J'ai rencontré dans l'air de Pâques le Printemps.
Il m'a donné trois oisillons : une alouette
Qui joue avec le ciel candide, un rossignol
Qui le soir pleure, un rouge-gorge dont le vol
Part de la feuillée inquiète.
(Marie Noël : Chant d'été in : Les Chants de la Merci)
Cette citation de la première strophe d'un poème constitue une introduction intéressante, quoique succinte, à l'oeuvre de la poétesse Marie Noël, née Marie Rouget le 16 février 1883 à Auxerre, une femme de lettres que l'on a trop tendance de nos jours à négliger, à tort.
Dans les dernières années de son existence (elle mourut dans sa ville natale le 23 décembre 1967), Marie Noël jouissait encore d'une notoriété certaine puisqu'elle reçut en 1962 le Grand prix de poésie de l'Académie française, distinction dont allait bénéficier Georges Brassens quelques années plus tard.
L'Ina n'a pas oublié Marie Noël : un saisissant documentaire de 1959, en ligne, d'une durée d'environ quinze minutes, la suit dans son quotidien chrétien. Un quart d'heure, c'est peu, m'objecterez-vous, mais pour moi, ce témoignage filmé du vivant de la poétesse se suffit à lui-même, faute de documentaires récents à son sujet. L'émission révèle l'admiration que le couple de Gaulle vouait à Marie Noël et ses poèmes. Marie Noël : un nom de plume évocateur de fêtes de fin d'années, judicieusement choisi. Faisons le point. Tentons de comprendre pourquoi Marie Noël doit être tirée de l'oubli.
C'est peu dire la tendresse et la simplicité qui se dégagent de ses poèmes, assez enthousiasmants et peu portés aux artifices de procédés ronflants.
Lisons par exemple Chant d'enfant (1962) extrait de Chants des Quatre-Temps :
Regarde le joli jardin Que Dieu nous donna ce matin
Plein de soleil et de fleurs
Aux yeux de toutes les couleurs.
Pour le retenir en lieu sûr
Nous l’avons netouré de murs
Sans quoi la nuit il s’en irait
Faire le fou dans la forêt
Si loin que plus personne après
Jamais ne le retrouverait.
Nous l’avons avec notre clé
La plus solide, la plus forte,
Enfermé derrière une porte
Pour que le Vent, cet endiablé
Voleur volant qui va souffler
Quand nous dormirons ne l’emporte
Pour y loger ses feuilles mortes.
Nombreux sont les poèmes de Marie Noël qualifiés de "chants". Enracinée en sa ville d'Auxerre qu'elle ne quitta point, notre poétesse, à l'existence somme toute peu mouvementée, se moquant des modes, sut trouver le ton juste : cela put parfois la desservir, et sa poésie se trouva réduite à une naïveté enfantine bonne pour les innocentes jeunes filles des pensionnats. Or, Marie Noël était une femme bien plus profonde que le laisse supposer la fraîcheur de ses vers et la foi qui l'anima ne fut pas exempte de doutes, de luttes et de tourments, ainsi que le révélèrent ses Notes intimes. C'est la femme célibataire, enfermée dans sa solitude qui souffre, parce qu'à douze ans, elle avait demandé au Christ, au Sacré-Coeur l'anneau du mariage. On a souhaité la béatifier, dans l'attente d'une éventuelle sanctification n'allant pas de soi.
C'est là le paradoxe et le malentendu de Marie Noël. Sa vocation trouvée, elle multiplia les recueils de poèmes. Avant tout, elle fut une mystique de la versification. Enumérons :
Prochainement : le roman le plus négligé par la critique de la rentrée littéraire 2019.
C'est peu dire la tendresse et la simplicité qui se dégagent de ses poèmes, assez enthousiasmants et peu portés aux artifices de procédés ronflants.
Lisons par exemple Chant d'enfant (1962) extrait de Chants des Quatre-Temps :
Regarde le joli jardin Que Dieu nous donna ce matin
Plein de soleil et de fleurs
Aux yeux de toutes les couleurs.
Pour le retenir en lieu sûr
Nous l’avons netouré de murs
Sans quoi la nuit il s’en irait
Faire le fou dans la forêt
Si loin que plus personne après
Jamais ne le retrouverait.
Nous l’avons avec notre clé
La plus solide, la plus forte,
Enfermé derrière une porte
Pour que le Vent, cet endiablé
Voleur volant qui va souffler
Quand nous dormirons ne l’emporte
Pour y loger ses feuilles mortes.
Nombreux sont les poèmes de Marie Noël qualifiés de "chants". Enracinée en sa ville d'Auxerre qu'elle ne quitta point, notre poétesse, à l'existence somme toute peu mouvementée, se moquant des modes, sut trouver le ton juste : cela put parfois la desservir, et sa poésie se trouva réduite à une naïveté enfantine bonne pour les innocentes jeunes filles des pensionnats. Or, Marie Noël était une femme bien plus profonde que le laisse supposer la fraîcheur de ses vers et la foi qui l'anima ne fut pas exempte de doutes, de luttes et de tourments, ainsi que le révélèrent ses Notes intimes. C'est la femme célibataire, enfermée dans sa solitude qui souffre, parce qu'à douze ans, elle avait demandé au Christ, au Sacré-Coeur l'anneau du mariage. On a souhaité la béatifier, dans l'attente d'une éventuelle sanctification n'allant pas de soi.
C'est là le paradoxe et le malentendu de Marie Noël. Sa vocation trouvée, elle multiplia les recueils de poèmes. Avant tout, elle fut une mystique de la versification. Enumérons :
- Le Cantique de Pâques8 Musique Liturgique], 1918.
- Les Chansons et les Heures, 1922.
- Noël de l'Avent, 1928.
- Chants de la Merci, 1930.
- Le Rosaire des joies, 1930.
- Chants sauvages, 1936.
- Contes, 1944.
- Chants et psaumes d'automne, 1947.
- Petit-Jour, 1951
- L'Âme en peine, 1954.
- L'Œuvre poétique, Paris, Stock, 1956.
- Notes intimes, 1959.
- La Rose rouge, 1960.
- Chants d’arrière saison, 1961.
Prochainement : le roman le plus négligé par la critique de la rentrée littéraire 2019.
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