et des génies. Le marchand qui allait et venait au fond de sa baraque lui faisait un peu l'effet d'être le Père éternel.
Dans cette adoration, elle oubliait tout, même la commission dont elle était chargée. Tout à coup, la voix rude de la Thénardier la rappela à la réalité :—Comment, péronnelle, tu n'es pas partie ! Attends ! je vais à toi ! Je vous demande un peu ce qu'elle fait là ! Petit monstre, va !
La Thénardier avait jeté un coup d'œil dans la rue et aperçu Cosette en extase.
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Cosette s'enfuit emportant son seau et faisant les plus grands pas qu'elle pouvait.

Chapitre VIII : Désagrément de recevoir chez soi un pauvre qui peut être un riche (extraits)


Cosette ne put s’empêcher de jeter un regard de côté à la grande poupée toujours étalée chez le bimbelotier, puis elle frappa. La porte s’ouvrit. La Thénardier parut une chandelle à la main.

— Ah ! c’est toi, petite gueuse ! Dieu merci, tu y as mis le temps ! elle se sera amusée, la drôlesse !
— Madame, dit Cosette toute tremblante, voilà un monsieur qui vient loger.
(…)
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Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême ; elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelottait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre. Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer. Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte. (…)
Cependant une porte s’était ouverte et Éponine et Azelma étaient entrées.

C’étaient vraiment deux jolies petites filles, plutôt bourgeoises que paysannes, très charmantes, l’une avec ses tresses châtaines bien lustrées, l’autre avec ses longues nattes noires tombant derrière le dos, toutes deux vives, propres, grasses, fraîches et saines à réjouir le regard. Elles étaient chaudement vêtues, mais avec un tel art maternel, que l’épaisseur des étoffes n’ôtait rien à la coquetterie de l’ajustement. L’hiver était prévu sans que le printemps fût effacé. Ces deux petites dégageaient de la lumière. En outre, elles étaient régnantes. Dans leur toilette, dans leur gaîté, dans le bruit qu’elles faisaient, il y avait de la souveraineté. Quand elles entrèrent, la Thénardier leur dit d’un ton grondeur, qui était plein d’adoration : — Ah ! vous voilà donc, vous autres !
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Puis, les attirant dans ses genoux l’une après l’autre, lissant leurs cheveux, renouant leurs rubans, et les lâchant ensuite avec cette douce façon de secouer qui est propre aux mères, elle s’écria : — Sont-elles fagotées !

Elles vinrent s’asseoir au coin du feu. Elles avaient une poupée qu’elles tournaient et retournaient sur leurs genoux avec toutes sortes de gazouillements joyeux. De temps en temps, Cosette levait les yeux de son tricot, et les regardait jouer d’un air lugubre. (…)
La poupée des sœurs Thénardier était très fanée et très vieille et toute cassée, mais elle n’en paraissait pas moins admirable à Cosette, qui de sa vie n’avait eu une poupée, une vraie poupée, pour nous servir d’une expression que tous les enfants comprendront. (…)
Comme les oiseaux font un nid avec tout, les enfants font une poupée avec n’importe quoi. Pendant qu’Éponine et Azelma emmaillotaient le chat, Cosette de son côté avait emmailloté le sabre. Cela fait, elle l’avait couché sur ses bras, et elle chantait doucement pour l’endormir.
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La poupée est un des plus impérieux besoins et en même temps un des plus charmants instincts de l’enfance féminine. Soigner, vêtir, parer, habiller, déshabiller, rhabiller, enseigner, un peu gronder, bercer, dorloter, endormir, se figurer que quelque chose est quelqu’un, tout l’avenir de la femme est là. Tout en rêvant et tout en jasant, tout en faisant de petits trousseaux et de petites layettes, tout en cousant de petites robes, de petits corsages et de petites brassières, l’enfant devient jeune fille, la jeune fille devient grande fille, la grande fille devient femme. Le premier enfant continue la dernière poupée.
Une petite fille sans poupée est à peu près aussi malheureuse et tout à fait aussi impossible qu’une femme sans enfants.
Cosette s’était donc fait une poupée avec le sabre. (…)
Tout à coup Cosette s’interrompit. Elle venait de se retourner et d’apercevoir la poupée des petites Thénardier qu’elles avaient quittée pour le chat et laissée à terre à quelques pas de la table de cuisine.

Alors elle laissa tomber le sabre emmaillotté qui ne lui suffisait qu’à demi, puis elle promena lentement ses yeux autour de la salle. La Thénardier parlait bas à son mari, et comptait de la monnaie ; Ponine et Zelma jouaient avec le chat ; les voyageurs mangeaient, ou buvaient, ou chantaient, aucun regard n’était fixé sur elle. Elle n’avait pas un moment à perdre. Elle sortit de dessous la table en rampant sur les genoux et sur les mains, s’assura encore une fois qu’on ne la guettait pas, puis se glissa vivement jusqu’à la poupée, et la saisit. Un instant après elle était à sa place, assise, immobile, tournée seulement de manière à faire de l’ombre sur la poupée qu’elle tenait dans ses bras. Ce bonheur de jouer avec une poupée était tellement rare pour elle qu’il avait toute la violence d’une volupté.

Personne ne l’avait vue, excepté le voyageur, qui mangeait lentement son maigre souper.

Cette joie dura près d’un quart d’heure.

Mais quelque précaution que prît Cosette, elle ne s’apercevait pas qu’un des pieds de la poupée — passait, — et que le feu de la cheminée l’éclairait très vivement. Ce pied rose et lumineux qui sortait de l’ombre frappa subitement le regard d’Azelma qui dit à Éponine : — Tiens ! ma sœur !

Les deux petites filles s’arrêtèrent, stupéfaites. Cosette avait osé prendre la poupée ! (…)
Cette fois, l’orgueil blessé exaspérait encore sa colère. Cosette avait franchi tous les intervalles, Cosette avait attenté à la poupée de « ces demoiselles ».

Une czarine qui verrait un mougick essayer le grand cordon bleu de son impérial fils n’aurait pas une autre figure.

