L'an du seigneur 660, Romuléon fut couronné roi. Timoléon succéda à Romuléon. Napoléon succéda à Timoléon. Gaston de Saxe succéda à Napoléon. En tout, les règnes de ces quatre monarques n'excéda pas un lustre. (Egbert le boiteux : Annales du royaume de Zenda)
L'an du seigneur 880, Knut à la moustache bleue s'empara du trône. Cet usurpateur ne règna que peu de temps, comme nombre de ses prédécesseurs. (Egbert le boiteux : Annales du royaume de Zenda)
Ils représentent une poignée de romans insuffisamment remarqués, pourtant publiés chacun en la prestigieuse collection blanche de Gallimard, entre janvier et juin 2016. L'absence d'enjeu, de prix littéraire important, justifiait-elle que nos critiques institués ignorassent ces ouvrages ?
Citons pêle-mêle : Tout a une fin, Drieu, de Gérard Guégan,
paru le 2 mai 2016, L'Année pensionnaire, d'Isabelle Lortholary,
paru le 11 mai 2016, Je ne pense plus voyager (récit sur Charles de Foucauld) de François Sureau,
publié le 3 mars 2016, Otage de marque, d'Antoine Billot,
publié le 11 février 2016 et L'Odyssée de Rosario de Pierre-Yves Leprince,
paru le 2 juin 2016.
Quel sort partagent ces titres ? Qu'ont-ils en commun ? Je répondrais qu'en dehors d'Internet et de quelques revues ciblées ou douteuses (plus ou moins ambiguës voire "fascisantes" pour certaines, écrirais-je) ils n'ont eu aucun écho critique ou à peu près... Par exemple, Jérôme Garcin, fut, en son blog de bibliobs, un des rares critiques exempt de reproche politique et n'officiant pas sur des sites plus ou moins "pourris" ou des revues infâmes à avoir eu le courage de critiquer le roman de Gérard Guégan, qui parlait d'un épisode imaginaire de la fin de vie (juste avant son suicide) de l'écrivain collaborationniste et patron de la NRF Pierre Drieu La Rochelle.
Bien d'autres livres (lorsqu'on en a causé) se sont retrouvés condamnés à un catalogage critique dans des médias abjects, tout cela parce que ceux que je nomme la bande des quatre (Le Monde des livres, Télérama, Lire et Le Magazine littéraire) s'en sont moqués comme d'une guigne...
Sans parler du récit de François Sureau, qui a presque été réduit à la presse catholique convaincue d'avance,
force est de constater un certain principe de répétition dans la négligence entourant un bon quart de la production romanesque française ou francophone de notre plus grand éditeur français en sa blanche collection... Répétition, parce qu'il est indéniable qu'aucun des livres traités en cet article ne couvrait et n'abordait de thèmes archi contemporains et présentistes abusifs. Ils rejoignent la cohorte de tous ces romans historicistes de Gallimard condamnés au non-prix littéraire, ainsi que nous l'avons vu pour Règne animal de Jean-Baptiste del Amo sur lequel pesait la tare de ne pas se dérouler au XXIe siècle...
Gérard Guégan nous parle de collaboration et résistance, Antoine Billot de la captivité de Léon Blum
à Buchenwald et de sa rencontre avec Jeanne, veuve d'Henri Reichenbach, qu'il épouse en troisièmes noces. Durant sa captivité, il écrit son ouvrage fondamental : A l'échelle humaine, titre repris en hommage lors d'un téléfilm sciemment ignoré et occulté, perdu sans doute, qui fut diffusé sous les railleries thatchériennes ignobles du premier gouvernement de cohabitation, sur TFI, chaîne déjà en perdition publique et culturelle, à l'occasion des célébrations du cinquantenaire du Front populaire, le tout pour une audience infime et honteuse... Le grand comédien Alain Mottet
y interprétait Léon Blum. Pierre Bourgeade et Jacques Rutman étaient les rélisateurs de cette oeuvre, rendue à jamais invisible et ce, intentionnellement...
Pierre-Yves Leprince, fringant septuagénaire, nous a accoutumés à la rétromanie avec ses deux volumes précédents consacrés aux délicieuses enquêtes imaginaires de Marcel Proust. Avec Rosario, paysan de Sicile, personnage extraordinaire, hors du commun, il nous conte une vie d'aventures, une odyssée sur fond d'histoire du XXe siècle. Quant à Isabelle Lortholary, elle nous plonge dans un passé si loin, si proche : les années 1970, dans un pensionnat de jeunes filles comme il pouvait en exister encore après mai-68. L'aspect rétro savoureux du livre, digne du Diabolo menthe de Diane Kurys, et son saphisme feutré ont dû indisposer les juges littéraires accoutumés à la crudité crasse et trash...
