dimanche 30 mars 2014

Arcangelo Corelli : l'oublié musical intégral de l'année 2013.

Si Aïda, au lieu d'un opéra, avait été une toile de Jean-Léon Gérôme ou d'Alma Tadema, ou encore un roman de Gabriele d'Annunzio, nul n'en parlerait encore de nos jours (Pensées logiques de Moa).

A propos des aborigènes d'Australie : la technologie ne leur a pas été nécessaire pour fonder une civilisation originale (réflexions libres d'un homme tout aussi libre).

Même les éléphants, les dauphins, les singes et les baleines ont évolué éthologiquement au cours du temps (Le Nouveau Zoologue amateur éclairé).

Les sciences sont des fouilles faites dans Dieu (Victor Hugo cité dans Muséum, roman de Véronique Roy).

Et ils disoient, à qui vouloit bien les entendre, qu'aucune note de musique n'avoit été écrite antérieurement au Sieur Antonio Vivaldi (Mémoires du Nouveau Cyber  Saint-Simon).

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 Après Rimsky Korsakov en 2008 et Isaac Albeniz en 2009, dont on n'entendit pas une note de leurs oeuvres à la télévision, voici Arcangelo Corelli, archange de la musique baroque italienne, dont le tricentenaire de la mort aurait dû susciter en 2013 maints concerts intéressants destinés aux mélomanes qui, cela leur arrive, se branchent sur une chaîne de télévision culturelle souventes fois citée avec bisque sur ce blog, mais qui, tels ses deux prédécesseurs cités, fut ignoré... Et ces concerts, assurément, eussent dû être louangeurs, tant est magnifique la musique qu'Arcangelo Corelli nous légua à l'orée du XVIIIe siècle.
Las ! Les seules notes que j'entendis de Corelli sur Arte (puisqu'il me faut bien la citer) retentirent fortuitement...dans un documentaire consacré à Le Nôtre ! Le comble ! 
Oui, Arte a préféré comme de coutume depuis son grand chambardement de juillet 2006 la solution de facilité : Verdi et Wagner (peu de Britten, in extremis)
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 plus "connus" et "appréciés" en ce bicentenaire 2013 de leur venue au monde, ont été privilégiés et ont eu droit à tous les honneurs (que j'ai délibérément boycottés), en lieu et place de la musique baroque italienne, de ce prédécesseur d'Antonio Vivaldi qui lui ouvrit la voie ! Quand aurai-je le plaisir d'entendre le Concerto pour la nuit de Noël de Corelli joué dans le cadre d'un concert retransmis à la télévision afin de célébrer ce grand compositeur, maître du violon baroque ? Jamais ?
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Cela traduit une fois de plus l'ignorance crasse de celles et ceux qui prétendent régenter la culture, sans prendre en compte les paramètres mémoriels et sans se projeter dans le long terme : ainsi, j'apprends avec une certaine stupéfaction mêlée de tristesse et d'amertume que maintes oeuvres d'art contemporain (le patrimoine de demain, après tout, faut-il bêtement l'oublier ?) sont hélas menacées d'obsolescence, de dégradation, parce que les matériaux les composant se détériorent  graduellement et que nul n'avait songé, lors de leur conception (y compris l'artiste lui-même !), à leur conservation muséographique sur plusieurs siècles ! Un comble ! Je pense ici -c'est dramatique - aux oeuvres si évocatrices de Christian Boltanski, notamment celles où interviennent ces fameuses lampes à filament qu'on a cessé de fabriquer.  En vérité, je vous le dis : il ne demeurera rien de nous !
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samedi 22 mars 2014

Albert Barillé et le sabotage initial de la diffusion d'"Il était une fois notre Terre."

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Les silences médiatiques relèvent tous d'une volonté délibérée. (le Nouveau Victor Hugo).

Il n'y a pas de fumée sans feu. (dicton)

"Compagnons diables ! Asseyons-nous et rions !" (L'Entrevue qui n'eut jamais lieu (1976), par Christian et Jocelyne Jannone).