Elle cria d’une voix que l’indignation enrouait :

— Cosette !
Cosette tressaillit comme si la terre eût tremblé sous elle. Elle se retourna.
— Cosette ! répéta la Thénardier.
Cosette prit la poupée et la posa doucement à terre avec une sorte de vénération mêlée de désespoir. Alors, sans la quitter des yeux, elle joignit les mains, et, ce qui est effrayant à dire dans un enfant de cet âge, elle se les tordit ; puis, ce que n’avait pu lui arracher aucune des émotions de la journée, ni la course dans le bois, ni la pesanteur du seau d’eau, ni la perte de l’argent, ni la vue du martinet, ni même la sombre parole qu’elle avait entendu dire à la Thénardier, — elle pleura. Elle éclata en sanglots.
Cependant le voyageur s’était levé.
— Qu’est-ce donc ? dit-il à la Thénardier.
— Vous ne voyez pas ? dit la Thénardier en montrant du doigt le corps du délit qui gisait aux pieds de Cosette.
— Eh bien, quoi ? reprit l’homme.
— Cette gueuse, répondit la Thénardier, s’est permis de toucher à la poupée des enfants !
— Tout ce bruit pour cela ! dit l’homme. Eh bien, quand elle jouerait avec cette poupée ?
— Elle y a touché avec ses mains sales ! poursuivit la Thénardier, avec ses affreuses mains !
Ici Cosette redoubla ses sanglots.
— Te tairas-tu ! cria la Thénardier.
L’homme alla droit à la porte de la rue, l’ouvrit et sortit.
Dès qu’il fut sorti, la Thénardier profita de son absence pour allonger sous la table à Cosette un grand coup de pied qui fit jeter à l’enfant les hauts cris.
La porte se rouvrit, l’homme reparut, il portait dans ses deux mains la poupée fabuleuse dont nous avons parlé et que tous les marmots du village contemplaient depuis le matin, et il la posa debout devant Cosette en disant :
— Tiens, c’est pour toi.
Il faut croire que, depuis plus d’une heure qu’il était là, au milieu de sa rêverie, il avait confusément remarqué cette boutique de bimbeloterie éclairée de lampions et de chandelles si splendidement qu’on l’apercevait à travers la vitre du cabaret comme une illumination.
Cosette leva les yeux, elle avait vu venir l’homme à elle avec cette poupée comme elle eût vu venir le soleil, elle entendit ces paroles inouïes : c’est pour toi, elle le regarda, elle regarda la poupée, puis elle recula lentement, et s’alla cacher tout au fond sous la table dans le coin du mur.
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Elle ne pleurait plus, elle ne criait plus, elle avait l’air de ne plus oser respirer.
La Thénardier, Éponine, Azelma étaient autant de statues. Les buveurs eux-mêmes s’étaient arrêtés. Il s’était fait un silence solennel dans tout le cabaret.
La Thénardier, pétrifiée et muette, recommençait ses conjectures : — Qu’est-ce que c’est que ce vieux ? est-ce un pauvre ? est-ce un millionnaire ? C’est peut-être les deux, c’est-à-dire un voleur.
La face du mari Thénardier offrit cette ride expressive qui accentue la figure humaine chaque fois que l’instinct dominant y apparaît avec toute sa puissance bestiale. Le gargotier considérait tour à tour la poupée et le voyageur ; il semblait flairer cet homme comme il eût flairé un sac d’argent. Cela ne dura que le temps d’un éclair. Il s’approcha de sa femme et lui dit bas :
— Cette machine coûte au moins trente francs. Pas de bêtises. À plat ventre devant l’homme !
Les natures grossières ont cela de commun avec les natures naïves qu’elles n’ont pas de transitions.
— Eh bien, Cosette, dit la Thénardier d’une voix qui voulait être douce et qui était toute composée de ce miel aigre des méchantes femmes, est-ce que tu ne prends pas la poupée ?
Cosette se hasarda à sortir de son trou.
— Ma petite Cosette, reprit le Thénardier d’un air caressant, monsieur te donne une poupée. Prends-la. Elle est à toi.
Cosette considérait la poupée merveilleuse avec une sorte de terreur. Son visage était encore inondé de larmes, mais ses yeux commençaient à s’emplir, comme le ciel au crépuscule du matin, des rayonnements étranges de la joie. Ce qu’elle éprouvait en ce moment-là était un peu pareil à ce qu’elle eût ressenti si on lui eût dit brusquement : Petite, vous êtes la reine de France.
Il lui semblait que si elle touchait à cette poupée, le tonnerre en sortirait.
Ce qui était vrai jusqu’à un certain point, car elle se disait que la Thénardier gronderait, et la battrait.

Pourtant l’attraction l’emporta. Elle finit par s’approcher, et murmura timidement en se tournant vers la Thénardier :
— Est-ce que je peux, madame ?
Aucune expression ne saurait rendre cet air à la fois désespéré, épouvanté et ravi.
— Pardi ! fit la Thénardier, c’est à toi. Puisque monsieur te la donne.
— Vrai, monsieur ? reprit Cosette, est-ce que c’est vrai ? c’est à moi, la dame ?
L’étranger paraissait avoir les yeux pleins de larmes. Il semblait être à ce point d’émotion où l’on ne parle pas pour-ne pas pleurer. Il fit un signe de tête à Cosette, et mit la main de « la dame » dans sa petite main.
Cosette retira vivement sa main, comme si celle de la dame la brûlait, et se mit à regarder le pavé. Nous sommes forcé d’ajouter qu’en cet instant-là elle tirait la langue d’une façon démesurée. Tout à coup, elle se retourna et saisit la poupée avec emportement.
— Je l’appellerai Catherine, dit-elle.
Ce fut un moment bizarre que celui où les haillons de Cosette rencontrèrent et étreignirent les rubans et les fraîches mousselines roses de la poupée.
— Madame, reprit-elle, est-ce que je peux la mettre sur une chaise ?
— Oui, mon enfant, répondit la Thénardier.
Maintenant c’était Éponine et Azelma qui regardaient Cosette avec envie.
Cosette posa Catherine sur une chaise, puis s’assit à terre devant elle, et demeura immobile, sans dire un mot, dans l’attitude de la contemplation.
— Joue donc, Cosette, dit l’étranger.
— Oh ! je joue, répondit l’enfant.
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Confrontation thématique : extraits du Trottin d’Aurore-Marie de Saint-Aubain.

Où le thème de la poupée prend des connotations plus ambiguës et perverses. 

Chapitre III : 

 Les jeux troubles de Cléore de Cresseville avec ses vieilles poupées.

(...)

Cette petite, elle l’eût voulue à l’instant, dans ses bras. A onze ou treize ans, avait-on encore besoin de poupées Jumeau, de câlins ? Cléore avait conservé toutes ses poupées dans une armoire. Elle les en tirait parfois, et tentait de se remémorer leurs noms. Il y avait Ellénore, à la robe vert pomme, Ophélie, tout en rose, Isoline aux blondes anglaises tombantes… En des jeux étranges et pervers, qui frôlaient l’onanisme, elle aimait à soulever leurs jupes et jupons empesés, à les frotter contre sa peau nue – ô, les douces caresses incomparables prodiguées à la jeune vierge par la porcelaine et le biscuit ! -, à tâter leurs pantalons là où il ne fallait pas afin qu’elle explorât leur anatomie, qu’elle connût leurs secrets les plus intimes. Mais ces poupées demeuraient désespérantes et coites, car sans sexe aucun et cela la fâchait, l’importunait. Cléore devenait lors colère, emportement, une Sophie adulte, allant jusqu’à briser la porcelaine puis quémandant qu’on réparât ce malheur. De nombreuses petites victimes muettes, lèvres closes, reposaient en son jardin, à jamais, en une fosse prévue à cet effet, qu’elle fleurissait régulièrement de lits de primeroses, ne pouvant se résoudre au deuil des familières amies de son enfance enfuie qu’elle avait honteusement martyrisées. Cléore était donc gravement malade. Solitaire, trop longtemps. Il fallait qu’elle en passât par les filles de chair, qu’elle assouvît et soulageât sa passion trouble…sinon, elle mourrait prématurément. (…)

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Chapitre VIII :

(…) Introduction du personnage de Quitterie.

La récompense du jour échut à Quitterie. La jolie fouine boitillante s’avança, adonisée de ses nœuds bleus comme un rameau. Elle susurra une menace à l’encontre de Daphné et Phoebé, qui exécraient sa fourberie portée sur sa figure. Elle tira même la langue à l’encontre d’Ysalis, contre laquelle elle avait rapporté le menu vol d’un joujou de quatre sous, un toton ordinaire en bois même pas peint ; et la rancune d’Ysalis demeurait tenace, du fait que Délie l’avait corrigée en public de sept coups de martinet, chose dont se souvenaient encore ses muscles fessiers. Mademoiselle caressa ses anglaises d’un marron clair doré, sa seule fierté et beauté, et flatta ses joues maigres, sa poitrine creuse même pas esquissée et son ovale triangulaire de petit prédateur des bois. Elle la cita en exemple devant toutes ses camarades, annonça solennellement que sous peu, elle avancerait en grade et rejoindrait conséquemment le club très fermé des nœuds chamois. Puis, félicitant encore cette chouchoute, elle la coiffa d’une sorte de chrémeau d’enfançon ou de fanchon, coiffe toute ruchée et gaufrée, cadeau insigne qui désignait la vierge baptismale d’entre les vierges, parce qu’elle n’avait jamais failli au règlement quelles qu’eussent été les exigences salaces des Dames à son égard, parce qu’elle n’avait point besoin d’une gemme intime pour préserver sa vertu de petiote effarouchée. Quitterie multiplia en remerciement les courbettes gracieuses et obséquieuses, quoique son pauvre pied tordu appareillé la fît souffrir dans l’exercice. Après ce couronnement de pucelle suivit l’offre de la poupée, un Bébé Bru de biscuit aux yeux de névrasthénique en toilette de communiante que Quitterie, tout en continuant à remercier déféremment Mademoiselle avec des larmes de joie, prit dans ses bras, berça et embrassa d’abondance, inondant ses joues rosées et son voile de salive. On ne savait plus qui était chosifié, de la poupée ou de la fillette, mais Odile crut saisir en quoi consistait la déviance de Quitterie : un fétichisme des poupards de porcelaine, de biscuit ou de cire, qui envahissaient sa chambre, avec lesquels elle couchait sans doute et faisait des choses, parce que Quitterie était au fond d’elle-même une innocente, une candide, incapable de concevoir que des actes charnels pussent exister entre deux personnes vivantes. Elle demeurait infantile, attardée, cinq ans d’esprit à près de douze, ayant reporté sur des joujoux adventices toute l’affection filiale dont elle avait manqué de la part de sa mère débauchée révulsée par son léger handicap congénital. Sans doute jouerait-elle encore à la poupée à trente ans passés ; elle demeurerait fille à jamais, refusant de convoler avec qui que ce fût, pas seulement à cause de son pied-bot malgracieux. Au fond, contrairement à ce que Jeanne-Ysoline eût pu penser, Odile la plaignit. Il faudrait qu’elle lui parlât, qu’elles liassent connaissance. En tant qu’amie-enfant, elle en valait peut-être la peine. Odile pressentait la santé fragile de Quitterie, dont la maigreur annonçait l’étisie, ses fièvres, ses problèmes osseux, tuberculeux peut-être, cet insidieux mal de Pott qui jà la rongeait et abrégerait sa douloureuse petite vie. (…)

Chapitre IX :

(…) La première rencontre entre Cléore de Cresseville et Quitterie dans un hôtel de Château-Thierry où la gamine de onze ans sert de bonne à tout faire.
Notre soi-disant Anne Médéric, avant toute action, ne put s’empêcher de dévisager et de détailler la gracile silhouette de la petite domestique qui gisait sur le parquet depuis de trop longues minutes. La syncope paraissait plus grave que Cléore ne l’eût pensé. Elle s’effraya de la maigreur de la petite miséreuse. Ses employeurs devaient mal la nourrir. Elle n’avait jamais vu de pauvresse d’aussi près, et cela la choquait. Heureusement que sa toilette de servante cachait aux yeux ce qu’elle avait de pis. La comtesse de Cresseville parvint à s’apitoyer, surtout lorsqu’elle remarqua le pied gauche contrefait, de guingois de la gamine, emprisonné dans le carcan d’une chaussure orthopédique inadaptée. C’était une espèce de prison de cuir, tout en sangles, en lanières et en tiges de métal, lourde, à la semblance de ces appareils conçus pour les enfants souffrant de rachitisme ou de poliomyélite, qu’elle avait rencontrés aux fêtes de charité.  Et cette horreur essayait de redresser le pied bossu, d’en corriger dérisoirement la boiterie congénitale.

