Par Cyber Léon Bloy.
Il y a une année de cela (je ne paraphrase aucunement le superbe discours de Gettysburg d'Abraham Lincoln, prononcé 87 ans après la déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique), je vous parlais en ce même blog du scandale de la non diffusion de la saison 6 de la série policière costumée consacrée aux enquêtes de Nicolas Le Floch sur France 2. A l'époque, j'espérais encore une diffusion soit pour la fin de l'année 2016, soit au début 2017. Comme l'on sait, il n'en a rien été. Le soi-disant manque d'audience (prétexte officiel) et la haine du costume historique antérieur institutionnalisée depuis 2010 sur France Télévisions (raison officieuse) ne cesse de justifier d'une part, la suppression de la série et d'autre part, le refus obstiné de toute programmation des deux téléfilms inédits, Le Cadavre anglais et Le Noyé du Grand Canal.
Il y a une année de cela (je ne paraphrase aucunement le superbe discours de Gettysburg d'Abraham Lincoln, prononcé 87 ans après la déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique), je vous parlais en ce même blog du scandale de la non diffusion de la saison 6 de la série policière costumée consacrée aux enquêtes de Nicolas Le Floch sur France 2. A l'époque, j'espérais encore une diffusion soit pour la fin de l'année 2016, soit au début 2017. Comme l'on sait, il n'en a rien été. Le soi-disant manque d'audience (prétexte officiel) et la haine du costume historique antérieur institutionnalisée depuis 2010 sur France Télévisions (raison officieuse) ne cesse de justifier d'une part, la suppression de la série et d'autre part, le refus obstiné de toute programmation des deux téléfilms inédits, Le Cadavre anglais et Le Noyé du Grand Canal.
Cette interminable affaire m'a rappelé divers précédents dont l'un remonte à ... 1974. Il existait alors, du temps de l'ORTF, une série de dramatiques fantastiques intitulée Le Tribunal de l'Impossible, créée en 1967 par le téléaste et écrivain Michel Subiela.
En 1974, le démantèlement de l'ORTF entraîna l'annulation de la série. Or, il restait dans les cartons, inédit et en couleurs, un dernier téléfilm appelé Enquête posthume sur un vaisseau fantôme, consacré au mystère de la Mary Celeste, oeuvre dans laquelle jouait la future réalisatrice Diane Kurys.
Si on lit attentivement l'article de Wikipedia traitant du Tribunal de l'Impossible, on détecte, entre parenthèses, la phrase suivante :
En 1974, le démantèlement de l'ORTF entraîna l'annulation de la série. Or, il restait dans les cartons, inédit et en couleurs, un dernier téléfilm appelé Enquête posthume sur un vaisseau fantôme, consacré au mystère de la Mary Celeste, oeuvre dans laquelle jouait la future réalisatrice Diane Kurys.
Si on lit attentivement l'article de Wikipedia traitant du Tribunal de l'Impossible, on détecte, entre parenthèses, la phrase suivante :
(Tourné après l'annulation du Tribunal de l'impossible par la direction de l'ORTF, cet épisode est inédit sur les chaînes de la télévision publique).
Je vous informe, amis lecteurs de ce blog, que ce téléfilm dut patienter jusqu'au samedi 7 septembre 2002, sur la chaîne de Canalsatellite qui se dénommait alors Ciné Classics pour être enfin vu. Nous étions à la veille d'inondations catastrophiques qui endeuillèrent le département du Vaucluse.
La phrase de Wikipedia suscite en moi un écho étrange, identique à la phraséologie prétexte usée, comme élément de langage, par France Télévisions pour justifier une non-programmation des deux derniers Nicolas le Floch traînant depuis trois ans et demi pour le plus anciennement tourné des deux : la série ayant été annulée soi-disant faute d'écoute, les deux téléfilms ne sont pas programmables. De plus, ils ne correspondent plus à la ligne éditoriale des fictions de la chaîne, uniquement axée sur le contemporain (XXe et XXIe siècles).
