En France, les films se subdivisent désormais en deux catégories : ceux que les critiques n'ont pas vu, et qui disposent d'un nombre considérable d'écrans et ceux que certes, les critiques ont vu, mais que les spectateurs ne peuvent que difficilement aller voir parce qu'ils disposent d'une quantité insuffisante voire négligeable de copies (observations d'un cinéphile désenchanté habitant une bourgade de province).
Comme les multinationales du genre Monsanto imposant semences et OGM aux petits paysans, les gros distributeurs de blockbusters imposent d'office aux petits exploitants indépendants, sans qu'ils aient leur mot à dire, leurs giga navets bardés de copies au détriment des films d'art et d'essai, ou mieux, de ceux que ces mêmes gros distributeurs ont décidé de déclasser dans la catégorie infamante de "commercial second rayon", catégorie à laquelle appartient désormais la grosse majorité des films des genres fantastique, horreur et thriller. Hors des multiplexes, il est devenu presque impossible de les voir dans les petits cinémas des petites villes en "projection classique" en salle. Les films commerciaux distribués sous les 300 copies ne sont pas des blockbusters mais des oeuvres classables dans le "second rayon". (observations d'un cinéphile désenchanté op. cit.)
Quelques semaines après Nadine Alari, c'est au tour d'un autre comédien ayant participé à l'épopée feuilletonnesque du mythique Rocambole de l'ORTF (1964-1966) de disparaître : Raoul Curet, alias les jumeaux improbables Colard et Le Pâtissier, âmes damnées de Sir Williams (Jean Topart 1922-2012, auquel je rendis également hommage en ce même blog voilà quatre ans).
Comme les multinationales du genre Monsanto imposant semences et OGM aux petits paysans, les gros distributeurs de blockbusters imposent d'office aux petits exploitants indépendants, sans qu'ils aient leur mot à dire, leurs giga navets bardés de copies au détriment des films d'art et d'essai, ou mieux, de ceux que ces mêmes gros distributeurs ont décidé de déclasser dans la catégorie infamante de "commercial second rayon", catégorie à laquelle appartient désormais la grosse majorité des films des genres fantastique, horreur et thriller. Hors des multiplexes, il est devenu presque impossible de les voir dans les petits cinémas des petites villes en "projection classique" en salle. Les films commerciaux distribués sous les 300 copies ne sont pas des blockbusters mais des oeuvres classables dans le "second rayon". (observations d'un cinéphile désenchanté op. cit.)
Quelques semaines après Nadine Alari, c'est au tour d'un autre comédien ayant participé à l'épopée feuilletonnesque du mythique Rocambole de l'ORTF (1964-1966) de disparaître : Raoul Curet, alias les jumeaux improbables Colard et Le Pâtissier, âmes damnées de Sir Williams (Jean Topart 1922-2012, auquel je rendis également hommage en ce même blog voilà quatre ans).
Raoul Curet, né à Aix-en-Provence le 8 septembre 1920, nous a quittés dans la nuit du 28 au 29 décembre 2016, soit quatre ans jour pour jour après Jean Topart. Je parlerais de hasard, de destin, si cette coïncidence frappante ne donnait pas lieu à une association d'idées : les liens hasardeux et tragiques noués entre les personnages successifs interprétés par Raoul Curet et celui, emblématique et en haut de l'affiche de Jean Topart. Car, qu'il se fût agi de Colard ou du Pâtissier, ces deux malfrats d'un XIXe siècle de roman-feuilleton étaient voués (scénario oblige) à mourir avant même que l'intrigue ne se dénouât. Raoul Curet apparaît comme le séide, le féal de Sir Williams, indéfectiblement attaché à ce maître de la pègre du XIXe siècle, dévoué à lui jusqu'à la mort. Serment de fidélité féodal des malfrats ?
Dans L'Héritage mystérieux, puis dans Les Etrangleurs, Colard et son "frère" "Le Pâtissier", périssent de mort violente : balle de pistolet et effondrement d'un souterrain.
Le Pâtissier (qui fait songer à ce fameux argot d'époque, où le Boulanger désignait le diable et le Curieux le juge) meurt victime de son propre piège : faire disparaître Rocambole dans une carrière souterraine via un baril de poudre dont la mèche a été ignée alors que l'aventurier se porte à la rescousse de Baccarat, cette fameuse courtisane imaginaire et partenaire d'intrigues échevelées, Baccarat servant, aux dires du Pâtissier, de "fromage". Sir Williams se retrouve malencontreusement prisonnier dudit boyau en compagnie de celui qu'il surnomme "mon fils" (il fut son mentor) alors que Rocambole, interprété par Pierre Vernier, l'appelle non sans ironie "Monseigneur, mon bon maître", tandis que la mèche se consume. Le Pâtissier est mort dans l'éboulement du puits de sortie, suspendu à son échelle de corde, alors qu'il s'échappait en vociférant à l'encontre de Rocambole : "Moi aussi, je sais brandir la foudre !"