Albert Barillé (1920-2009) fut tout à la fois un enchanteur, un pédagogue et un humaniste qui croyait en la jeunesse porteuse d'espoir et d'avenir.Il a toujours su mêler érudition, humour et cette faculté, devenue rare, de parvenir à jouer aux passeurs de messages fédérateurs destinés aux petits comme aux grands. Il fustigeait la bêtise, la méchanceté, les dénonçait.
Jeune, il mangea de la vache enragée.
La télévision, il y a cru : c'était pour lui l'outil idéal de transmission des valeurs universelles de tolérance, un outil mis au service de la vulgarisation des connaissances, au sens le plus noble.
Albert Barillé n'est plus depuis déjà cinq ans. Je le regrette amèrement parce que je ne l'ai pas connu. J'ai pleuré à sa mort parce que je savais qu'une injustice était en cours.
Albert Barillé, c'était un des grands magiciens de mon enfance, le créateur de l'ours Colargol, la meilleure série télévisée de marionnettes des années 1970-1974, coproduite avec la Pologne, parce que l'ORTF n'y avait pas cru. Les Aventures de l'Ours Colargol sont un chef-d'oeuvre absolu, indéniable, incontournable.
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Pourquoi ai-je donc parlé d'injustice ? Parce que la diffusion d'Il était une fois notre Terre, l'ultime réalisation d'Albert Barillé, fut délibérément chaotique et se fit dans une indifférence crasse sciemment entretenue, au contraire de la bonne couverture médiatique dont avaient bénéficié ses séries précédentes depuis Il était une fois l'Homme en 1978. Cela reflétait la déplorable dégradation de la télévision française après 1985. Or, le message humaniste, universaliste, demeurait intact et mis au service de l'écologie, d'une planète meilleure pour nos enfants. Le thème central d'Il était une fois notre Terre est le développement durable.
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Il ne faut pas se leurrer : Il était une fois notre Terre, lors de sa diffusion initiale fin 2008-début 2009, a bel et bien été victime non seulement d'une sous-exposition médiatique déplorable, mais aussi d'un quasi sabotage, notamment sur France 3, qui, avec Gulli, était un des coproducteurs de la série. Comme nous étions alors loin d'Il était une fois l'Homme, du temps où les impératifs d'audience n'avaient pas encore phagocyté jusqu'à la conception même des grilles de programmes ! Vous souvenez-vous de ces diffusions quotidiennes, sur la trois, à 19h55 ? L'oeuvre d'Albert Barillé, en ces temps lointains et bénis, ne pâtissait pas d'une sous-exposition ! Les émissions pour la jeunesse n'étaient pas ghettoïsée aux seuls et uniques créneaux du matin. Je me demande à ce sujet comment nos chères têtes de diverses colorations de cheveux peuvent regarder cette foutue téloche tout en petit-déjeunant et se débarbouillant avant d'aller à l'école, tandis qu'autrefois, c'était avant l'heure de manger le soir puis d'aller faire dodo qu'elles bénéficiaient de toutes ces merveilleuses émissions enfantines ! Même le mercredi, il n'y a désormais plus aucune émission pour enfants dans les horaires d'après-midi, alors que nos gamins sont disponibles pour les regarder ! Absurdité kafkaïo-ionesquienne qui nous prive également de la moindre retransmission télé de la messe de minuit hors KTO dont on s'est arrangé pour que plus personne ne la capte ! Absurdité uniquement dictée par les marchands de soupe au service servile des transnationales qui, en ces créneaux horaires autrefois réservés à notre progéniture, ne veulent caser que des annonces vénales pour produits-camelotes-pacotilles destinés aux adultes de soi-disant moins de 50 ans, produits fabriqués dans les cafreries asiatiques et autres ! Pendant ce temps, à leurs propres créneaux, les minots n'ont plus droit qu'à des pubs de jouets archi sexués et de sucreries qui font grossir, prodiguent caries dentaires et diabète à foison. Cette situation d'une extrême putridité perdure depuis une vingtaine d'années !
Mais revenons en à Il était une fois notre terre.
Je l'écris : en janvier-février 2009, il s'est avéré impossible d'attraper au vol sur France 3 la diffusion précise du moindre fragment de ce dessin animé qui compte vingt-six épisodes. Pourquoi ? Parce que le programme  jeunesse d'alors de la 3 était presque intégralement entrelardé de DA de Titeuf, adaptation certes estimable de Monsieur Zep. On ne pouvait même pas enregistrer la série d'Albert Barillé sur quelque support que cela fût ! Je sais, Zep est un gars bourré de talent... surtout, Titeuf ça marche et c'est vendeur... A ce sujet, au début des années 1990, par une de ces erreurs gestionnaire ou marketing dont les éditions Dupuis ont le secret, Spirou laissa échapper Zep comme il le fit pour Achdé et pour l'auteur de Léo Loden, Arleston. Et je ne parle pas d'Alec Séverin que j'admire beaucoup...
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La seule possibilité qui demeurait donc de voir Il était une fois notre Terre restait sur Gulli, à 6h20 du mat', alors que moi, comme les bambins, je dois me préparer pour aller au boulot.
Si l'on peut l'écrire, Albert Barillé mourut de ces contrariétés - le 5 février 2009 - durant cette diffusion massacre de son opus terminal, qui est aussi bon et génial que les autres tant il participe pédagogiquement à la prise de conscience des vrais problèmes contemporains se posant pour que survive notre Terre et aussi NOTRE ESPECE.
A propos, puis-je rappeler que, comme de coutume, Le Monde ne consacra pas une ligne de nécrologie à ce très grand Monsieur ? Albert Barillé appartenait à cette catégorie des bons faiseurs de l'ancienne télé publique que Le Monde méprise ainsi qu'il en est pour toutes ces actrices et tous ces acteurs de feuilletons et téléfilms d'autrefois que ce journal feint d'ignorer aussi lorsqu'elles et ils passent l'arme à gauche. Arte, récemment n'a pas été en reste, lorsqu'elle s'est à son tour intéressée à Il était une fois notre Terre, et elle n'est plus depuis longtemps irréprochable, accumulant d'innombrables maladresses et bourdes de programmation. Elle a fait traîner tellement en longueur la rediffusion d'Il était une fois notre Terre, (depuis début septembre 2013 !) dans un chaos et cahot général, se trompant sans arrêt sur les numérotations d'épisodes (ce qui gênait considérablement les programmations automatiques de mon disque dur), qu'elle en est venue jusqu'à commettre la gabegie suprême digne de la pire chaîne torchon privée : oui, vous le lisez bien : Arte a sauvagement déprogrammé l'ultime épisode d'Il était une fois notre Terre durant les vacances de février 2014 au profit d'un reportage sur Malala (qui, je l'espère un jour de tout coeur, obtiendra le Prix Nobel de la Paix). L'intention était louable, eût écrit un jésuite, mais le résultat mauvais : mon disque dur, en mon absence (j'étais en congé) avait programmé ce dernier épisode d'Il était une fois notre Terre et c'est tout autre chose qui a été enregistré à la place ! 
Mesdames et messieurs les cuistres, je ne vous salue plus !
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samedi 15 mars 2014