Hélas, notre service public est coutumier de ces refus de diffusion. Il en existe trois autres exemples :
- La Comète, de Claude Santelli ;
- La Musique de l'Amour (deux téléfilms : Chouchou et Beethoven, un amour inachevé) ;
- Joséphine de Beauharnais, de Jean-Marc Vervoort, avec Astrid Veillon dans le rôle titre.
Comme vous le constatez, j'aime à fouiller les fonds de poubelle de la télé, à remuer le couteau dans la plaie, à exhumer ce qui fait mal et dessert la réputation d'un audiovisuel décadent depuis 31 ans.
Ainsi, La Comète fut l'ultime fiction télévisée réalisée par Claude Santelli (1996). Cette coproduction entre Arte et France 2 trouva certes grâce auprès de la première citée, qui la programma dès décembre 1996. Par contre, pusillanime car jugeant le sujet trop noir (la superstition entourant le passage de la comète de Halley dans la France du XVIIIe siècle avec le combat des Lumières, de la Raison, contre l'obscurantisme - accessoirement, l'intrigue tournait autour d'une jeune aveugle), France 2 refusa catégoriquement toute diffusion sur son antenne, refilant La Comète, au bout de quatre années, à TV 5, qui n'est pas une chaîne hertzienne. Cette affaire est plus que significative puisque s'y manifeste déjà le refus du costume antérieur au XXe siècle dans les fictions françaises (les téléfilms historiques non contemporains étant jugés, depuis les saturations programmatiques du bicentenaire de la Révolution en 1989, contre-productives en matière d'audimat) ainsi, chose bien plus grave, qu'une occultation, une éclipse de la vulgarisation du discours pédagogique du Siècle des Lumières, ce qui allait mener aux tragédies sanglantes de 2015-2016. Or, nous savons que Claude Santelli était profondément attaché à la transmission du savoir scolaire, de la culture, telle qu'autrefois on la définissait, via la vulgarisation que la télévision semblait représenter, outil considéré comme idéal dans les années 1960. Voie d'excellence, de vocations, que l'on a bien oubliée !
Le problème de La Musique de l'Amour, en 1995, se résuma à de basses questions d'audience. Le premier téléfilm de la série, était consacré à la rencontre entre Robert Schumann et Clara Wieck (interprétée par Isabelle Carré).
Certes, il faut reconnaître que cette fiction souffrait d'un tournage avec des acteurs d'Europe de l'Est, pas toujours bien doublés, pratique qui persista en notre télé jusqu'au début des années 2000 et donna tout de même deux chefs-d'oeuvre : Mademoiselle Else (2002) qui révéla Julie Delarme, et Ceux qui aiment ne meurent jamais (2004) de et avec Christophe Malavoy.
L'insuccès notoire du téléfilm consacré aux amours du couple Schumann poussa France Télévisions à ajourner définitivement la diffusion des deux autres volets de la série, sur Debussy (Chouchou)
avec François Marthouret et Thérèse Liotard et Beethoven, un amour inachevé, avec Amira Casar. Naturellement, ce furent les chaînes du satellite qui finirent par rattraper le coup, dans la première décennie de notre siècle. L'affaire Chouchou est d'une gravité extrême : pour la première fois depuis l'occupation nazie et Pension Jonas de Pierre Caron avec Pierre Larquey, un film se trouvait accusé d'imbécillité pour justifier son interdiction, sa non diffusion. Car Chouchou, selon les critiques de 1995, était un titre idiot, qui désignait Debussy seul, en tant que "chouchou" de ces dames... La médiocrité en matière de connaissances historiques de ceux qui fustigèrent cette oeuvre somme toute plaisante était telle que nul n'avait compris que ce titre soi-disant stupide désignait la propre fille du musicien !
Il y eut enfin le fameux docu-fiction produit par Endemol en 2005-2006 sur Joséphine de Beauharnais avec Astrid Veillon dans le rôle titre... qui ne passa qu'en Belgique, à la fin de l'année 2006 (source IMDb). Sans doute cette seule diffusion belge s'explique par la nationalité du réalisateur, Jean-Marc Vervoort.