Si le faible impact médiatique des ouvrages d'Antoine Billot et de Gérard Guégan, au vu de la période qu'ils abordent, me paraît impardonnable, inexcusable et incompréhensible, on pouvait par contre s'attendre avec logique au silence entourant le récit que François Sureau consacra à celui que d'aucuns considèrent encore de nos jours, ô image réductrice, comme une figure du colonialisme raciste à oublier d'urgence. C'est assimiler Charles de Foucauld aux seuls crimes de la colonisation, qu'il ne commit pas. Nous sommes loin de la vision chrétienne humaniste que Jijé développa dans sa biographie dessinée de Charles de Foucauld parue en 1959 dans Spirou. Un précédent a existé en 2011 : le beau livre de Kebir-Mustapha Ammi,
Mardochée, dont l'accueil fut si froid, si inexistant, que Le Monde des livres ne lui consacra qu'un minuscule entrefilet. Nous vivions alors à l'ère de la pie grise élyséenne, fort célèbre pour haïr la grande littérature...Mardochée était le guide de Charles de Foucauld lorsqu'il explora le Maroc pour le compte du gouvernement français. Ce roman ne paraîtra jamais en poche, comme ceux de Jean-Pierre Ohl
ou Maja Brick. A cause d'un insuccès mercantile soigneusement cultivé. Il est heureux de constater qu'un écrivain d'origine marocaine, au nom musulman, se consacre à l'histoire romancée d'un guide juif, lorsqu'on sait, ainsi que je l'appris par Jijé, les vexations que subissait la minorité israélite à l'époque des sultans chérifiens d'avant le protectorat de Lyautey.
A une époque où recule l'intérêt pour l'histoire antérieure, pour la culture antérieure (y compris populaire comme l'a révélé emblématiquement le peu de traitement médiatique consacré par une certaine presse "élitiste" à la disparition du trompettiste de variétés Georges Jouvin, représentant d'une certaine culture de masse justement antérieure au déferlement de la pop anglo-saxonne), je vous invite à lire l'interview que le magazine Marianne a consacré à Régis Debray
en son numéro 1021-1022. Ce dernier révèle que, pour l'actuel président de la République, l'Histoire débute...en 1914. C'est pire chez d'autres énarques et bobos nous gouvernant : ils font démarrer l'Histoire en 1958 ou en mai 68. Pour les bobos, rien de ce qui précéda le pop art, Woodstock, les Beatles, Bob Dylan, Jimi Hendricks, Andy Warhol, les Stones et Mary Quant (qui inventa la minijupe) n'a d'importance... Le passé antérieur n'existe pas. Alors, pour eux, pas question de remonter de 13 milliards 732 millions d'années et de rechercher ce qu'il y avait avant le big bang ! Je laisse cette spéculation au grand physicien Etienne Klein !
Prochainement : reprise de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus. Le quinzième auteur traité sera Charles Vildrac.
Citons pêle-mêle : Tout a une fin, Drieu, de Gérard Guégan,
paru le 2 mai 2016, L'Année pensionnaire, d'Isabelle Lortholary,
paru le 11 mai 2016, Je ne pense plus voyager (récit sur Charles de Foucauld) de François Sureau,
publié le 3 mars 2016, Otage de marque, d'Antoine Billot,
publié le 11 février 2016 et L'Odyssée de Rosario de Pierre-Yves Leprince,
paru le 2 juin 2016.
Quel sort partagent ces titres ? Qu'ont-ils en commun ? Je répondrais qu'en dehors d'Internet et de quelques revues ciblées ou douteuses (plus ou moins ambiguës voire "fascisantes" pour certaines, écrirais-je) ils n'ont eu aucun écho critique ou à peu près... Par exemple, Jérôme Garcin, fut, en son blog de bibliobs, un des rares critiques exempt de reproche politique et n'officiant pas sur des sites plus ou moins "pourris" ou des revues infâmes à avoir eu le courage de critiquer le roman de Gérard Guégan, qui parlait d'un épisode imaginaire de la fin de vie (juste avant son suicide) de l'écrivain collaborationniste et patron de la NRF Pierre Drieu La Rochelle.
Bien d'autres livres (lorsqu'on en a causé) se sont retrouvés condamnés à un catalogage critique dans des médias abjects, tout cela parce que ceux que je nomme la bande des quatre (Le Monde des livres, Télérama, Lire et Le Magazine littéraire) s'en sont moqués comme d'une guigne...
Sans parler du récit de François Sureau, qui a presque été réduit à la presse catholique convaincue d'avance,
force est de constater un certain principe de répétition dans la négligence entourant un bon quart de la production romanesque française ou francophone de notre plus grand éditeur français en sa blanche collection... Répétition, parce qu'il est indéniable qu'aucun des livres traités en cet article ne couvrait et n'abordait de thèmes archi contemporains et présentistes abusifs. Ils rejoignent la cohorte de tous ces romans historicistes de Gallimard condamnés au non-prix littéraire, ainsi que nous l'avons vu pour Règne animal de Jean-Baptiste del Amo sur lequel pesait la tare de ne pas se dérouler au XXIe siècle...