"Le Louvre" (1985) ou l'origine du Mal.

Jamais autant de films n'avaient été sabotés à leur sortie en salle qu'à l'ère du numérique. (Journal d'un anti-bourgeois de Paris)

A l'échelle de l'univers, les vies humaines ne durent que le temps de la chute d'une goutte d'eau. (Li Wu, philosophe chinois de la fin du XXVe siècle et grand-père de Daniel Lin Wu)

Il y a les livres à lire et les livres à jeter. (le Nouveau Victor Hugo)

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Extrait des mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon.

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Le 10 du mois de may mil neuf cent octante et un fut élu un Florentin, qui obtint ainsi la magistrature supresme de l'Etat. Il étoit notoirement attaché à la culture livresque, et se moquoit de fait du reste comme de colin-tampon. De mesme, il étoit aussi de notoriété publique qu'il se fichoit pas mal de la télévision, nonobstant la possibilité de l'user comme outil démagogique, de pouvoir, de propagande, afin qu'il flattât le peuple. De plus, le nouveau président éprouvoit une passion déraisonnable et immodérée pour les Pharaons de l'ancienne Egypte et pour leurs monuments considérables.
Ce fut pourquoy il entreprit de grands travaux dits "pharaoniques", inspirés qu'ils étoient par les colossales entreprises architecturales des Ramsès et autres Aménophis. Oultre à la place de la Bastille et à Bercy afin qu'on y installât une bibliothèque nationale à son nom, il fit notoirement entreprendre une rénovation du Louvre, le plus grand musée de France où il choisit un architecte de Cathay pour qu'on mist en sa cour une pyramide hyaline à la semblance de celle de Khéops dont on disoit qu'il s'agissoit de l'unyque Merveille du monde antique qui eust survécu.
 