Vous n'êtes pas sans savoir que les docus-fictions eurent le vent en poupe au début de notre siècle. De purs chefs-d'oeuvre émaillèrent çà et là nos grilles de chaînes. Rappelons quelques titres notoires :
- La Véritable histoire de Barbe-Noire (2005 diffusé sur F2) de Richard Dale et Tilman Remme que la critique salua en son temps (c'était avant le rejet systématique du costume antérieur fictionnel dans les niches écologiques des diverses fachosphères de France, de Pologne, de Hongrie ou d'ailleurs obsédées par le "récit national" et la réécriture falsificatrice de la Vérité historique) ;
- L'An Mil, chronique de la fin du monde, de Jacques Barsac (1999, diffusé en 2000 sur F3) ;
- Luther contre le pape (2003), de Jean-François Delassus (chef-d'oeuvre jubilatoire absolu) ;
- Austerlitz, la victoire en marchant (2005), du même réalisateur auquel on doit, en 1977-78, certains des mythiques téléfilms des Samedis de l'Histoire sur FR3 ;
- La Forteresse assiégée (2006), de Gérard Mordillat (il s'agit du siège de la citadelle de Bitche par les Prussiens en 1870, vue par un simple soldat français).
Les trois derniers titres énumérés passèrent sur Arte, une Arte moins soumise alors aux sirènes branchées de la bobosphère pro LGBT queer et pro végan qui a oublié que mai-68 fut aussi une révolution sociale, ouvrière (la dernière), non pas simplement sociétale comme les vestes retournées en faveur du système de Friedrich Hayek veulent nous le faire accroire et vont peut-être nous le marteler sans fin en 2018 à nous en abrutir le crâne. En 1985, Philippe Alfonsi avait su nous le rappeler dans sa remarquable émission Histoire d'un jour qui fut évidemment supprimée par le premier gouvernement pro-thatchérien de cohabitation. Je songe aussi à ce qu'auraient pu donner des docus-fictions consacrés à Dickens, Diderot et l'Encyclopédie ou même Baudelaire si Arte avait daigné conserver son ancienne ligne éditoriale. Mais revenons à nos oignons...
Si on lit attentivement l'article que Wikipedia consacre au Joséphine, tout imparfait qu'il soit, on peut lire ceci :
La même année, il développe pour Jean-Luc Delarue, un nouveau concept de série historique dont il tourne le pilote « JOSEPHINE ». Ce docu-fiction est basé sur le montage multi-sources de plusieurs films de fictions. Il reçoit dans ce cadre là, le prix de la création au festival du docu-fiction de DAX.
Cette oeuvre audiovisuelle, innovante, reçut donc un prix, ce qui ne l'empêcha pas de n'être jamais programmée chez nous ! La disgrâce et la mort de Jean-Luc Delarue, survenues plusieurs années après, n'expliquent pas l'invisibilité définitive de cette fiction en costumes antérieurs sur nos chaînes. Le cas rappelle curieusement ce film d'Al Pacino, Wilde Salomé, avec Jessica Chastain, présenté à Venise en 2011 et jamais exploité commercialement.
Il annonce aussi ce qui est en train de se passer pour notre malheureuse sixième saison de Nicolas Le Floch : une diffusion à l'étranger tandis qu'en France, elle continue de demeurer scandaleusement invisible.
Car c'est là que le scandale désormais réside : ces épisodes tant attendus chez nous ont bien été programmés quelque part, mais outre-Atlantique. Oui, vous avez bien lu : la chaîne publique américaine PBS a diffusé en avril 2017 Le Cadavre anglais et Le Noyé du Grand Canal. Un internaute était parvenu, début juillet, à inscrire sur son compte YouTube les deux téléfilms susnommés qui parvinrent à être visionnés 5000 et quelques fois. Las, autour du 25 août, ce compte a été fermé, et toutes les vidéos supprimées. L'internaute en question enfreignait la loi...
