Désormais, en janvier 2020, les jeux sont faits. Il y a eu beaucoup d'appelés et bien peu d'élus. Il y a eu ces romans dont les médias ont beaucoup parlé et ceux réduits à la portion congruë, négligés, boudés, oubliés par la critique littéraire.
Il y eut ceux que l'on prima, et ceux qui revinrent bredouilles, ceux qui n'avaient pas la moindre chance et ceux qui naquirent des imprimeries une cuiller d'argent en leur bouche de papier.
Il y eut des omissions involontaires, parfois faute de temps (trop de titres jetés en pâture sur les étals des libraires). Il y eut, hélas, ceux dont l'omission est des plus révélatrices, au-delà de la pure indifférence.
Désormais, un podium de ces livres absents peut être érigé, podium que l'on peut, c'est selon, rapprocher de ceux des jeux olympiques, à moins que l'on préfère l'élection de miss France.
Parmi ces trois titres de romans dont je remarquai prestement que les médias officiels se moquaient, je dus faire un choix cornélien, et désigner le plus emblématique. Adonc, j'offre aux lectrices et lecteurs de ce blog (en ai-je encore ; l'on prétend tellement que les blogs, c'est démodé...? ) la primeur de ma sélection arbitraire :
Primus inter pares des romans ignorés : Le Général a disparu de Georges-Marc Benamou (éditions Grasset).
Première dauphine (pour imiter miss France) : Une histoire de France de Joffrine Donnadieu (éditions Gallimard).
Second dauphin (puisqu'il s'agit d'un homme qui écrit) : Roi par effraction de François Garde (éditions Gallimard).
A l'automne 2018, Maîtres et esclaves de Paul Greveillac (encore Gallimard !) , quoique finaliste au Goncourt, détint la palme toutes catégories confondues.
D'aucuns m'objecteront que le roman de Joffrine Donnadieu a bénéficié d'une couverture supérieure à celui de François Garde, mais, lorsqu'on y regarde de plus près, cette couverture est due surtout à la radio et à la presse régionale et locale, à la télé régionale aussi, malgré France Culture. Les absences cruelles de Télérama et du Monde des livres se font cruellement sentir.
Pour François Garde, absolument personne de ceux que j'appelle la bande des quatre (Télérama, Lire, Le Monde des livres et le Magazine littéraire) ne semble s'en être préoccupé.
Cependant, c'est bel et bien le cas flagrant de l'ouvrage de Georges-Marc Benamou qui m'interpelle le plus. De quoi traite ce roman que sans hésitation, on peut qualifier d'historique ? Je dirais : de mai-68 vu et vécu par de Gaulle et le gaullisme au pouvoir. Cette évidence peut sembler élémentaire soit dit en passant, mais le noeud de l'intrigue est basé sur un fait réel qui ne fut pas connu dans l'immédiat : le départ du Général pour Baden-Baden. Cet épisode inspira la télévision française à plusieurs reprises.
Le Général a disparu d'Yves-André Hubert fut dès 1983 un téléfilm des Dossiers de l'écran dans lequel le rôle du général de Gaulle était interprété par Georges Audoubert (1921-1984) et celui de sa femme Yvonne par Renée Faure (1918-2005). En 2009 Canal + diffusa le superbe Adieu de Gaulle, adieu, réalisé par Roland Herbiet, oeuvre dans laquelle Pierre Vernier reprenait le rôle du Général. La première fiction citée est disponible sur Ina.fr.
Quid du livre de Benamou ? Il me parait fort de café de croire que le silence critique intégral autour du Général a disparu serait dû à une rancune tenace remontant à l'affaire de la villa Médicis dont la direction avait été promise à notre écrivain par le pouvoir politique de l'époque. Penchons pour la négligence à cause de l'abondante production éditoriale, mais bon...Toutefois, ce ressentiment coriace, s'il était avéré, relèverait de la plus pure bêtise. Le Général a disparu fait grincer des dents les gaullistes et peut susciter le sourire et l'amusement des non gaullistes.