 Les prunelles de Cléore remontèrent vers le visage de la petite meurt-de-faim, qu’elle pensait rachitique. L’ovale triangulaire et les pommettes la frappèrent, tant il venait à sa souvenance des images de ces jolis animaux auxquels cet ovale faisait songer, ces visons, belettes, hermines, fouines ou mangoustes qu’elle trouvait fort mignons et sympathiques. De la coiffe tuyautée de la juvénile bonne s’échappaient des mèches lisses et raides, fourchées et cassantes, d’un blond foncé terne ; une chevelure qui eût été splendide si on l’eût bien soignée. Les vêtements étaient propres, convenables, son tablier impeccable, la bottine noire du petit pied valide tout à fait mignonne et bien astiquée, mais, à y regarder de plus près, cette première impression, due surtout au tablier blanc des gens de maison,  camouflait une certaine usure de la robe de couleur chocolat, d’une étoffe commune, ordinaire, lustrée par endroits, un peu râpeuse et peluchée de-çà de-là, avec un trou au côté droit, un accroc que la fillette avait essayé maladroitement de recoudre. Sans doute était-elle responsable de cette déchirure, et elle l’avait réparée elle-même de crainte que ses patrons ne s’en aperçussent et la renvoyassent.

 Cléore eut alors des pensées coupables. La fragilité de l’enfant la chagrinait. Sa commisération se doublait d’une fascination trouble. Selon elle, les misérables ne portaient aucun dessous ; les pantalons étaient a fortiori inconnus de leur progéniture femelle. Elle voulut vérifier. Elle tâtonna d’abord dans la zone du col de la fillette, essayant de savoir si elle portait ne serait-ce qu’une chemise sous son uniforme de servante. A moins qu’elle arborât d’abord un chemisier, mais c’était là trop de luxe, qu’une petite aux gages dérisoires ne pouvait se permettre. Ce col était d’ailleurs la seule fantaisie de la tenue, la seule que cette petite boniche se fût octroyée, puisque, comme Cléore elle-même, elle y avait mis sa seule touche de coquetterie de pauvresse, son unique bijou, une broche du même strass brillant et médiocre que celui d’Anne Médéric. Cléore vit que la fillette respirait ; une respiration régulière mais quelque peu sifflante soulevait sa poitrine maigre. Cléore pinça l’étoffe au niveau du buste : elle sentit bien qu’il y avait une épaisseur en-dessous. Alors, elle souleva les jupes sans se gêner. La petite misérable aux jambes frêles était tout sauf nue sous sa robe : elle arborait bel et bien un trousseau complet d’enfant comme-il-faut, bas noirs de coutil (bien chauds pour la saison), dont un était troué au genou, jupon blanc amidonné, jarretières, chemise grège et surtout pantalons de lingerie. Le tout en lin, toile, linon et coton ordinaires, en tissu écru, rêche au toucher. Mais cette petite fille peut-être poitrinaire était très propre sur elle, bien sage et convenable, telle que Cléore eût pu s’en enticher si elle avait été sienne, tant sa maigreur lui plaisait, quoique, sous la légère fragrance de lessive régulière et d’eau de toilette ordinaire à la violette, que la pauvrette devait s’acheter pour un sou le flacon, transparût une odeur de médicaments, confirmant les soupçons de la jeune femme, odeur de morbidité qui frappa les narines sensibles de Mademoiselle de Cresseville. Alors, les yeux embués de larmes, Cléore rajusta les vêtements de la petite bonne et lui fit respirer les sels salvateurs. Elle sut lors qu’elle l’aimait. 
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(…)
- Et ma maman ?
- La misère excuse bien des choses. Elle aurait cependant besoin que le Bon Dieu lui fît la leçon. »
Et Quitterie de riposter, les lèvres pincées d’un soupçon de méchanceté :
« Elle m’a jamais donné de jouets, et m’a jamais embrassée ! J’veux toutes les poupées, de chiffons, de bois, de cire, de porcelaine et de biscuit ! J’adore les poupées ! » cria-t-elle, comme déchaînée, en énumérant avec logique la matière constitutive de ces joujoux qu’elle convoitait, allant du meilleur marché au grand luxe, ces moi en réduction qui lui faisaient tant envie, occasionnant en son être fragile une obsession trouble, narcissique peut-être. En cela, elle rappelait Cléore, son égoïsme pur. Cette affinité de pensée et de comportement fascina la comtesse plus que de raison. (...)






jeudi 29 mai 2014

Comment la FNAC a réduit à la portion congrue le rayon de ses disques de musique classique.

L'argent ! L'argent !
Tout s'rapine et tout s'revend !
(in : La Complainte du Cyber Escarpe)

Ne dites plus art contemporain. Dites art de marché. (un aficionado du truisme)
Désormais, il sortait chaque mercredi trop de films par rapport à la capacité du "Monde" de les couvrir tous. Ce quotidien, tombé en pleine décrépitude, ne disposait plus d'un nombre suffisant de journalistes titulaires et disponibles encore employés pour pouvoir en assumer la critique.
(Réflexions d'un chroniqueur dit le pseudo-cyber Frédégaire de la Décadence occidentale ultralibérale)


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Il n'existoit du roy Clodweg nul portrait étably de son vivant. Aussi falloit-il recourir à des vues d'artistes hypothétiques pour qu'on en obtînt des traicts imagynaires.
(extrait des Mémoires du Nouveau Cyber Dangeau)


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Imaginons que nous développions un jour la capacité de nous transporter dans le temps. Oh, juste un peu, dans un passé relativement proche, mettons en 1990-1991. Imaginons que nous nous rendions alors dans un de ces temples consuméristes voués aux "produits culturels", en l'occurrence, une FNAC de ces eaux temporelles-là et que nous nous rendions, par curiosité, en son rayon voué aux CD de musique classique. Nous, tempsnautes des années 2014 et suivantes, qu'est-ce qui nous frapperait d'emblée ?  Cela est facile à exprimer tant le constat s'avère aussi visible et évident que la couleur du cheval blanc d'Henri IV ! Ceci est un truisme, un enfonçage de portes ouvertes : 
LA FNAC de 1990-91 avait mille fois plus de choix en disques de musique classique que maintenant.
Que s'est-il donc passé en moins d'un quart de siècle ? Pourquoi cette décadence dans les rayonnages, ce rétrécissement absolu et scandaleux des références disponibles matériellement en rayon ? 
Il s'agit d'une politique drastique délibérée de réduction de l'offre entreprise au fil des ans, avec constance et persévérance, dès 1992 en fait. 
You tube et le téléchargement illégal sont une belle excuse : ils n'existaient pas encore lorsque la FNAC s'engagea dans une politique anticulturelle mais ultracommerciale qui consistait désormais à considérer la clientèle amatrice de musique classique en galettes argentées non pas comme un chaland digne de considération au sein d'un marché de masse, mais comme des happy few, des privilégiés d'une archi minorité cultivée, âgée et friquée, archétype même des représentants d'un marché devenu désormais de niche.
En 1980, le marché du vinyle classique (33 tours 1/4) représentait environ 14 % des ventes de disque en France, ce qui, selon moi, était déjà assez faible. Avec l'essor du CD à la fin des années 1980, ce marché demeura stable, constant, tandis que se renouvelaient les discothèques des amateurs éclairés. 
Par conséquent, les FNAC avaient étoffé leurs rayons afin de répondre à la nouvelle demande, et le disque classique semblait en passe de basculer dans le marché de masse, comme par exemple la variété française et internationale.
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Or, en peu d'années, patatras ! 
Dès 1992-93, une fois les discothèques renouvelées, les ventes débutèrent leur baisse et la part de marché du classique s'étrécit : 10 % puis 7 etc. 
Le réflexe pavlovien des FNAC ne se fit pas attendre : elles s'attelèrent à la réduction drastique puis catastrophique des rayonnages. Comment, selon quelles tactiques ?
Je prendrai pour exemple la FNAC du centre bourse de Marseille, que j'ai bien connue, et dont j'ai pu suivre pas à pas la lente détérioration au fil des ans. Cela est édifiant et concluant.
Tout a débuté par petites touches infimes mais annonciatrices de ce qui allait se produire, cela dès 1992 : certains disques primés "Diapason d'or" commencèrent à parvenir en retard, ou en plus petite quantité qu'auparavant, parfois directement dans le rayon normal au lieu de figurer dans ceux dédiés aux nouveautés ou à la sélection de la presse. Cela semblait une broutille, un accident minuscule.
Puis, on s'attaqua aux opéras, en déplaçant les éventaires avec moins de références qu'auparavant. Entre 1993 et 1999, il faut noter une relative stabilité du secteur "classique" de la FNAC de Marseille, mais, à compter de 2000 et surtout de l'automne 2001, le phénomène repartit de plus belle, et, à partir de cette époque, sans que l'existence de You Tube, encore dans les limbes, justifiât cette tentation d'en venir à des rayonnages lilliputiens et fragmentaires, je ne parvins plus à trouver que fort peu de références disponibles avant même que l'e-commerce eût réellement explosé.
Le premier distributeur à références pointues dont la FNAC se débarrassa s'appelait Codaex. Elle n'eut quasiment plus aucun disque distribué chez Codaex, pourtant nouvellement créé. Paradoxe : le fondateur de Codaex...est un ancien des rayons classiques FNAC ! Codaex a pris le relai de Média 7, en faillite, mais les labels distribués par l'une ou l'autre boîte, ancienne ou nouvelle, qu'il se fût agi d'Hyperion, de Bis, de Chandos, CPO ainsi que les références qui allaient avec devinrent presque impossibles à débusquer...
Le rayon, désormais réduit des trois quarts, était à la semblance de celui d'une FNAC établie dans une commune de 80 à 100 000 habitants, seule la FNAC des Ternes, à Paris continuant d'à peu près tout avoir.
Tout s'accéléra encore après 2006, avec l'essor de You Tube, du téléchargement, du commerce en ligne, de choix préférentiel d'un bon distributeur comme Abeille Musique en faveur de la musique numérique, en ligne. Le collapsus de la FNAC en termes de disponibilité matérielle des références devint manifeste et irréversible.
Dès lors, des sections entières furent absurdement supprimées : finis le secteur nouveautés (qui persista cependant encore quelques années à la FNAC de Lyon), celui de la sélection de la presse (rendant de facto les Diapasons d'or invisibles et n'obligeant plus la FNAC à les vendre !), celui dédié aux séries économiques (ce qui excluait d'office l'entreprise Naxos, championne du classique à petits prix !), sans oublier les cases interprètes instrumentaux, musique ancienne, musique contemporaine, récitals lyriques, enregistrements d'archives,  piliers des classifications discographiques de la FNAC depuis le temps pas si antédiluvien du 33 tours...
Il ne demeure plus que des décombres, une ombre éthérée de ce qui fut autrefois... dans un contexte de marasme généralisé pour le marché mondial de la musique enregistrée. Or, les multinationales ayant presque abandonné l'enregistrement et la distribution de la musique classique, de rachats en concentrations scabreuses et obscènes pouvant fasciner un archéo-marxiste, ne demeurent au final que les petits labels pour faire preuve de hardiesse et produire encore des compositeurs peu fréquentés et originaux, sortant des sentiers battus.
La grosse majorité des Diapasons d'or sortant chaque mois ne sont même pas commandables à la FNAC, et il faut se rabattre en ligne sur Clic Musique (excellent) ou pis, sur le grand ogre phagocyteur Amazon si l'on souhaite absolument les acquérir. Comment voulez-vous que la FNAC de Marseille ait grand chose quand ses pacs classiques ne reposent plus que sur à peu près trois distributeurs, dont Harmonia Mundi ?
Ce n'est pas l'a-télévision qui facilitera l'accès au classique, qui va arranger les choses, surtout Arte qui s'aligne de plus en plus sur les goûts démagogiques de la multitude et des "branchés". Aucune ombre de documentaire sur les deux cents cinquante ans de la mort de Jean-Philippe Rameau ! Impossibilité dans la musique symphonique d'entendre la moindre note de compositeurs aussi remarquables que Carl Nielsen, Albéric Magnard, Ralph Vaughan Williams,
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 Caplet, Delius, Enesco, Szymanowski, Janacek etc.
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 Rien bien sûr sur les compositrices ! Un comble pour une chaîne se targuant d'archi militer en faveur de la condition féminine ! De la musique de chambre enfin programmée, mais en pleine nuit, les lundis vers 1h du matin ! Les diffusions du dimanche ou rediffusions du petit matin des émissions musicales avancées d'une demi-heure, en imitation des émissions de nuit de musique classique de France 3, qui, anticipées d'une heure, ne sont plus regardables que par les gens qui commencent à boulonner à six heures du mat' ! Exclusion intégrale ou à peu près de la musique antérieure au XVIIIe siècle, de la musique religieuse aussi (y compris les messes de Mozart et de Haydn !) comme si diffuser de la musique religieuse était une acte d'allégeance néo vichyssois aux intégristes cathos et au parti d'une fille de monolithe breton ! Syllogisme sous-entendu d'Arte : les intégristes catholiques adorent la musique religieuse, y compris médiévale. J'aime la musique religieuse. Donc, je suis un fondamentaliste catholique !
Pauvres couillons de la Lune qui contribuent ainsi à l'ascension politique irrésistible de ce que l'on sait dans l'Europe tout entière !

dimanche 18 mai 2014

Hommage à Philippe Ebly (1920-2014).

Les critiques littéraires souffraient de tels présupposés  qu'ils ne rendaient jamais compte des livres n'entrant  pas dans leurs moules, dans leurs schèmes de pensée. (Réflexions d'un intellectuel déclassé)

Ne dites ni esclave, ni cafre, ni jaune. Dites travailleur non syndiqué. (un zélote hypocrite de l'euphémisme et du politiquement correct)

Jeff Koons et Damien Hirst sont à l'art ce que Marc Levy et Guillaume Musso sont à la littérature. (aphorisme du Nouvel Oscar Wilde)

L'art contemporain conceptuel n'est qu'un surgeon, un rameau parmi d'autres au sein du buissonnement esthétique universel plurimillénaire. Il passera, s'éteindra, comme d'autres espèces artistiques avant lui. (Pensée pertinente d'un évolutionniste des Beaux-Arts)

 Cet hommage à l'écrivain de science-fiction pour la jeunesse Philippe Ebly, de son vrai nom Jacques Gouzou, disparu le 1er mars 2014, est la reprise d'un court article paru en 2013 dans le Forum du voyage dans le temps, site fort intéressant que je vous recommande chaleureusement.

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Pour sauver le Diamant noir (Hachette collection Bibliothèque verte 1973)

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Je sais, il s'agit d'un roman pour la jeunesse paru dans la bibliothèque verte en 1973, dans la série de Philippe Ebly, Les Conquérants de l'impossible, où notre trio d'adolescents casse-cou, Serge, Xolotl et Thibaut (venu de la fin du XIIe siècle) doivent récupérer dans le passé le célèbre diamant noir de Catherine II, qui, dans leur présent, a disparu dans la mer des Sargasses. Le déplacement temporel se limite dans ce roman à seulement dix ans dans le passé. Les héros vont voler le diamant à leur propriétaire Monsieur Rochecotte. Il y a de jolis paradoxes temporels : Serge se rencontrant lui-même enfant, les héros délivrés par leurs doubles venus les secourir... Pour rappel, l'invention du professeur Auvernaux permettant de se translater dans le temps est une espèce de plate-forme de téléportation magnétisée et électrifiée : le vecteur du déplacement temporel est le métal autinios, découvert par Auvernaux, que le trio porte sous forme de gourmettes. Les déplacements ne peuvent excéder une durée d'un mois. Les facultés de l'autinios ont été trouvées par hasard, dans L'éclair qui effaçait tout, où un orage transportait Serge et Xolotl en l'an 117, où devenus esclaves à Rome, tous deux participaient à la grande Histoire, permettant de déjouer la conjuration de Palma contre le nouvel Empereur Hadrien.
Plusieurs romans de Philippe Ebly méritent un article, tant le problème du voyage dans le temps tient une place importante dans son oeuvre.
J'ai lu ce roman seulement en 1976, dans l'édition originelle, bien entendu, Philippe Ebly ayant remanié et actualisé son texte en vue d'une réédition dans les années 1990. Pour en savoir davantage sur cet auteur d'origine belge, je vous invite à lire la page web : Les séries de Philippe Ebly.

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mardi 13 mai 2014

Florilège de citations d'un citoyen cultivé en colère.

Le peuple n'a pas la science infuse : on le trompe et il se trompe. (Aphorisme de Moa)
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Il ne faut pas confondre réforme nécessaire et réforme faite sous la pression friedmano-hayekienne. (Journal d'un anti-bourgeois du XXIe siècle)

Ils se croyaient déviance ; ils n'étaient que conformisme, convention, académisme. (Libres Propos sur l'art contemporain conceptuel et ready-made dominateur) 

La France n'est plus qu'une entité parcellisée de collectivités territoriales où l'on commémore des gloires étrécies non contemporaines exclues des célébrations parisianistes,  gloires qui, de nationales, ont été restreintes au seul champ local : j'ai nommé Denis Diderot, le chevalier de La Barre et Anne de Bretagne. (Libres Propos sur les commémorations déracinées et sur celles délaissées en déshérence pour être récupérées par le néofascisme).
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Il est une ancienne cité gallo-romaine du Sud, dirigée depuis près de vingt années par un émule de Sam le Fermier de Lucky Luke se prétendant ligueur, ville qui a plus fait pour les commémorations de Diderot que le pouvoir central parisien et une chaîne officiellement culturelle dont je tairai le nom : il s'agissait là avant tout d'un devoir d'opposition locale bien sentie (Le Roy d'Arausio ou la Nouvelle satire Ménippée anti padane).

En 2013, à l'a-télévision, la commémoration du tricentenaire de la naissance de Denis Diderot fut réduite à celle d'un Tartempion local de comices agricoles du village de Champignac en Cambrousse cher à André Franquin. Et l'on vient de récidiver derechef avec Anne de Bretagne dont se désintéresse intégralement le "gouvernement national". (Libres Propos sur les commémorations déracinées op.cit.)
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Je recherchais l'origine du Mal contemporain, le visage qu'elle arborait ; je l'ai trouvée :  cette origine s'appelle Friedrich von Hayek. (in Eschatologie et ultralibéralisme : un éternel retour en 1860 ?)
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Arte semble détester le patrimoine. Elle n'en parle presque jamais. Son antenne le déserte avec constance. Pour elle, c'est comme du linge sale dont on se débarrasse. Quoi de plus efficace pour se débarrasser de ce dit linge que la géniale invention de Franquin dans "Gaston Lagaffe" baptisée "lessive Gastounu" ?  Souvenez-vous du slogan imparable : "Avec la lessive Gastounu, le linge sale n'existe plus !"  (un admirateur inconditionnel de Franquin anar et archi cultivé)
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mercredi 7 mai 2014

Le malaise "Monuments Men."

Tapez sur Google l'occurrence "Arte Musée du Louvre" : vous ne trouverez strictement rien, aucun site associant la chaîne culturelle et le plus grand et le plus notable des musées français : preuve sine qua non du désintérêt intégral d'Arte pour le Louvre, pour ne pas dire de l'inimitié quasi pathologique régnant entre ces deux institutions bien installées. (Réflexions d'un internaute cultivé anonyme)

Je remarquai, depuis la disparition de Raymond Macherot en 2008, la propension du journal "Le Monde" à ne plus consacrer un seul mot aux décès des dessinateurs de bandes dessinées dits "classiques", qu'ils s'appelassent Gilles Chaillet, André Geerts ou Fred Funcken, ce qui constituait, selon moi, une indubitable crasserie mâtinée d'ignorance et de mépris envers tout ce qui n'entrait pas dans la vision propre à ce quotidien, dans son moule étréci, tout ce qui paraissait étranger à son discours culturel idéologique, désormais sclérosé, bien qu'il découlât d'une illustre descendance intellectuelle favorable au capitaine Dreyfus ainsi qu'il en avait été lorsque Swann et Bloch s'opposaient aux bruissements inintelligibles polluant les salons antidreyfusards qu'ils fréquentaient pour leur malheur.(Réflexions aiguës du Néo Marcel Proust)

Parmi ceux qui réagirent le plus vigoureusement contre la conception thématique de l’Histoire, figurait le duc de Lévis Mirepoix. Celui-ci lui opposait la vision globale, qui doit caractériser chaque époque, chaque continent, chaque peuple. Il s’agit d’une histoire intégrale, dans l’esprit de ce que j’appellerai la Révolution de 1889. (Léopold Sedar Senghor, discours de réception à l'Académie française - 1984)
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On peut être édité par Gallimard et n'avoir ni succès, ni écho médiatique. (Aphorisme pertinent de Moa)

 La révolte et la volonté de choquer étoient devenues dans l'art des doxas et des académismes. (Mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon)

Il est de bon ton de tirer sur toutes les ambulances culturelles qui roulent encore.(Journal d'un antibourgeois du XXIe siècle)

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Encore un film, au fond assez commercial et imparfait, qui a suscité des débats aigus, des affrontements partisans, des opinions tranchées.
Certes, Monuments Men de Georges Clooney déforme la réalité historique. Certes, il traite insuffisamment du problème fondamental de la spoliation des collectionneurs juifs par l'Allemagne nazie. Certes, il ignore le traînage de pieds des conservateurs de musées français après 1949 pour cataloguer les oeuvres spoliées en dépôt chez nous et les restituer au compte-gouttes. Certes, c'est un film de potes, de copains, d'équipe d'acteurs en brochette à la John Ford dépourvu du génie de ce grand cinéaste. Certes, les Américains y ramènent la couverture à eux comme le capitaine Kirk dans la série Star Trek classique,
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 faisant mourir dans l'équipe le Français et le Britannique. Certes, l'homosexualité de la conservatrice française jouée par Cate Blanchett est gommée. Absurde : Claire Simone s'inspire bien de Rose Valland,
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 attachée de conservation au musée du Jeu de Paume et résistante, mais elle demeure avant tout un personnage fictionnel, et la fiction, comme chez Dumas, Féval ou Zévaco est libre de prendre des libertés avec la vérité historique stricto sensu. Il est à redouter que le mauvais accueil du film à sa sortie ne constitue une amorce de dénigrement à l'encontre du comédien-réalisateur, auparavant loué, ainsi qu'il en a été pour différents cinéastes dont j'ai dernièrement parlé sur ce blog.
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Mais, malgré tout ses défauts incontestables, Monuments Men soulève une question magnifique : peut-on mourir pour une oeuvre d'art ?
Je répondrai sans aucune hésitation : oui, et ce, quelle que soit la forme plastique de l'oeuvre, son style, son auteur, la civilisation, l'ère géographique et l'époque qui nous l'a léguée... Ce n'est pas de ma part du "tout se vaut démagogique", mais de l'humanisme universaliste. On sait que, comme les livres, on peut détruire, immoler des oeuvres d'art. L'Allemagne nazie ne s'en est pas privée, usant du concept révoltant d'entartete Kunst ou art dégénéré.
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Par le dogmatisme raciste qui les justifiait, les destructions nazies exercées à l'encontre de maintes productions remarquables de l'art moderne - après que les sicaires d'Hitler eurent spolié les collectionneurs juifs qui étaient aussi des amateurs éclairés d'art ancien -  préfigurèrent hélas celles des islamistes à Bamyan et au Mali. Il y eut à travers l'Histoire maints anéantissements, qu'ils eussent été causés par les conquistadors, par les iconoclastes de Byzance ou du XVIe siècle, par les colonisateurs en Afrique aussi, parce qu'ils ne comprenaient pas les arts dits "primitifs" et les jugeaient barbares ou les considéraient comme de simples objets "sauvages" et curieux... "Les statues meurent aussi", tel fut le réquisitoire anticolonialiste dressé par le cinéaste Chris Marker.
Oui, il est légitime de vouloir défendre les oeuvres d'art, quelles qu'elles soient contre le vandalisme ou le dogmatisme, au péril s'il le faut de sa vie, car ces oeuvres sont trop souvent victimes des intolérances, des obscurantismes et des haines de toute obédience.
En ce cas, en quoi pèche selon nos critiques actuels ce blockbuster intitulé Monuments Men, premier long métrage de George Clooney en tant qu'auteur à avoir bénéficié d'un circuit aussi conséquent d'écrans ? Défendrait-il une conception réductrice des beaux-arts que l'on se refuse de plus en plus à enseigner au peuple, une vision restreinte de tous ces arts plastiques, passéiste aussi, ne correspondant plus à nos sensibilités contemporaines imposées d'en haut ?  Le film négligerait-il trop (procès d'intention) l'art moderne, ignorant aussi tous les courants esthétiques extra-occidentaux, issus de toutes les aires géographiques non européennes (Etats-Unis exclus), tout autant menacés par l'idéologie nazie qui voulait imposer sa propre vision plastique et biologique de l'humanité ?
Or, hélas, force est de reconnaître que, jusqu'au milieu du XXe siècle, l'art moderne n'avait pas encore totalement triomphé. Il n'était pas encore accepté partout, en cela qu'il heurtait, outre les partisans encore nombreux d'une tradition issue de la Renaissance italienne, les conceptions totalitaires de la culture, qu'elles fussent brune ou rouge. Staline et Hitler haïssaient l'art moderne, le réprimaient, l'interdisaient, au nom du réalisme socialiste ou de la race aryenne. De même, dans les démocraties occidentales, il demeurait parfois contesté, objet de réticences, scandaleux ou choquant les bien-pensants attardés à l'académisme du XIXe siècle. Cet art moderne tel que nous le pensons et l'apprécions désormais, tel qu'il nous a été légué en héritage depuis Manet et tous ses successeurs. 
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En 1940, l'art ancien, de l'Antiquité grecque au XIXe siècle, primait encore.... La tradition l'emportait, avec le respect des maîtres anciens dont il fallait d'abord s'inspirer, desquels il fallait apprendre le B.a. -ba. 
Mais aujourd'hui, les postulats, les dominances, se sont presque intégralement inversés depuis le temps lointain des Monuments Men : la modernité prime tout, la contemporanéité à tout prix écrase tout.
Dans le film de George Clooney, ces malheureux Monuments Men semblent se battre, se sacrifier absurdement, afin de sauver un patrimoine artistique qui ne nous parle plus, qui ne correspond plus à notre intelligentsia de marché méprisant cette culture d'héritage dans laquelle elle ne se reconnaît pas, à laquelle elle ne s'identifie pas. Ils luttent pour retrouver et sauver les arts anciens, et pas assez les autres, ceux qui dominent de nos jours, qui tiennent le haut du pavé, car mieux accessibles à la masse, mieux compréhensibles, mieux déchiffrables et interprétables, plus faciles, plus rentables, plus pourvoyeurs de gros sous spéculatifs. L'art se résume désormais presque exclusivement à sa valeur marchande.
S'il s'avère que (hypothèse invraisemblable mais significative du degré zéro où nous sommes tombés) l'Agneau mystique de Van Eyck cote moins sur le marché qu'un tag de Basquiat, ce dernier sera considéré par les friedmano-hayekiens comme ayant davantage d'intérêt artistique. Stupide !
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On a donc abandonné les arts anciens à une petite coterie de spécialistes pointillistes - seuls habilités à en discourir -  et certains musées commencent à les juger inexposables, reléguant en masse ces collections "inappropriées" dans leurs réserves. Je vous invite à lire ce qu'en dit Didier Rykner sur le site de la Tribune de l'Art, notamment à propos de la politique suivie par le conservateur du musée Granet d'Aix-en-Provence. Les Monuments Men auraient-ils combattu pour rien ? Ces arts d'autrefois, nous ne les transmettons presque plus car nous ne les comprenons plus. Nous ne savons plus en vulgariser l'accès, les expliquer. Les grands pédagogues sont morts, passés. Ces arts dits "anciens" (trente-deux mille ans d'Histoire, de la grotte Chauvet à 1850 !) sont devenus rébarbatifs, scolaires, et on n'est plus capable de saisir pourquoi les Monuments Men luttèrent tant pour les retrouver, les retirer des griffes à croix gammée. C'est comme si j'écrivais - c'est ce que certains, trop nombreux, pensent et j'en souffris enfant et adolescent - que la musique antérieure à Elvis Presley, aux Beatles, aux Stones, aux Doors, au rock en général est devenue inécoutable et archaïque.
Il demeure une catégorie de gens, de gens dangereux, qui veulent s'accaparer de la "niche écologique" ainsi abandonnée. Ils descendent de ceux qui pillèrent l'art... Empêchons les actuels néofascistes de devenir les seuls et ultimes défenseurs de ces arts occidentaux antérieurs, souvent religieux d'ailleurs, incompréhensibles dans un monde sécularisé. Ils dévoieront ces arts à leur service, assurément, les récupéreront, les instrumentaliseront.
Une anecdote authentique et regrettable pour finir, témoignant de la situation dramatique de la culture "non immédiate" : je me suis rendu récemment à la Vieille Charité de Marseille afin de visiter la double exposition "Visages" et "Visages...au commencement". Une des "gardiennes" des salles consacrées au volet antique de la manifestation m'a rapporté que des touristes, imprégnés d'incompréhension pour tout ce qui n'appartient pas aux arts contemporains, ont été scandalisés par "Visages...au commencement", ont refusé de poursuivre leur visite, n'acceptant pas de voir des oeuvres inactuelles, et ont déchiré leurs billets devant la gardienne médusée ! C'est dire où nous en sommes, alors que le volet contemporain de l'expo confirme le retournement esthétique en cours en  défaveur de l'art conceptuel (ni peinture, ni sculpture), retournement qu'Arte, coincée aux tendances précédentes, a des difficultés à appréhender et à traiter. 

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