Mais, Madame Ernotte - je m'adresse désormais solennellement à vous - n'est-ce pas enfreindre la loi que de ne jamais programmer ces téléfilms pour la réalisation desquels j'ai signé une pétition afin de sauver la série en compagnie de milliers d'autres signataires ? N'est-ce pas enfreindre la loi que de gaspiller les deniers publics (ô, Cour des Comptes, interviens s'il te plaît dans l'affaire !) en prétextant la non conformité de ces deux téléfilms avec la ligne éditoriale actuelle de France Télévisions vouée à la seule contemporanéité ? N'est-ce pas enfreindre la loi que de faire fi des internautes qui ont signé la pétition, attendent toujours tout en continuant de payer servilement la redevance ?
N'est-ce pas enfreindre la loi de dresser le constat que - du fait d'une non programmation - lesdits deux épisodes ultimes de Nicolas Le Floch se retrouvent privés du dépôt légal obligatoire des vidéogrammes à la BNF et d'un enregistrement et archivage à l'INA ?
Oui, Madame Ernotte, je vous le dis : vous enfreigniez les articles L.131-1 et L.131-2 du code du patrimoine.
Que dit justement l'article L.131-2 ?
Les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d'édition ou de diffusion, font l'objet d'un dépôt obligatoire, dénommé dépôt légal, dès lors qu'ils sont mis à la disposition d'un public.(souligné par nous) Toutefois, les documents destinés à une première exploitation en salles de spectacles cinématographiques sont soumis à l'obligation de dépôt légal dès lors qu'ils ont obtenu le visa d'exploitation cinématographique prévu à l'article L. 211-1 du code du cinéma et de l'image animée.
Les logiciels et les bases de données sont soumis à l'obligation de dépôt légal dès lors qu'ils sont mis à disposition d'un public par la diffusion d'un support matériel, quelle que soit la nature de ce support.
Sont également soumis au dépôt légal les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l'objet d'une communication au public par voie électronique. (source : Légifrance)
Une non diffusion télé des Nicolas Le Floch équivaut à une non mise à la disposition du public... qui s'acquitte de la redevance et des impôts. Pas de programmation sur France 2, pas de dépôt légal qui tienne, puis pas d'Ina ! Pas de DVD, pas de VOD etc. Aberration !
Jusqu'à présent, seuls L'Huma (en février dernier) et moi-même (dès août 2016) s'étaient préoccupés de l'invisibilité télé persistante du Cadavre anglais et consort, eu égard aux dates de tournage... Allongement pernicieux des délais sous prétexte d'une annulation définitive de la série, comme pour Le Tribunal de l'Impossible en 1974. Devrons-nous attendre 28 ans après le tournage du dernier épisode, c'est-à-dire 2043, comme pour Enquête posthume sur un vaisseau fantôme ? Au fait, y aura-t-il encore une humanité, mieux une Terre habitable en 2043 ?
Désormais, la vague d'impatience monte, et des forums Internet, en particulier sur Facebook sont consacrés à cette non-programmation. La Compagnie des Phares et Balises, coproductrice de la série, garde encore l'espoir d'une proche programmation en première partie de soirée. Débrouillez-vous, Madame Ernotte, pour dénicher deux créneaux à des heures raisonnables. Ce ne seront que deux semaines sur cinquante-deux consacrées à du costume fictionnel antérieur au XXe siècle (sous Patrick de Carolis, c'était toutes les semaines...).
Alors, pas de fausse promesse embarrassée (je veux bien programmer prochainement ces téléfilms, mais il faut que je leur trouve un créneau compatible avec notre ligne éditoriale : ainsi puis-je me permettre de résumer votre laïus phraséologique sur le Net). Evitez que, pour obtenir gain de cause, les téléspectateurs exaspérés en viennent à recourir au Conseil d'Etat ou au Défenseur des Droits (encore faut-il que ces deux institutions soient compétentes dans ce type de litige, de contentieux, sinon, ce sera la saisine du Tribunal des Conflits pour trancher).
Souvenez-vous, Madame, que, tels vos prédécesseurs, vous êtes assise sur un siège éjectable (comme un esclave rappelait à César, chaque fois qu'il célébrait son triomphe, qu'il fallait qu'il se souvînt de son statut de personne mortelle).
Prochainement : adieu au musée de la poupée.
Ainsi, La Comète fut l'ultime fiction télévisée réalisée par Claude Santelli (1996). Cette coproduction entre Arte et France 2 trouva certes grâce auprès de la première citée, qui la programma dès décembre 1996. Par contre, pusillanime car jugeant le sujet trop noir (la superstition entourant le passage de la comète de Halley dans la France du XVIIIe siècle avec le combat des Lumières, de la Raison, contre l'obscurantisme - accessoirement, l'intrigue tournait autour d'une jeune aveugle), France 2 refusa catégoriquement toute diffusion sur son antenne, refilant La Comète, au bout de quatre années, à TV 5, qui n'est pas une chaîne hertzienne. Cette affaire est plus que significative puisque s'y manifeste déjà le refus du costume antérieur au XXe siècle dans les fictions françaises (les téléfilms historiques non contemporains étant jugés, depuis les saturations programmatiques du bicentenaire de la Révolution en 1989, contre-productives en matière d'audimat) ainsi, chose bien plus grave, qu'une occultation, une éclipse de la vulgarisation du discours pédagogique du Siècle des Lumières, ce qui allait mener aux tragédies sanglantes de 2015-2016. Or, nous savons que Claude Santelli était profondément attaché à la transmission du savoir scolaire, de la culture, telle qu'autrefois on la définissait, via la vulgarisation que la télévision semblait représenter, outil considéré comme idéal dans les années 1960. Voie d'excellence, de vocations, que l'on a bien oubliée !
Le problème de La Musique de l'Amour, en 1995, se résuma à de basses questions d'audience. Le premier téléfilm de la série, était consacré à la rencontre entre Robert Schumann et Clara Wieck (interprétée par Isabelle Carré).
Certes, il faut reconnaître que cette fiction souffrait d'un tournage avec des acteurs d'Europe de l'Est, pas toujours bien doublés, pratique qui persista en notre télé jusqu'au début des années 2000 et donna tout de même deux chefs-d'oeuvre : Mademoiselle Else (2002) qui révéla Julie Delarme, et Ceux qui aiment ne meurent jamais (2004) de et avec Christophe Malavoy.
L'insuccès notoire du téléfilm consacré aux amours du couple Schumann poussa France Télévisions à ajourner définitivement la diffusion des deux autres volets de la série, sur Debussy (Chouchou)
avec François Marthouret et Thérèse Liotard et Beethoven, un amour inachevé, avec Amira Casar. Naturellement, ce furent les chaînes du satellite qui finirent par rattraper le coup, dans la première décennie de notre siècle. L'affaire Chouchou est d'une gravité extrême : pour la première fois depuis l'occupation nazie et Pension Jonas de Pierre Caron avec Pierre Larquey, un film se trouvait accusé d'imbécillité pour justifier son interdiction, sa non diffusion. Car Chouchou, selon les critiques de 1995, était un titre idiot, qui désignait Debussy seul, en tant que "chouchou" de ces dames... La médiocrité en matière de connaissances historiques de ceux qui fustigèrent cette oeuvre somme toute plaisante était telle que nul n'avait compris que ce titre soi-disant stupide désignait la propre fille du musicien !
Il y eut enfin le fameux docu-fiction produit par Endemol en 2005-2006 sur Joséphine de Beauharnais avec Astrid Veillon dans le rôle titre... qui ne passa qu'en Belgique, à la fin de l'année 2006 (source IMDb). Sans doute cette seule diffusion belge s'explique par la nationalité du réalisateur, Jean-Marc Vervoort.
Vous n'êtes pas sans savoir que les docus-fictions eurent le vent en poupe au début de notre siècle. De purs chefs-d'oeuvre émaillèrent çà et là nos grilles de chaînes. Rappelons quelques titres notoires :
- La Véritable histoire de Barbe-Noire (2005 diffusé sur F2) de Richard Dale et Tilman Remme que la critique salua en son temps (c'était avant le rejet systématique du costume antérieur fictionnel dans les niches écologiques des diverses fachosphères de France, de Pologne, de Hongrie ou d'ailleurs obsédées par le "récit national" et la réécriture falsificatrice de la Vérité historique) ;
- L'An Mil, chronique de la fin du monde, de Jacques Barsac (1999, diffusé en 2000 sur F3) ;
- Luther contre le pape (2003), de Jean-François Delassus (chef-d'oeuvre jubilatoire absolu) ;
- Austerlitz, la victoire en marchant (2005), du même réalisateur auquel on doit, en 1977-78, certains des mythiques téléfilms des Samedis de l'Histoire sur FR3 ;
- La Forteresse assiégée (2006), de Gérard Mordillat (il s'agit du siège de la citadelle de Bitche par les Prussiens en 1870, vue par un simple soldat français).
Les trois derniers titres énumérés passèrent sur Arte, une Arte moins soumise alors aux sirènes branchées de la bobosphère pro LGBT queer et pro végan qui a oublié que mai-68 fut aussi une révolution sociale, ouvrière (la dernière), non pas simplement sociétale comme les vestes retournées en faveur du système de Friedrich Hayek veulent nous le faire accroire et vont peut-être nous le marteler sans fin en 2018 à nous en abrutir le crâne. En 1985, Philippe Alfonsi avait su nous le rappeler dans sa remarquable émission Histoire d'un jour qui fut évidemment supprimée par le premier gouvernement pro-thatchérien de cohabitation. Je songe aussi à ce qu'auraient pu donner des docus-fictions consacrés à Dickens, Diderot et l'Encyclopédie ou même Baudelaire si Arte avait daigné conserver son ancienne ligne éditoriale. Mais revenons à nos oignons...
Si on lit attentivement l'article que Wikipedia consacre au Joséphine, tout imparfait qu'il soit, on peut lire ceci :
La même année, il développe pour Jean-Luc Delarue, un nouveau concept de série historique dont il tourne le pilote « JOSEPHINE ». Ce docu-fiction est basé sur le montage multi-sources de plusieurs films de fictions. Il reçoit dans ce cadre là, le prix de la création au festival du docu-fiction de DAX.
Cette oeuvre audiovisuelle, innovante, reçut donc un prix, ce qui ne l'empêcha pas de n'être jamais programmée chez nous ! La disgrâce et la mort de Jean-Luc Delarue, survenues plusieurs années après, n'expliquent pas l'invisibilité définitive de cette fiction en costumes antérieurs sur nos chaînes. Le cas rappelle curieusement ce film d'Al Pacino, Wilde Salomé, avec Jessica Chastain, présenté à Venise en 2011 et jamais exploité commercialement.
Il annonce aussi ce qui est en train de se passer pour notre malheureuse sixième saison de Nicolas Le Floch : une diffusion à l'étranger tandis qu'en France, elle continue de demeurer scandaleusement invisible.
Car c'est là que le scandale désormais réside : ces épisodes tant attendus chez nous ont bien été programmés quelque part, mais outre-Atlantique. Oui, vous avez bien lu : la chaîne publique américaine PBS a diffusé en avril 2017 Le Cadavre anglais et Le Noyé du Grand Canal. Un internaute était parvenu, début juillet, à inscrire sur son compte YouTube les deux téléfilms susnommés qui parvinrent à être visionnés 5000 et quelques fois. Las, autour du 25 août, ce compte a été fermé, et toutes les vidéos supprimées. L'internaute en question enfreignait la loi...
Mais, Madame Ernotte - je m'adresse désormais solennellement à vous - n'est-ce pas enfreindre la loi que de ne jamais programmer ces téléfilms pour la réalisation desquels j'ai signé une pétition afin de sauver la série en compagnie de milliers d'autres signataires ? N'est-ce pas enfreindre la loi que de gaspiller les deniers publics (ô, Cour des Comptes, interviens s'il te plaît dans l'affaire !) en prétextant la non conformité de ces deux téléfilms avec la ligne éditoriale actuelle de France Télévisions vouée à la seule contemporanéité ? N'est-ce pas enfreindre la loi que de faire fi des internautes qui ont signé la pétition, attendent toujours tout en continuant de payer servilement la redevance ?
N'est-ce pas enfreindre la loi de dresser le constat que - du fait d'une non programmation - lesdits deux épisodes ultimes de Nicolas Le Floch se retrouvent privés du dépôt légal obligatoire des vidéogrammes à la BNF et d'un enregistrement et archivage à l'INA ?
Oui, Madame Ernotte, je vous le dis : vous enfreigniez les articles L.131-1 et L.131-2 du code du patrimoine.
Que dit justement l'article L.131-2 ?
Les documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels, multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d'édition ou de diffusion, font l'objet d'un dépôt obligatoire, dénommé dépôt légal, dès lors qu'ils sont mis à la disposition d'un public.(souligné par nous) Toutefois, les documents destinés à une première exploitation en salles de spectacles cinématographiques sont soumis à l'obligation de dépôt légal dès lors qu'ils ont obtenu le visa d'exploitation cinématographique prévu à l'article L. 211-1 du code du cinéma et de l'image animée.
Les logiciels et les bases de données sont soumis à l'obligation de dépôt légal dès lors qu'ils sont mis à disposition d'un public par la diffusion d'un support matériel, quelle que soit la nature de ce support.
Sont également soumis au dépôt légal les signes, signaux, écrits, images, sons ou messages de toute nature faisant l'objet d'une communication au public par voie électronique. (source : Légifrance)
Une non diffusion télé des Nicolas Le Floch équivaut à une non mise à la disposition du public... qui s'acquitte de la redevance et des impôts. Pas de programmation sur France 2, pas de dépôt légal qui tienne, puis pas d'Ina ! Pas de DVD, pas de VOD etc. Aberration !
Jusqu'à présent, seuls L'Huma (en février dernier) et moi-même (dès août 2016) s'étaient préoccupés de l'invisibilité télé persistante du Cadavre anglais et consort, eu égard aux dates de tournage... Allongement pernicieux des délais sous prétexte d'une annulation définitive de la série, comme pour Le Tribunal de l'Impossible en 1974. Devrons-nous attendre 28 ans après le tournage du dernier épisode, c'est-à-dire 2043, comme pour Enquête posthume sur un vaisseau fantôme ? Au fait, y aura-t-il encore une humanité, mieux une Terre habitable en 2043 ?
Désormais, la vague d'impatience monte, et des forums Internet, en particulier sur Facebook sont consacrés à cette non-programmation. La Compagnie des Phares et Balises, coproductrice de la série, garde encore l'espoir d'une proche programmation en première partie de soirée. Débrouillez-vous, Madame Ernotte, pour dénicher deux créneaux à des heures raisonnables. Ce ne seront que deux semaines sur cinquante-deux consacrées à du costume fictionnel antérieur au XXe siècle (sous Patrick de Carolis, c'était toutes les semaines...).
Alors, pas de fausse promesse embarrassée (je veux bien programmer prochainement ces téléfilms, mais il faut que je leur trouve un créneau compatible avec notre ligne éditoriale : ainsi puis-je me permettre de résumer votre laïus phraséologique sur le Net). Evitez que, pour obtenir gain de cause, les téléspectateurs exaspérés en viennent à recourir au Conseil d'Etat ou au Défenseur des Droits (encore faut-il que ces deux institutions soient compétentes dans ce type de litige, de contentieux, sinon, ce sera la saisine du Tribunal des Conflits pour trancher).
Souvenez-vous, Madame, que, tels vos prédécesseurs, vous êtes assise sur un siège éjectable (comme un esclave rappelait à César, chaque fois qu'il célébrait son triomphe, qu'il fallait qu'il se souvînt de son statut de personne mortelle).
Prochainement : adieu au musée de la poupée.
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