Gérard Guégan nous parle de collaboration et résistance, Antoine Billot de la captivité de Léon Blum
à Buchenwald et de sa rencontre avec Jeanne, veuve d'Henri Reichenbach, qu'il épouse en troisièmes noces. Durant sa captivité, il écrit son ouvrage fondamental : A l'échelle humaine, titre repris en hommage lors d'un téléfilm sciemment ignoré et occulté, perdu sans doute, qui fut diffusé sous les railleries thatchériennes ignobles du premier gouvernement de cohabitation, sur TFI, chaîne déjà en perdition publique et culturelle, à l'occasion des célébrations du cinquantenaire du Front populaire, le tout pour une audience infime et honteuse... Le grand comédien Alain Mottet
y interprétait Léon Blum. Pierre Bourgeade et Jacques Rutman étaient les rélisateurs de cette oeuvre, rendue à jamais invisible et ce, intentionnellement...
Pierre-Yves Leprince, fringant septuagénaire, nous a accoutumés à la rétromanie avec ses deux volumes précédents consacrés aux délicieuses enquêtes imaginaires de Marcel Proust. Avec Rosario, paysan de Sicile, personnage extraordinaire, hors du commun, il nous conte une vie d'aventures, une odyssée sur fond d'histoire du XXe siècle. Quant à Isabelle Lortholary, elle nous plonge dans un passé si loin, si proche : les années 1970, dans un pensionnat de jeunes filles comme il pouvait en exister encore après mai-68. L'aspect rétro savoureux du livre, digne du Diabolo menthe de Diane Kurys, et son saphisme feutré ont dû indisposer les juges littéraires accoutumés à la crudité crasse et trash...
Si le faible impact médiatique des ouvrages d'Antoine Billot et de Gérard Guégan, au vu de la période qu'ils abordent, me paraît impardonnable, inexcusable et incompréhensible, on pouvait par contre s'attendre avec logique au silence entourant le récit que François Sureau consacra à celui que d'aucuns considèrent encore de nos jours, ô image réductrice, comme une figure du colonialisme raciste à oublier d'urgence. C'est assimiler Charles de Foucauld aux seuls crimes de la colonisation, qu'il ne commit pas. Nous sommes loin de la vision chrétienne humaniste que Jijé développa dans sa biographie dessinée de Charles de Foucauld parue en 1959 dans Spirou. Un précédent a existé en 2011 : le beau livre de Kebir-Mustapha Ammi,
Mardochée, dont l'accueil fut si froid, si inexistant, que Le Monde des livres ne lui consacra qu'un minuscule entrefilet. Nous vivions alors à l'ère de la pie grise élyséenne, fort célèbre pour haïr la grande littérature...Mardochée était le guide de Charles de Foucauld lorsqu'il explora le Maroc pour le compte du gouvernement français. Ce roman ne paraîtra jamais en poche, comme ceux de Jean-Pierre Ohl
ou Maja Brick. A cause d'un insuccès mercantile soigneusement cultivé. Il est heureux de constater qu'un écrivain d'origine marocaine, au nom musulman, se consacre à l'histoire romancée d'un guide juif, lorsqu'on sait, ainsi que je l'appris par Jijé, les vexations que subissait la minorité israélite à l'époque des sultans chérifiens d'avant le protectorat de Lyautey.
A une époque où recule l'intérêt pour l'histoire antérieure, pour la culture antérieure (y compris populaire comme l'a révélé emblématiquement le peu de traitement médiatique consacré par une certaine presse "élitiste" à la disparition du trompettiste de variétés Georges Jouvin, représentant d'une certaine culture de masse justement antérieure au déferlement de la pop anglo-saxonne), je vous invite à lire l'interview que le magazine Marianne a consacré à Régis Debray
en son numéro 1021-1022. Ce dernier révèle que, pour l'actuel président de la République, l'Histoire débute...en 1914. C'est pire chez d'autres énarques et bobos nous gouvernant : ils font démarrer l'Histoire en 1958 ou en mai 68. Pour les bobos, rien de ce qui précéda le pop art, Woodstock, les Beatles, Bob Dylan, Jimi Hendricks, Andy Warhol, les Stones et Mary Quant (qui inventa la minijupe) n'a d'importance... Le passé antérieur n'existe pas. Alors, pour eux, pas question de remonter de 13 milliards 732 millions d'années et de rechercher ce qu'il y avait avant le big bang ! Je laisse cette spéculation au grand physicien Etienne Klein !
Prochainement : reprise de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus. Le quinzième auteur traité sera Charles Vildrac.
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