S'ensuit un dialogue superbe entre le héros et la figure du Mal. Par exemple :
Le Pâtissier (qui fait songer à ce fameux argot d'époque, où le Boulanger désignait le diable et le Curieux le juge) meurt victime de son propre piège : faire disparaître Rocambole dans une carrière souterraine via un baril de poudre dont la mèche a été ignée alors que l'aventurier se porte à la rescousse de Baccarat, cette fameuse courtisane imaginaire et partenaire d'intrigues échevelées, Baccarat servant, aux dires du Pâtissier, de "fromage". Sir Williams se retrouve malencontreusement prisonnier dudit boyau en compagnie de celui qu'il surnomme "mon fils" (il fut son mentor) alors que Rocambole, interprété par Pierre Vernier, l'appelle non sans ironie "Monseigneur, mon bon maître", tandis que la mèche se consume. Le Pâtissier est mort dans l'éboulement du puits de sortie, suspendu à son échelle de corde, alors qu'il s'échappait en vociférant à l'encontre de Rocambole : "Moi aussi, je sais brandir la foudre !"
S'ensuit un dialogue superbe entre le héros et la figure du Mal. Par exemple :
"Les plus belles fleurs poussent sur les champs de bataille. (Sir Williams)
- Monseigneur, pourquoi n'aimes-tu pas la vie ? (Rocambole)
- Je l'aime à ma façon. La vie, la mort, sont les deux battements de coeur de la nature." (Sir Williams)
Je cite de mémoire. En cas d'inexactitude des répliques, tout commentaire rectificatif sera le bienvenu.
Pour Le Pâtissier, Rocambole vous ligote avec sa langue.
Sir Williams a ces mots désabusés alors que les cris de rage du¨Pâtissier s'éloignent et que le puits commence à s'effondrer :
"Je le devine, s'agitant sur son échelle, comme un pendu coriace pris de folie." Il déclare aussi, le qualifiant : "Le fou, le beau fou..."
Avant la rediffusion de Rocambole sur FR3, chaque dimanche, en début d'après-midi, entre septembre 1982 et janvier 1983, Raoul Curet était pour moi un illustre inconnu, au même titre d'ailleurs que René Clermont alias Antoine de Beaupréau. Je connaissais (mal) Jean Topart du fait de sa prestation sous les postiches d'Emile Zola dans Zola ou la conscience humaine de Stelio Lorenzi (1978) et beaucoup mieux Pierre Vernier, visage déjà pour moi très familier après avoir goûté à son interprétation sublime de Richelieu en 1977 (dans le feuilleton historique éponyme) puis 1978 (au premier épisode du Mazarin joué par François Périer).
La présence de Raoul Curet dans Rocambole constitua une découverte enthousiasmante, bien que j'ignorasse alors tout de sa carrière de second couteau expérimenté (pour moi, le symbole du second couteau s'incarnait en l'incontournable Dominique Zardi (1930-2009), autre Grand des petits rôles, qui roula sa bosse chez Claude Chabrol en de remarquées compositions).
Je revis Raoul Curet de temps à autre, dans des films, des feuilletons, sans que ses rôles fussent aussi mémorables et marquants que Colard et Le Pâtissier. Ainsi, il a participé avec Zardi à l'aventure cinéphilique chabrolesque via Betty (1991), adapté de Georges Simenon, qui fut hélas un échec commercial retentissant. Il y partagea l'affiche, dans le rôle du notaire, avec Pierre Vernier qui était le docteur...
Si vous souhaitez connaître davantage de choses sur la vie de Raoul Curet, je ne saurais trop vous conseiller, en plus bien évidemment de l'article de Wikipedia, le blog danslombredesstudios.blogspot.com. L'auteur, Rémi C., a eu la chance de rencontrer l'acteur quelques mois avant son décès. Il lui a consacré un billet passionnant le 28 juillet 2016 : "Raoul Curet : rencontre au soleil". On y apprend beaucoup de choses, notamment sa carrière de doubleur et de soliste principal et arrangeur du quatuor vocal Les Quat' Jeudis.
Prochainement : reprise de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus. Dix-septième volet : Madame de Staël.
La présence de Raoul Curet dans Rocambole constitua une découverte enthousiasmante, bien que j'ignorasse alors tout de sa carrière de second couteau expérimenté (pour moi, le symbole du second couteau s'incarnait en l'incontournable Dominique Zardi (1930-2009), autre Grand des petits rôles, qui roula sa bosse chez Claude Chabrol en de remarquées compositions).
Je revis Raoul Curet de temps à autre, dans des films, des feuilletons, sans que ses rôles fussent aussi mémorables et marquants que Colard et Le Pâtissier. Ainsi, il a participé avec Zardi à l'aventure cinéphilique chabrolesque via Betty (1991), adapté de Georges Simenon, qui fut hélas un échec commercial retentissant. Il y partagea l'affiche, dans le rôle du notaire, avec Pierre Vernier qui était le docteur...
Si vous souhaitez connaître davantage de choses sur la vie de Raoul Curet, je ne saurais trop vous conseiller, en plus bien évidemment de l'article de Wikipedia, le blog danslombredesstudios.blogspot.com. L'auteur, Rémi C., a eu la chance de rencontrer l'acteur quelques mois avant son décès. Il lui a consacré un billet passionnant le 28 juillet 2016 : "Raoul Curet : rencontre au soleil". On y apprend beaucoup de choses, notamment sa carrière de doubleur et de soliste principal et arrangeur du quatuor vocal Les Quat' Jeudis.
Prochainement : reprise de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus. Dix-septième volet : Madame de Staël.
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