samedi 26 mars 2016

Du refus du costume fictionnel antérieur et de son bannissement de la télé en général et de France Télévisions en particulier.

A Alain Decaux, ce grand transmetteur d'Histoire qui croyait encore en la vulgarisation de la Culture.

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 Si la lumière est ténèbres que seront les ténèbres ? (Blaise Pascal : fragment  849)

A propos des bobos : s'ils aiment tant le présent, s'ils s'y plaisent autant, c'est qu'ils n'en souffrent pas, qu'ils n'en sont pas victimes et ne le subissent pas. (Pensées du sociologue inconnu du XXIe siècle)

L'intérêt exclusif que les bobos portent au présent immédiat révèle leur part d'animalité limbique et régressive, incapables qu'ils sont de transmettre le passé et de se projeter dans l'avenir. (Pensées du philosophe inconnu du XXIe siècle)

Chaque fois que le claque-merde de nos cultureux chébrans s'exprime et commet un impair, cela donne 10 000 voix de plus à Marine. (Cyber Louis-Ferdinand Céline)

La musique pop et rock est décadente et capitaliste. (un communiste cubain canal historique) 

Très peu souvent (exceptés les ghettos du samedi et du dimanche) vous verrez Arte s'intéresser aux arts non modernes, y compris extra-occidentaux : voyez les expos du Musée du Quai Branly. Elle n'en parle plus du tout depuis belle lurette. (observation acérée de Moa) 

Le capitalisme, c'est la horde de Velociraptors libres dans le troupeau d'Iguanodons libres. (André Fermat) 

Autrefois (cet autrefois n'est pas si loin dans le temps), nos productions télévisuelles de fiction ne dédaignaient pas se plonger de temps à autre dans l' Histoire. Il ne s'agissait pas forcément d'Histoire contemporaine, du XXe siècle, mais d'une histoire disons souvent antérieure au premier conflit mondial. C'est ce que j'appelle l'Histoire en costume antérieur - car l'on sait que les années 1914-1918 furent décisives pour la révolution de la mode féminine.

Notre télé, depuis ses origines, ponctuait ses tournages d'adaptations historiques et littéraires localisées en un ailleurs à la fois familier et distant, embrassant les âges anciens jusqu'à la Belle Epoque (qui ne le fut que pour les riches, les privilégiés). De même, les mises en scène d'opéras et de pièces de théâtre n'avaient pas encore cédé à la manie égocentrique de la dénaturation-transposition dans des mondes hyper récents afin, selon la logomachie officielle utilisée par les metteurs en scène, de faire sens auprès d'un peuple qu'ils méprisent en réalité (ils demeurent élitistes, quoi qu'ils en disent), un peuple prétendument "intimidé" par l'Histoire, le patrimoine, les musées ou les bibliothèques, un peuple que les leçons des profs d'Histoire faisaient "chier" lorsqu'il était scolarisé, et qu'il faut donc séduire au nom de la démagogie. Il est une autre démagogie, celle de l'extrême droite à laquelle on abandonne chaque mois davantage la niche écologique du patrimoine et de l'Histoire antérieure, extrême droite qui veut imposer sa propre lecture déformée et mythique de cette même Histoire réduite à des signifiants essentiels et simplistes, autour par exemple de la figure tutélaire de Jeanne d'Arc...ou de l'Europe chrétienne. 

Concernant la télé française, sans remonter jusqu'à l'époque de l'unique chaîne en noir et blanc et de l'ORTF, il exista une tradition de la fiction en costumes hexagonale, qui perdura de La Caméra explore le Temps jusqu'au mandat de Patrick de Carolis (2005-2010).

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Une émission comme la célébrissime Caméra explore le Temps servit de moyen détourné pour contourner la censure gaulliste. Voyez Les Templiers (1961) avec Jean-Pierre Marielle. Des allusions à la guerre d'Algérie transparaissent çà et là, en particulier au putsch des généraux d'avril 1961 à Alger... Tandis que Jean Rochefort symbolisait la voix de l'Etat, de la raison, Louis Arbessier incarnait, dans la peau du Grand Maître du Temple, la voix déraisonnable de ceux qui voulaient conserver l'Empire colonial, l'Algérie notamment. La Caméra explore le Temps reposait sur un équilibre politique subtil : Stelio Lorenzi était de sensibilité communiste, André Castelot monarchiste et Alain Decaux, dont je viens d'apprendre la disparition (et auquel je dédie mon billet) de centre gauche.

Cette alchimie télévisée fonctionna  jusqu'à ce que le pouvoir gaulliste longtemps en place la censurât. Cela advint en 1966. Certes, les fictions en costumes perdurèrent plusieurs décennies encore, mais la pollution de la télévision par le mercantilisme publicitaire hâta leur recul, puis leur effacement, les mauvais disciples de Pierre Bourdieu (qui l'avaient décidément mal lu et mal interprété, bien qu'ils s'en réclamassent comme des zélotes) devenant les alliés objectifs de cet estompage qui devient désormais optimal.  Savez-vous que des feuilletons historiques de gauche ont existé, et que ce furent de grandes oeuvres, de grands moments de l'étrange lucarne ? Qui se souvient encore de Fabien de la Drôme (1983) et de Félicien Grevèche (1986) ?

Ce dernier feuilleton fut la victime emblématique des sabotages politiques effectués par le gouvernement ultralibéral et réactionnaire de la 1ere cohabitation, issu des lugubres élections législatives du 16 mars 1986 (date à marquer d'une pierre noire pour l'audiovisuel français qui ne s'est jamais relevé du sinistre qui s'en est suivi). Félicien Grevèche, dans lequel le grand comédien Sylvain Joubert s'était beaucoup investi en tant qu' acteur et scénariste nous contait l'histoire d'un médecin de campagne communard réfugié dans le Haut Languedoc en 1880. Une cabale abjecte priva cette génialité d'une diffusion à 20h30 le vendredi sur Antenne 2 (c'était là le créneau horaire courant où l'on programmait les feuilletons français de l'époque) au profit d'un créneau absurde le dimanche en fin d'après-midi ! Deux ans auparavant, la même crasserie avait été appliquée à l'encontre du Mystérieux Docteur Cornélius avec Gérard Desarthe. Le sabotage de Félicien Grevèche était donc une récidive.