Là où blessa le bast, c'étoit que la télévision françoise avoit jà signé un contrat de coproduction d'une série documentaire sur ledit Louvre, avecques Cipango, l'outre-Brabant et encor d'autres sociétés audiovisuelles étrangères.
Le Florentin le sut, et il fit en sorte que coulât icelle parce qu'il falloit effacer l'ancien Louvre des mémoires, et  que conséquemment on ne se souvînt à terme que du sien. Il profita d'une situation idéale, d'un contexte opportun qu'il avoit suscité. Mêmement, il étoit vray, notable, incontestable, que les signes de dégradation culturelle de la télévision se multiplioient lors, comme autant de prodromes du délitement général qui suivroit, surtout depuys que le Florentin avoit désigné à la teste de la chaîne dicte "Une" un notoire ami des régences barbaresques, en particulier celle d'Alger. Ce courtisan du Roy républicain, le Sieur H. B., étoit si épris du monde barbaresque et de l'Alcoran qu'il avoit rebaptisé une fameuse course automobile d'Afryque "le Paris-Alger-Dakar".
Ainsy, il falloit remarquer d'une part, au printemps puys d'autre part à l'été mil neuf cent octante quatre, les signes avant-coureurs du grand dessein du Florentin, sa rupture avecques la mission d'éduquer le peuple à la vraye culture via la télévision, le mépris croissant pour cette mesme vraye culture qu'affichoit la chaîne dont le Sieur H. B. avoit l'office non vénal. Par exemple, on avoit faussement annoncé le trépas d'un présentateur sportif, Mon Sieur Roger Couderc, avant de se raviser et de dire que son coeur étoit reparty, avoit recommencé de battre. Au final, il étoit mort pour de bon après que les journalistes se fussent couverts de ridicule. Mais le ridicule tue-t-il encore ?
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En juin de la mesme année à marquer d'une pierre négride, le journal télévisé de l'heure du souper que la Une diffusoit avoit omis d'annoncer l'élection de l'immense historien Fernand Braudel à l'Académie françoise, tandis que le journal de l'autre chaîne, la Deux, en avoit fort bien causé et disputé.
Encore icelui  fatal juin, la disparition d'un cinéaste considérable, le sieur Joseph Losey, n'avoit mesme pas été annoncée dans les grands titres dudit journal de la Une surnommé "grande messe du vingt heures", quoique pour ma part, je ne visse rien de fervent, de catholique dans une telle messe...
Ce fut ainsy que notre président florentin, par le biais d'une revue de son parti qu'il contrôloit de prêt, revue appelée Vendredy tel le Sauvage de Robinson, organisa une cabale à l'encontre de la série documentaire sur le Louvre, lorsque vint enfin le moment de sa diffusion sur la Une.
Un procès d'intention fut organisé, aussi habile que ceux du moujik Joseph Staline, de sinistre mémoire, procès dont les chefs d'accusation étoient le didactisme et la myse en scène trop démonstrative dont eust prétendûment souffert ladite émission. Le documentaire fut qualifié de "non événement de l'année", ainsi qu'il en étoit lors des procès de Moscou quand les procureurs, tel le terrible Andreï Vychinski, appeloient les prétendus "droitiers" "pygmées de gardes blancs".
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Tandis qu'à Cipango, en Brabant et dans les autres pays producteurs de la série du Louvre, celle-cy avoit droit aux faveurs de ce qu'en Albion on appelle prime time, H. B. ne la programma qu'en deuxième voire troisième partie de soirée, avant d'interrompre faute d'audience la diffusion au sixième numéro, qui traitoit des collections médiévales, désormais si méprisées que c'en est une faquinerie, alors qu'on savoit qu'icelle série en comportoit douze en tout. Ce manque d'audience étoit bien entendu le but recherché... Cela étoit intentionnel et bien faict.
Le royaume de France fut donc le seul à estre privé d'une diffusion intégrale à un horaire décent de ce documentaire... Il fallut attendre fin juin mil neuf cent octante et sept, lors que la Une basculoit dans le secteur privé spéculatif du grand banquier Samuel Bernard (qui vint souventes fois en aide au Roy Louis XIV le Grand quand il étoit désargenté),
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 pour qu'on s'en avisât et qu'on eust droit, à minuit seulement, aux six épisodes restants. Cela s'appelle une diffusion en catastrophe, à la va-vite, à la sauvette et en catimini : la seule possibilité de gouster à la série comme il falloit étoit désormais de professer l'histoire de l'art en université et d'obtenir le prest des pellicules ou bandes constituant le documentaire pour les projeter dans les amphithéastres de la Sorbonne ou d'ailleurs.
Le Roy président Florentin avoit gagné, obtenu gain de cause dans cette triste affaire, parce qu'il souhaitoit ardemment que nul ne se souvînt de l'antique configuration du Musée du Louvre, musée du peuple, avant qu'il y eut entrepris ses travaux cyclopéens de métamorphose mégalomane.
Ce fut lors l'origine du Mal culturel, sa racine, dont on supporte quotidiennement les ravages ce jourd'huy au vingt et unième siècle.
Le Florentin venoit de fait de rompre le pacte de la vulgarisation culturelle populaire, pacte qui remontoit au programme du CNR, à l'alliance objective entre le Général de Gaulle et le party communiste françois,  pacte culturel qui avoit été sublimé dans la télévision des années Mil neuf cent soixante. Désormais, tout alloit estre foulé au pied et partir à vau-l'eau... au profit de la démagogie et de Ploutos. Tel l'astome, cet estre mythique qui, dépourvu de bouche, ne pouvoit se sustenter que d'odeurs, les François furent lors contraints de se contenter d'une télévision de merdoye qui, nous le devinons, puoit grandement.
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samedi 8 mars 2014