Dans cette affaire - ô combien révélatrice - autour de la non-critique de ce livre, j'accorde désormais davantage ma confiance aux contributrices et contributeurs d'un site comme Babelio qu'à l'ensemble de la presse nationale qui sélectionne trop les titres d'ouvrages en fonction de la notoriété de telle ou tel. Il n'est pas vrai qu'en France, on publie trop de bouquins : il y a trente ans, on se plaignait du contraire...
Que mai-68 vous indiffère, vous révulse ou vous passionne, que le général de Gaulle soit ou non votre tasse de thé (à l'heure où se bousculent à l'horizon une multitude de commémorations autour de sa personne), lectrices et lecteurs, je vous conjure de ne pas laisser de côté Le Général a disparu, un roman qui a pour qualités de n'être ni ennuyeux, ni hagiographique, et de ne pas souffrir d'une longueur excessive, tels ces pavés indigestes qu'il m'arrive parfois de devoir ingurgiter pour mon café littéraire, et dont je doute par moment de la postérité.
Prochainement : je vous convierai à un voyage en une époque lointaine de la littérature avec le 31e volet de ma série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus avec Grégoire de Tours.
Cependant, c'est bel et bien le cas flagrant de l'ouvrage de Georges-Marc Benamou qui m'interpelle le plus. De quoi traite ce roman que sans hésitation, on peut qualifier d'historique ? Je dirais : de mai-68 vu et vécu par de Gaulle et le gaullisme au pouvoir. Cette évidence peut sembler élémentaire soit dit en passant, mais le noeud de l'intrigue est basé sur un fait réel qui ne fut pas connu dans l'immédiat : le départ du Général pour Baden-Baden. Cet épisode inspira la télévision française à plusieurs reprises.
Le Général a disparu d'Yves-André Hubert fut dès 1983 un téléfilm des Dossiers de l'écran dans lequel le rôle du général de Gaulle était interprété par Georges Audoubert (1921-1984) et celui de sa femme Yvonne par Renée Faure (1918-2005). En 2009 Canal + diffusa le superbe Adieu de Gaulle, adieu, réalisé par Roland Herbiet, oeuvre dans laquelle Pierre Vernier reprenait le rôle du Général. La première fiction citée est disponible sur Ina.fr.
Quid du livre de Benamou ? Il me parait fort de café de croire que le silence critique intégral autour du Général a disparu serait dû à une rancune tenace remontant à l'affaire de la villa Médicis dont la direction avait été promise à notre écrivain par le pouvoir politique de l'époque. Penchons pour la négligence à cause de l'abondante production éditoriale, mais bon...Toutefois, ce ressentiment coriace, s'il était avéré, relèverait de la plus pure bêtise. Le Général a disparu fait grincer des dents les gaullistes et peut susciter le sourire et l'amusement des non gaullistes.
Dans cette affaire - ô combien révélatrice - autour de la non-critique de ce livre, j'accorde désormais davantage ma confiance aux contributrices et contributeurs d'un site comme Babelio qu'à l'ensemble de la presse nationale qui sélectionne trop les titres d'ouvrages en fonction de la notoriété de telle ou tel. Il n'est pas vrai qu'en France, on publie trop de bouquins : il y a trente ans, on se plaignait du contraire...
Que mai-68 vous indiffère, vous révulse ou vous passionne, que le général de Gaulle soit ou non votre tasse de thé (à l'heure où se bousculent à l'horizon une multitude de commémorations autour de sa personne), lectrices et lecteurs, je vous conjure de ne pas laisser de côté Le Général a disparu, un roman qui a pour qualités de n'être ni ennuyeux, ni hagiographique, et de ne pas souffrir d'une longueur excessive, tels ces pavés indigestes qu'il m'arrive parfois de devoir ingurgiter pour mon café littéraire, et dont je doute par moment de la postérité.
Prochainement : je vous convierai à un voyage en une époque lointaine de la littérature avec le 31e volet de ma série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus avec Grégoire de Tours.
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