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Ce qui aggrava le problème, ce fut l'ignorance médiatique qui entoura en février 2000 le décès prématuré de Sylvain Joubert à seulement 55 ans, cela, en plein gouvernement Jospin. Cette désinformation me révulsa tant elle me parut délibérée : c'était là le symbole d'un reniement politique à une époque où les téléfilms historiques s'étaient faits rarissimes. Certains passèrent au-delà de 23 h ou en plein creux estival pour les liquider tel Le Prince des Imposteurs de Jean-Pierre Prévost en 1998, malgré Michel Piccoli dans le rôle du mathématicien Michel Chasles, d'autres, bien que tournés, ne furent jamais diffusés hors chaînes du câble et du satellite plusieurs années après : la version télé du Pétain de Jean Marboeuf de deux fois 90 minutes (jamais passée nulle part), Chouchou de James Cellan Jones (1995) avec François Marthouret dans le rôle de Debussy
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 dans la série avortée La Musique de l'Amour... Enfin, existe le cas de l'ultime téléfilm de Claude Santelli, La Comète (1996), production d'Arte et France 2
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 que certes la première chaîne passa mais que la seconde se refusa à jamais de diffuser, à cause de ses costumes XVIIIe siècle réputés plomber l'audience et de son sujet "noir". Oui, vous avez bien lu : désormais, les directeurs de chaînes et de programmes jugeaient les fictions historiques contre-productives, forts de l'expérience de la Bérézina audimateuse des téléfilms et autres feuilletons axés sur les célébrations du bicentenaire de la Révolution en 1989.
Après un Charlemagne érotico-kitch oubliable, notre télé devenue désormais a-télévision, traversa une période honnie, désertique, de 1994 à 2001, jusqu'aux tentatives de revival des années 2001-2010 désormais derrière nous.
A compter du milieu de mandat de Marc Tessier à France Télévisions (1999-2005) et surtout sous son successeur Patrick de Carolis (2005-2010), l'on vit ce fait incroyable (à partir en gros du téléfilm Thérèse et Léon, diffusé au début de l'année 2001) : la résurgence des fictions historiques, au point que bientôt, il ne fut pas une semaine au cours de laquelle les grilles de la 2 et de la 3 ne proposaient pas des feuilletons et dramatiques unitaires en costumes, comme au temps de l'ORTF. De plus, l'on se débarrassa des inconvénients des coproductions avec l'ex Europe de l'Est, qui imposaient des lieux de tournage contraignants à l'étranger (sous prétexte d'une certaine préservation d'un cachet urbain rétro pour les prises extérieures) et une distribution hétéroclite avec de nombreux comédiens doublés, tchèques et autres. Ces productions disparurent vers 2004-2005, après quelques réussites cependant comme Mademoiselle Else (2002) qui révéla Julie Delarme mais fut hélas l'ultime production de Christine Gouze-Rénal.
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Monsieur Patrick de Carolis
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 ne démérita pas, mais il fut pris entre deux feux, coincé en sandwich entre deux camps hostiles, à gauche et à droite : Télérama et la Pie Grise, dont le mandat élyséen fut une catastrophe terminale pour la culture. C'était à croire qu'il faisait le jeu de Bourdieu ! Télérama, quant à lui, n'eut de cesse, surtout à compter de 2009, de tirer à boulets rouges sur la moindre fiction costumée proposée par France Télévisions, lui adressant des volées inlassables de bois vert, jusqu'à ce qu'elles fussent bannies de nos écrans alors qu'outre-Manche, rien ne venait s'opposer à la continuation des productions d'époque, de la plus déjantée à la plus raisonnable... Presque rien - à part un peu Nicolas Le Floch - ne trouva grâce aux yeux de Télérama et de notre pie qui exécrait La Princesse de Clèves, qu'il se fût agi d'adaptations d'oeuvres modernes de bédé comme L'Epervier ou de biopics comme Chateaubriand. Les producteurs tentèrent tout pour sauver la fiction costumée à la française, même le Moyen Âge (la Commanderie, Inquisitio), le sexe (Maison close sur Canal + qui ne connut que deux saisons, la chaîne persévérant dans cette tendance sexy avec le tout récent Versailles tourné en anglais !) et la loufoquerie débridée anhistorique (1788 et demi). Rien ne put sauver le soldat Histoire costumée.

Dès son arrivée à France Télévisions, Monsieur Rémy Pflimlin se comporta comme mon oncle en 1976 lorsqu'il refusa de prendre en charge ma tante trisomique après le décès de ma grand-mère. Comme ce dernier avait déclaré sur le seuil même de notre appartement : "je ne la veux pas", le sieur Pflimlin annonça dès sa prise de fonction qu'il ne voulait plus des téléfilms adaptés des nouvelles de Maupassant, bien qu'ils se taillassent un joli succès d'audience. En moins de trois années, il éradiqua l'Histoire costumée antérieure à 14-18 des chaînes pseudo-publiques, liquidant d'abord les stocks tournés, en s'en débarrassant parfois en plein été et de nuit ! Mon sieur Pflimlin voulut ancrer la fiction dans le soi-disant contemporain socio-cul à l'imitation d'Arte : de fait, on ne tourne pratiquement plus que des polars infâmes et ringards et je me demande comment Télérama qui poursuit ses coups de flingue systématiques à l'encontre de téléfilms qui cette fois les méritent bien n'éprouve pas le moindre soupçon de remords d'avoir contribué au désastre...
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Ainsi, il m'a fallu signer une pétition pour sauver Nicolas le Floch, l'audience ayant servi de prétexte classique et fallacieux à la suppression de la série. De fait, les deux ultimes téléfilms, tournés depuis mars et mai 2015, attendent toujours d'être diffusés ! D'ailleurs, excepté une dramatique consacrée aux mutins de 14-18, aucune fiction télé française inédite se déroulant avant les années 1920 n'est passée sur France Télévisions en 2015... France 5 rediffuse en boucle les vieux stocks de Marc Tessier et de Patrick de Carolis (gloire à eux !). C'est à croire que Marc Tessier fut un Gallien et Patrick de Carolis un Majorien tentant de sauver les meubles. Et je ne parle pas de la carrière des comédiennes que les fictions costumées avaient mises en avant : elle connaît depuis un certain frein... Hors du théâtre, peu de salut...

De fait, cette tendance lourde de notre télé s'inscrit dans une détestation générale de la transmission du passé historique, abandonné à la lecture fasciste "idéalisée" : cela trahit la mémoire d'Alain Decaux, qui toujours crut à la transmission républicaine du savoir !
Le cas d'Arte est plus épineux : l'on sait que cette chaîne encense les mises en scènes contemporaines d'opéra et de théâtre les plus débridées, même si elles expriment des contresens manifestes. Il est de bon ton de transposer en un présent calamiteux, décontextualisé de l'époque d'origine, les grandes oeuvres du passé chanté et joué : paquebots ou hôtels de luxe et de bamboche de la jet set ultralibérale, friches industrielles, banlieues  sinistrées, hôpitaux psychiatriques dignes de l'univers déjanté d'Antoine Volodine (voyez à ce propos la dernière version de Cyrano de Bergerac emblématique de notre temps qui refuse le rêve et l'évasion et fort éloigné des oripeaux baroques matamoresques et entachés d'erreurs de Coquelin aîné, créateur du rôle). Pour moi, je préférerais des transpositions préhistoriques des oeuvres actuelles : sous les Néandertaliens ou les dinosaures... Cela plairait au moins aux enfants férus de Préhistoire !
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Je m'inquiète légitimement à ce propos au sujet d'articles parus en ligne, annonçant en quelque sorte une accentuation - qu'écris-je ! - une aggravation de la ligne éditoriale de la chaîne de plus en plus ancrée dans l'explication du monde contemporain, au détriment  - comment dirais-je ? - de la nécessaire prise de champ, du recul face à l'Histoire immédiate dont a si bien glosé le grand historien Henry Rousso, une Histoire forcément anxiogène, invivable (non point que le passé fût meilleur, regrettable). L'intention est certes louable, hautement noble, pédagogique, mais les conséquences à terme proprement catastrophiques. Arte veut se débarrasser à tout prix de son ancienne image de marque de chaîne soi-disant élitiste, déconnectée du réel (ah, ce fameux réel que la physique issue d'Einstein n'a cessé de remettre en question ! ce réel dont la perception est relativiste et diffère d'un cerveau à l'autre, d'une individualité à l'autre car modelée par les héritages socio-culturels autant que par la biologie et la physiologie car l'on sait que chaque individu est unique). Elle veut en finir avec sa réputation de chaîne s'adressant aux personnes âgées (j'avais 28 ans lorsque je commençais à la regarder !). Pourquoi vouloir encore renforcer une ligne éditoriale déjà en place depuis 2012-2013 et qui fait ses preuves ? Ligne éditoriale qui a entraîné la suppression de toutes les anciennes soirées Thema qui faisaient le sel de la chaîne au profit d'une seule par semaine entièrement consacrée aux problèmes hyper contemporains, reléguant la grande majorité des documentaires historiques - pourtant consacrés au XXe siècle si loin mais encore si proche - vers 23 h ! J'ai peur que la grille d'Arte en vienne à faire table rase des ultimes îlots de survivance culturelle désintéressée des samedis et dimanches, ghettos programmatiques, de grille, coïncidant peu ou prou avec les week-ends des bobos.
Sans oublier qu'Arte développe tous azimuts son offre "toilée" nomade... Et j'exclus de mes commentaires le lourd fardeau du relativisme culturel, issu de la pensée de Johann Gottfried Herder (1744-1803), chose dont abusent les néo-réacs pour fustiger celles et ceux qui ne pensent pas comme eux.
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Si donc, le projet d'Arte d'intégralement axer sa grille de programmes sur le seul présent, sur la seule actualité, en vient à être confirmé, légitimé, cette chaîne plurielle (je parle du point de vue de ses supports de diffusion) prendra le contre-pied des idées que le sociologue Jean-Pierre Le Goff exposa récemment lors d'un numéro de "28 minutes". Elle prendra le risque, que je dénonce souvent sur ce blog, de laisser à l'extrême droite (qu'elle combat d'ailleurs avec un louable courage) le monopole du discours consacré au passé (aux passés, même) antérieur (s), discours forcément bâti tout à la fois sur la mythification et la mystification, sur une idéalisation emplie de fausseté, trompant les nostalgiques en quête de nouvelles allégeances, en quête du sens...de l'Histoire !
Cela sonne tel un glas, une seconde mort de la transmission républicaine de l'Histoire qu'Alain Decaux incarna si longtemps.
Autrement dit, ce serait ressusciter les idéologies nauséabondes, puantes, Maurras et sa pensée putride, condamnée par cette même Histoire, l'Histoire du pourquoi nos grands-parents combattirent la Bête.
Autre exemple : le triste sort réservé au musée des tissus et des arts décoratifs de Lyon (j'ai signé la pétition pour que les pouvoirs publics le sauvent) est symptomatique de la tragédie contemporaine que nous vivons en direct, quotidiennement en France. Non seulement certains serviteurs de l'Etat, de la culture, ont mal lu et mal assimilé Bourdieu, mais ils l'ont mal compris, comme l'écrivait en son éditorial de Diapason de mars 2016 Emmanuel Dupuy. Mais il me faut ajouter d'autres mauvaises lectures hâtives de Theodor Adorno et de Georges Steiner. Non pas qu'ils eussent haï la grande culture, bien au contraire...
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Six mois durant (au premier semestre 2014), nous laissâmes les indésirables écrire seuls, parler seuls des commémorations antérieures à 1914, avant qu'un sursaut salutaire mais tardif n'intervînt à compter de juillet. Arte et Stéphane Bern sauvèrent l'honneur de justesse.
Alors, si nous persistons à leur abandonner des pans entiers du passé, les néo-bruns mariniens exerceront sans partage leur monopole sur la lecture de ce même passé, sur son interprétation exclusive et orientée, monopole d'un discours délaissé par nous, les démocrates combattant toutes les phobies fascistes, au mieux par lâcheté, au pire par bêtise.

A l'heure où la culture livresque vit une crise profonde, où la fréquentation du salon du livre s'effondre, où le nombre de Français inscrits dans les bibliothèques stagne irrémédiablement voire recule par rapport aux statistiques de la fin du XXe siècle (jamais le seuil des 20 % de la population ne fut franchi), il est légitime de s'inquiéter. D'aucuns disent que c'est à cause du prix d'entrée du salon édition 2016 : 12 €. Or, le tarif de l'archi médiatisé (et plus long) salon de l'agriculture était de 13 € ! Et qu'on ne me ressorte pas la phraséologie de l'intimidation des citoyens lambda face aux musées, librairies et bibliothèques où ils n'osent pénétrer ! Je comprends qu'on puisse avoir peur des tunnels, des grottes, souterrains, catacombes, cimetières et cryptes, mais là !

Adieu, Monsieur Decaux, vous allez grandement manquer à la République...

Prochainement : Claude Jutra : le nouveau procès du cadavre et les excès de la damnatio memoriae.



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