"Photo" de Stan Neumann : une série documentaire remarquable...qui occulte trente années d'histoire de la photographie (1860-1890).

Sur Friedrich Hayek : "Voilà un homme dont il n'existe aucune statue qu'on puisse déboulonner." (Pensées d'un anti-technocrate)

Staline avait la réputation de faire la guerre sur une mappemonde. (l'historien inconnu)

Ne me parlez plus des politiciens. Ce ne sont que des pantins impuissants, des marionnettes désarticulées, de ridicules et dérisoires polichinelles, de grotesques Punch et autres Jumping Jacks s'agitant en tout sens dont les ultralibéraux tirent les ficelles. (le nouveau Victor Hugo)

J'ai grandement apprécié sur Arte, en 2012 et 2013, la série de Stan Neumann "Photo", en douze volets, qui retraçait l'histoire de la photographie des origines au numérique. Cependant, malgré toutes ses qualités, "Photo" a effectué un tri, une sélection, une ellipse bizarre qui me gêne et a attiré mon ire : il manque trente années dedans, trois décennies cruciales pour ne point écrire majeures : 1860-1890.
Oui, "Photo" a passé sous silence tout un pan de l'art photographique du XIXe siècle, passant directement de Henry Peach Robinson aux pictorialistes ! 
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Quid de : 

- Julia Margaret Cameron,
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- Lady Clementina Hawarden,
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- Lewis Carroll (Alice Liddell figure sur la photo ci-dessous),


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- Pierre-Louis Pierson, un des photographes attitrés de la fascinante comtesse de Castiglione,

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-  Jane Morris, avant tout en tant que muse et modèle photographique, qu'icône préraphaélite, immortalisée en 1865 par l'objectif de John Parsons, sous la direction de Dante Gabriel Rossetti,
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- Mathew Brady, photographe américain de la Guerre de sécession, auquel Lambil et Cauvin rendirent hommage dans Les Tuniques bleues à l'occasion de l'album Des Bleus en noir et blanc... ?

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Sachez que j'omets beaucoup de noms : je ne suis pas spécialiste bien que j'aie étudié l'analyse de l'image. N'oublions pas non plus que c'est au cours de la période escamotée par Arte (1860-1890) qu'apparaissent : 
- le procédé technique du gélatinobromure d'argent (1872), inventé par Richard Leach Maddox, qui amélioré dès 1878 par Harper Benet, a persisté jusqu'au numérique, 
- la boîte Kodak en 1888 et la pellicule Eastman (1884), inventions sur lesquelles la série a insuffisamment insisté puisqu'elles ouvrent la voie à l'essor considérable des "photomateurs" de plein air,
- l'invention du premier procédé de flash (poudre de magnésium) : le système avec ampoules ne date que de 1930 (rappelez-vous la scène d'anthologie de King-Kong)...
Sans oublier les premières tentatives de photographie en couleurs et de leur tirage papier, par Louis Ducos du Hauron en 1868-1869 !

C'est donc une période plus que capitale qu'Arte, toujours aussi arbitraire dans ses choix, a sciemment tue... une période où s'est fixé en définitive tout l'art de la photo analogique argentique avec toutes ses techniques jusqu'au numérique.

Il est vrai que j'ai appris qu'en histoire, tout silence, toute occultation, ne sont jamais innocents : cela traduit de fait cette fameuse aversion d'Arte pour l'époque victorienne et ses manifestations de l'Esprit, aversion qui nous priva d'un hommage à Dickens deux années durant... D'où le silence radio sur de fameuses expos d'Orsay consacrées en 2011 à ce même art victorien, y compris photographique, non traitées ou à peu près, puisque exécrées et décriées.
Cette exécration à l'encontre de l'art photographique victorien s'était notablement manifestée dans Libération, qui, dans un article du 20 février 2013 (toujours disponible sur le site web Libération culture) dénonçait les sommes "exorbitantes" que le musée d'Orsay aurait consacré à l'achat d'un album de 75 photos de Julia Margaret Cameron. Cela sous-entendrait que cette artiste, que j'apprécie et qui me fascine, ne vaut pas tripette ! C'est attristant ! Il est dit ainsi que sur le marché de l'art, un cliché de cette femme géniale ne vaudrait en général que 17 000 euros ! Ridicule et dérisoire dans cette société gangrenée par l'argent où tout se résume à la valeur marchande des êtres, des oeuvres et des choses...  Ou Julia Margaret Cameron ne vaut financièrement et donc artistiquement rien, ou on s'en fiche de sa valeur monétaire : seul l'art doit compter, que diable ! Et qu'Arte ne me dise pas, n'argüe pas sur la soi-disant inexistence d'oeuvres de Julia Margaret Cameron dans les collections publiques françaises : Orsay prouve l'inverse, et est fort bien pourvu en clichés de la grande artiste, la preuve étant fournie par l'article de Libé  mentionné ci-dessus et par l'expo Une ballade d'amour et de mort : photographie préraphaélite en Grande-Bretagne 1848-1875, qui se tint justement entre les murs du même musée d'Orsay en 2011 !

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De fait, Arte a perdu une fois de plus la possibilité de briller à mes yeux insatisfaits : elle a fait preuve de manque d'intrépidité culturelle, d'absence flagrante de hardiesse intellectuelle. Et elle se dit féministe, s'en targue même, au point de prolonger cette année la journée de la femme sur une semaine entière ! Autant d'occasions manquées pour le public français féru d'une télévision intelligente et différente du commun vulgaire démagogique d'enfin faire la connaissance de deux photographes femmes du XIXe siècle que je porte désormais aux nues - n'oubliez pas Lady Hawarden, s'il vous plaît ! -  afin de prouver qu'entre 1800 et 1900, il n'y a pas eu que l'unique Camille Claudel pour se singulariser dans les arts plastiques. A quand, tant que nous y sommes, une émission consacrée à Fanny Mendelssohn ? 



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Prochainement, vous aurez maille à partir avec le Nouveau Cyber Saint-Simon... à propos du tout premier sabotage avéré d'une émission culturelle à la télévision : la série consacrée en 1985 au musée du Louvre, qui sombra victime d'une espèce de procès d'intention post-stalinien intenté "pour didactisme" !