dimanche 17 juin 2012

Hommage à Henri Gouhier, le plus obscur des académiciens du dernier quart du XXe siècle.


"Le préservateur d'Agartha City en avait désormais la certitude : la destruction du friedmano-hayekisme passerait par l'effondrement de la Chine, étape obligée vers un changement terminal de monde."
(chroniques conjointes de Raeva Rinpoché et du néo Daniel op. cit.)

http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/styles/medium/public/gouhier.jpg?itok=PriPKgpr

Vous qui osez fréquenter ce blog (ou avez le courage de le faire) commencez à vous en douter : la polémique culturelle est mon thème de prédilection. Qui a entendu parler d'Henri Gouhier (1898-1994) ? Historien de la philosophie, spécialiste de Nicolas Mallebranche, successeur d'Etienne Gilson à l'Académie française, ultime académicien élu né avant le 1er janvier 1900 ( il obtint les suffrages de la Coupole en 1979, la même année qu'Alain Decaux), il fut toujours un homme discret quoique fort apprécié. Passionné par le théâtre, il eut droit à un joli hommage funèbre de la part de Bertrand Poirot-Delpech, qui signa son article nécrologique pour Le Monde et le connaissait bien. Je n'ai plus vraiment cet article en tête, mais le regretté écrivain disait d'Henri Gouhier qu'il avait été un homme ouvert, à l'écoute des autres et d'une exquise gentillesse. Il faut dire que la télévision ne s'intéressa guère à lui, si ce n'est par ricochet, notamment, en un instant d'intense émotion, dans la série d'Arte L'Apocalypse (2008),
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4a/Tapisserie_de_l%27apocalypse.jpg/400px-Tapisserie_de_l%27apocalypse.jpg
 lorsque le professeur Moshe David Herr, de l'université hébraïque de Jérusalem,   lors d' un admirable moment télévisuel unique et furtif, évoqua incidemment le souvenir d'Henri Gouhier qu'il avait connu... et admirait. Persistance de la mémoire pour ceux qu'il faudrait retenir, et non pour les autres, personnages d'une mode passagère, d'un instant, qu'on nous impose sans cesse à célébrer dans nos pauvres cervelles... au nom des lois du seul marché comme il y eut le culte de la personnalité rouge ou brune...
Dans les années 80, j'avais adressé une correspondance à un cousin où je lui avais joint une petite photo d'Henri Gouhier, découpée à partir d'une liste d'académiciens, fauteuil par fauteuil, prétexte pour lui poser une colle en le questionnant sur l'identité de ce grand méconnu. Autrement dit : Qui est-ce ? Je lui répondis, après qu'il se fut planté dans sa missive de réponse et qu'il eut rapproché cette misérable petite photo de mauvais magazine des anciens clichés de lecteurs de Spirou des années 60 qui, lorsqu'ils s'adressaient à la rubrique du Fureteur, avaient la manie de joindre un cliché d'identité pour que cet illustré glorieux et génial publiât la reproduction (approximative) de leur frimousse (à la même époque Mickey s'emplissait aussi de ces photographies) : "C'est Henri Gouhier, le moins connu, le plus obscur des membres actuels de l'Académie française"...destiné à le rester, hélas ! Je regrette pareillement que pas une ligne du discours de réception de Pierre Rosenberg à l'Académie française, ayant pour objet l'éloge d'Henri Gouhier, n'ait été portée à ma connaissance par voie de presse, comme en une sorte de boycott. Aurait-on fait payer involontairement et implicitement au défunt l'affaire ridicule du refus de la candidature académique de Georges Semprun, qui avait justement convoité le fauteuil d'un homme qu se serait hissé au-dessus de toutes ces polémiques idéologiques ostracisant trop de personnes d'un camp ou de l'autre, d'une mode ou de l'autre, d'une pensée dominante ou dominatrice ou de l'autre lorsque la vogue de l'une ou l'autre est venue à passer ? L'ignorance télévisuelle du décès du poète Guillevic en 1997 en témoigne.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4b/La_B%C3%AAte_de_la_Mer.jpg/300px-La_B%C3%AAte_de_la_Mer.jpg

Pour ceux et celles qu'Henri Gouhier intéresse (je doute qu'ils ou elles soient plus d'une infime poignée), ses oeuvres ont presque toutes paru chez l'éminent éditeur Vrin... Attention pour une commande en ligne : ces bouquins coûtent et sont presque épuisés !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire