L’OR, de Blaise Cendrars Roger Colozzi-Gisselbrecht
Aux bruits avant-coureurs de la programmation pour la fin mai – le jeudi 25 – du roman de CENDRARS, L’Or, une large majorité (à une ou deux exceptions près) s’est félicitée du choix de ce « grand-petit » livre, lu autrefois, il y a si longtemps !
Pour moi, c’est histoire, l’opportunité de renouer, grâce à notre Café Littéraire, avec l’immense littérature française du XXème siècle écoulé. Un peu de fraîcheur (toute relative certes) dans ce monde disruptif de l’humanité souffrante de mille maux, psychologiques et… Cie.
Nous partirons donc, avant les grandes vacances, à l’aventure. Et quelle aventure ! Rien de moins que la ruée vers l’or… Donc, ni une ni deux, accrochez-vous à la bride-accoudoir de votre canapé, et sus à l’épopée, sur les traces – écrites – de l’écrivain manchot (1887-1961). Sus à la grande aventure, la grande et moderne migration humaine vers l’ouest, vers la terre promise, migration dont l’auteur a été le témoin et qu’il illustra avec la parution en 1925 de ce roman historique sur les premiers chercheurs d’or d’une Californie en état de gestation. Un roman à la Cendrars, né Frédéric Sauser, dit Blaise, sans amours – dévoyées ou maladives – ni labyrinthes neuronaux, rédigé dans une forme, un style bref, « couillu », lisse de toute fioriture, comme le sont ses journaux et autres premiers récits de voyages – à la Sylvain Tesson avant l’heure –, avec cette force d’évocation déjà présente, prégnante, comme une apologie de l’action, dans cette Légende de Novgorod (1909) ou encore cette Prose, poétique, du Transsibérien (1913).
Alors, eh bien, à vos marques-pages,
en voiture pour le grand ouest, la Nouvelle-Helvétie, et apprêtez-vous pour
Bourlinguer (1948) à pied, à cheval au galop, en diligence, en chariot…
Terminus l’Eldorado ! En avant pour la « Big »aventure,
fiévreuse, mortifère… Enfiévrez-vous, précipitez-vous, oui, dans cette
merveilleuse odyssée, terrestre, maritime, « une histoire
passionnante…, le plus magnifique reportage qu’on puisse lire... »,
prévient en 4ème de couverture ‟Le Livre de Poche”, n° 293, pour sa réédition
de 1963.
Pas de doute : une pépite ! 1963 - 2013, soixante ans,… déjà !
« Je tourne dans la cage des méridiens comme un écureuil dans la sienne. »
Frédéric Sauser, dit Blaise Cendrars, né en Suisse (La Chaux-de-Fonds) en 1887, est un poète, romancier et essayiste qui, engagé volontaire en 1914 dans la Légion étrangère, combattra pour la France et subira l’amputation du bras droit. Il poursuivra pourtant une vie aventureuse, voire dangereuse, depuis l’Afrique jusqu’en Amazonie, coutumier du fait, puisque dès l’âge de 16 ans, une fugue le conduira jusqu’à Moscou, aux Indes, en Chine, en Perse…
Correspondant de guerre en 1939 dans l’armée anglaise, puis réfugié sur la Côte, il s’établira à la Libération à Paris, poursuivant une œuvre où d’aucuns ont pu voir l’un des précurseurs de l’« alittérature », voire du nouveau roman.
Séjournant un temps dans le Vaucluse, il fréquentera parfois, à Carpentras, la boulangerie de François Jouve, érudit, Majoral du Félibrige. Il décède en 1961.
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