Nous l’avons écrit la dernière
fois au sujet d’un film d’outre-Atlantique consacré à la grande révolte des
esclaves de Virginie de l’an 1831 : il existe de nombreuses cabales en ce
monde destinées à briser la carrière d’œuvres sur pellicule. Or, dois-je
rappeler qu’en Histoire, les cabales furent choses fort courantes, fort
ordinaires, exercées à l’encontre d’opéras, ou de pièces de théâtre ? Racine –
le grand Racine lui-même – en fit l’amère expérience avec Phèdre et Marivaux – le pétulant Marivaux – avec Le Petit-Maître corrigé sans omettre
toutefois Monsieur Victor Hugo avec Les
Burgraves.
Sont-ce là prétextes de ma part,
opportunités commodes à saisir afin d’exercer ma verve et ma diatribe contre
les pignoufs de toute nature ? Non point ! Mon hubris est légitime !
Adonc, attaquons là. Après avoir
débecté son ire à l’encontre de The Birth
of a Nation, la presse branchue boboïste s’est trouvé une nouvelle victime,
une nouvelle proie commode en la personne de Fleur de Tonnerre,
adaptation filmée par Madame Stéphanie Pillonca du roman du sieur Teulé Jean, accoutumé à l’immondice critique opposée à sa manière bien particulière de revisiter littérairement l’Histoire. Elle y a déversé à loisir, ad libitum, ad nauseam, à l’envi, des torrents de vomissures extraits de son tonneau des Danaïdes personnel, tonneau aux liquidités et humeurs excrémentielles sans fin ni fond s’il en est.
adaptation filmée par Madame Stéphanie Pillonca du roman du sieur Teulé Jean, accoutumé à l’immondice critique opposée à sa manière bien particulière de revisiter littérairement l’Histoire. Elle y a déversé à loisir, ad libitum, ad nauseam, à l’envi, des torrents de vomissures extraits de son tonneau des Danaïdes personnel, tonneau aux liquidités et humeurs excrémentielles sans fin ni fond s’il en est.
Icelle presse a frappé un film jà
à terre, jà mort, puisque n’ayant disposé en sa première semaine d’exploitation
que de soixante-deux copies en tout et pour tout (pour nous limiter au
territoire provençal cher à ce bobelin de Charles Maurras aucune à Avignon,
aucune à Aix-en-Provence, une seule à Marseille à des horaires d’emblée
putrides et malcommodes). Film trop breton pour les Parisiens cosmopolites (la
Bretagne constituant pour eux le fin-fond de l’arriération provinciale
profonde), trop local, trop daté (ô les costumes haïs !), non projetable
en d’autres terres qu’Armor. Qu’importe pour cette gent contre laquelle j’aime
à ferrailler qu’il s’agisse d’un portrait filmique fantasmé de la grande
criminelle empoisonneuse en série Hélène Jégado.
Le divorce entre les avis de la
presse et les opinions des rares spectateurs ayant eu le privilège de voir Fleur de Tonnerre est si consommé, si
considérable, si contrasté, si antinomique, si astronomique, que l’on peut
parler au sujet de ce long métrage d’un fossé culturel optimal, final, aussi
profond qu’un abysse me laissant pantois d’ébahissement, comme autant de
ferments de dislocation de l’unité nationale sous les coups d’un nouveau
morcellement du pays digne de celui de l’Etat carolingien déliquescent et
picrocholin des IXe et Xe siècles.
Celles et ceux qui ont pu aimer,
apprécier à loisir Fleur de Tonnerre sont
en quelque sorte en rupture de ban puisque tombés en dissidence, en sécession
culturelle à défaut de territoriale (cela pourrait survenir un jour par les
déclinaisons multiples du mot d’Albion exit),
nouveaux Boson fâchés vis-à-vis d’une presse parisienne ne représentant plus
qu’elle-même, ne se parlant plus qu’à elle-même, à travers son miroir de
Narcisse moucheté de crottes d’animalcules gluants. Des unités astronomiques,
des parsecs séparent ces Parisiens-là de la province profonde vouée par eux aux
gémonies, Parisiens qui n’ont strictement rien compris aux récents événements
démagogiques exponentiels ponctuant notre actualité ténébreuse.
Que les salles de cinématographe
de Bretagne soient pleines à craquer des admirateurs d’Hélène Jégado, via le
roman de Monsieur Jean Teulé,
n’a pour ces petits-maîtres au nez coulant de morve tantôt verte, tantôt flavescente de pus, qu’une minime importance. Ils pontifient sans fin, multipliant leurs décrétales, leurs anathèmes fulminés dépréciatifs…
n’a pour ces petits-maîtres au nez coulant de morve tantôt verte, tantôt flavescente de pus, qu’une minime importance. Ils pontifient sans fin, multipliant leurs décrétales, leurs anathèmes fulminés dépréciatifs…
Çà, là, je puis concéder quelques
imperfections au film de Madame Pillonca : une approximation de
l’adaptation dont la fantaisie semble exclue, un manque criant de moyens, une
distribution inégale avec d’improbables comédiens ne provenant pas du sérail, à
l’exception de Madame Déborah François, toujours excellente. De même, le climat
fantastique et fulgurant du roman se réduit à un tableau voltairien didactique
de la superstition autour de la figure folklorique de l’Ankou dont Hélène
Jégado se croit la servante.
La phraséologie dialectique des
critiques martèle contre Fleur de
Tonnerre le terme dévalorisant de téléfilm,
accusation commode, point neuve car déjà usitée vers 1990 lorsque Francis
Girod
sortit son Lacenaire,
lors qualifié d’œuvre aux lumières de téléfilm. Tantôt pour les uns, Fleur de Tonnerre s’apparenterait à un téléfilm de l’ORTF finissante (l’on disait en ces temps dramatique, ce qui était plus noble), tantôt pour les autres à un téléfilm régional fauché de la Trois (même pas breton pour eux à ce qu’il me semble en ma lecture fugitive d’un article mineur en ligne). Non en reste, Le Figaro qualifie bien Fleur de Tonnerre
de téléfilm en lui attribuant tout de même une note moyenne. Ce quotidien fort conservateur se dédierait s’il faisait chorus à l’autre presse à laquelle il s’oppose. Et si, par hasard, Le Figaro avait raison ? Si Fleur de Tonnerre était bel et bien un téléfilm, mais exclu de toute diffusion au petit écran car, quoiqu’il fût plus ou moins policier, ne correspondant plus à la ligne éditoriale de France Télévisions, ce, depuis que feu Rémy Pflimlin a ostracisé toute production en costumes antérieurs à 1940 ? Celle qui lui succéda, Madame Ernotte, qui semble avoir des velléités de revenir sur cet interdit insane, a du pain sur la planche : elle devrait balayer au préalable devant sa porte et enfin programmer ce qui est jà tourné, ces deux fameux ultimes épisodes de la saga de Nicolas Le Floch, dont l’un moisit dans un placard depuis bientôt trois années telle autrefois La Duchesse d’Avila.
sortit son Lacenaire,
lors qualifié d’œuvre aux lumières de téléfilm. Tantôt pour les uns, Fleur de Tonnerre s’apparenterait à un téléfilm de l’ORTF finissante (l’on disait en ces temps dramatique, ce qui était plus noble), tantôt pour les autres à un téléfilm régional fauché de la Trois (même pas breton pour eux à ce qu’il me semble en ma lecture fugitive d’un article mineur en ligne). Non en reste, Le Figaro qualifie bien Fleur de Tonnerre
de téléfilm en lui attribuant tout de même une note moyenne. Ce quotidien fort conservateur se dédierait s’il faisait chorus à l’autre presse à laquelle il s’oppose. Et si, par hasard, Le Figaro avait raison ? Si Fleur de Tonnerre était bel et bien un téléfilm, mais exclu de toute diffusion au petit écran car, quoiqu’il fût plus ou moins policier, ne correspondant plus à la ligne éditoriale de France Télévisions, ce, depuis que feu Rémy Pflimlin a ostracisé toute production en costumes antérieurs à 1940 ? Celle qui lui succéda, Madame Ernotte, qui semble avoir des velléités de revenir sur cet interdit insane, a du pain sur la planche : elle devrait balayer au préalable devant sa porte et enfin programmer ce qui est jà tourné, ces deux fameux ultimes épisodes de la saga de Nicolas Le Floch, dont l’un moisit dans un placard depuis bientôt trois années telle autrefois La Duchesse d’Avila.
Tout à ma virulence retrouvée, face à cette eau
cabaliste débordant d’un vase de nuit exsudant sa putrescente humeur, je vous
invite à lire Fleur de Tonnerre de
Monsieur Teulé et à contourner le désert cinématographique entourant son
adaptation certes imparfaite par tous les moyens techniques possibles mis à
votre disposition.
Prochainement : Olivia de Havilland : un centième anniversaire passé sous silence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire