A la fin des années 1980, je me souviens que les bulletins météo de TF1, alors fraîchement privatisée, étaient présentés par Michel Cardoze. Celui-ci y imposait sa forte présence, toute sa truculence moustachue et sa culture immense. Il aimait à ponctuer ses annonces climatiques de citations de Ramon Gomez de la Serna (1888-1963), écrivain espagnol d'avant-garde. Lorsque je sus que Michel Cardoze était proche du parti communiste, je compris qu'on l'avait relégué là, à la météo, parce que ses opinions politiques étaient antithétiques par rapport aux nouveaux dirigeants de la chaîne que je surnommais dès lors la "der". A partir de ce jour, je ne désignais plus Michel Cardoze que sous le sobriquet de "ça ou la porte", devenu promptement "la porte ou ça." (Souvenirs de Moa).
Il faut faire des échanges équitables : cent kilos de café contre cent camions ! (phrase attribuée à Georges Marchais, leader du PCF lors des émissions télé de la campagne officielle des élections présidentielles de 1981).
Lors existoit un chosmage de pression, de chantage, qui s'exerçoit à l'encontre du gouvernement, du Conseil d'en-haut, afin que le Roy fût convaincu qu'il devoit par un édit arbitraire, abroger le Code du travail afin de rétablir en lieu et place le sinistre Code noir de feu Mon Sieur Colbert. Le dit Code noir, loin de se contenter qu'on l'appliquât aux pièces d'ébène des isles à sucre, auroit désormais une portée universelle. Il auroit force de droit. (Mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon)
On licenciait pour licencier. (le nouveau Victor Hugo dans Cyber choses vues)
Il faut faire des échanges équitables : cent kilos de café contre cent camions ! (phrase attribuée à Georges Marchais, leader du PCF lors des émissions télé de la campagne officielle des élections présidentielles de 1981).
Lors existoit un chosmage de pression, de chantage, qui s'exerçoit à l'encontre du gouvernement, du Conseil d'en-haut, afin que le Roy fût convaincu qu'il devoit par un édit arbitraire, abroger le Code du travail afin de rétablir en lieu et place le sinistre Code noir de feu Mon Sieur Colbert. Le dit Code noir, loin de se contenter qu'on l'appliquât aux pièces d'ébène des isles à sucre, auroit désormais une portée universelle. Il auroit force de droit. (Mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon)
On licenciait pour licencier. (le nouveau Victor Hugo dans Cyber choses vues)
Sans le site de l'Académie française et l'article de Frédéric Vitoux Le Syndrome de Monsieur Perrichon, publié le 13 octobre 2015, jamais je n'aurais réalisé que la présence d'Eugène Labiche dans la série des écrivains rejetés par la France contemporaine coulait de source. Tout part d'un paradoxe : Eugène Labiche n'est nullement oublié : on continue de jouer ses pièces, certes pas toutes, mais on les joue, les plus notables, les plus célèbres dès son époque. Non, ici, les seuls responsables sont les pouvoirs publics qui, classant Labiche parmi les pionniers de la littérature boulevardière, du théâtre n'apportant rien à la littérature, l'ont confiné dans la non commémoration du bicentenaire de sa naissance le 6 mai 1815.
Son élection académique avait été fort mal vue, perçue, en l'an 1880, alors que sa production, sa créativité, s'étaient taries à compter de 1877 après La Clé.
Etrange Monsieur Labiche ! Comme Alexandre Dumas, Molière et Shakespeare, on lui a contesté la paternité de son oeuvre. Il travaillait avec des collaborateurs. Ses détracteurs étaient légion. Frédéric Vitoux écrit justement qu'aucun de ceux qui assistèrent notre dramaturge ne s'imposa en solo.
Non pas que le sieur Labiche eût eu besoin de tout un staff d'Auguste Maquet et autres Fréville à son service, d'un studio Hergé, Motti (le pape de Pif Gadget) ou Vandersteen (Bob et Bobette) à la sauce XIXe siècle. Nonobstant ces critiques peu justifiées, Eugène Labiche fut toujours servi par des comédiens remarquables, bien qu'on eût abusé autrefois à son encontre d'adaptations cinématographiques poussives, paresseuses, qui n'apportaient rien à sa gloire posthume. Par contre, l'étrange lucarne ne lui nuisit pas, au contraire. Je pense ici au Voyage de Monsieur Perrichon
de Jean Le Poulain, diffusé à la télévision en 1982. Jean Le Poulain, né à Marseille (1924-1988),
fut mon acteur et metteur en scène de théâtre comique préféré, avant que ne le supplantât en mon coeur l'extraordinaire et sous-estimé René Clermont (1921-1994), qui sera à jamais Antoine de Beaupréau, faire-valoir et âme damnée de Sir Williams alias Jean Topart dans l'adaptation de Rocambole par Jean-Pierre Decourt pour l'ORTF entre 1964 et 1966.
Perrichon vu par Jean Le Poulain me fit passer un excellent moment, que je ne regrette pas. Dès le début des années 1960, d'aucuns se plaignaient qu'on ne jouait que quelques pièces de Labiche, toujours les mêmes titres. Outre l'incontournable Perrichon, force est de constater qu'on trouvait peu ou prou d'autres pièces que les éternels Un chapeau de paille d'Italie et L'Affaire de la rue de Lourcine oeuvres auxquelles on peut à la rigueur ajouter Les Deux Timides et l'opérette Embrassons-nous Foleville.
De fait, sur 176 pièces à son actif, Eugène Labiche n'en aurait écrites que 4 en solo :
- Un jeune homme pressé (1848)
- Un garçon de chez Véry (1850)
- Le Petit Voyage (1868)
- 29 degrés à l'ombre (1873)
Que conclure ? Qu'un écrivain peut demeurer relativement populaire, persister dans la mémoire des peuples pour seulement quelques titres de ses oeuvres ? Qu'Eugène Labiche est tout autant excusable qu'Alexandre Dumas, parce que la notion de droits d'auteur demeurait encore balbutiante au mitan du XIXe siècle ? Que nul n'est prophète en son pays et en son temps ?
Les pouvoirs publics, qui négligent tant de commémorations (nous l'avions constaté en ce même blog en 2013 pour Diderot), mésestiment-ils Labiche, ne le considèrent-ils au mieux que comme un bon faiseur ? Ses pièces ont-elles le tort d'être avant tout plaisantes, divertissantes, de résister à la notion intellectuelle de théâtre à thèse, complexe, destiné à susciter la réflexion, bref, de manquer de profondeur ? Doit-on en ce cas brûler toutes les pièces de boulevard et au-delà, la plupart des comédies de Molière pour ne retenir que Dom Juan, Le Misanthrope ou Tartuffe ?
Le rire aurait-il mauvaise presse au XXIe siècle, surtout lorsqu'il est trop lisse, trop gentillet, pas assez provocateur et critique, pas assez acide, acerbe ? Peut-on de nos jours être sans prétention, mieux, afficher une désinvolture de dandy flegmatique à la Oscar Wilde ?
Sachez-le, chers lecteurs et lectrices, nous rions moins de nos jours qu'il y a une centaine d'années, et c'est bien regrettable.
Après Labiche,
je compte aborder la poétesse Anna de Noailles. Ce sera au cours du mois de janvier 2016, pour un onzième numéro de ma série consacrée aux écrivains négligés par l'époque contemporaine (pour Labiche, cette négligence étant davantage officielle et limitée à la fréquence de représentation d'une poignée d'oeuvres qu'un indice, un symptôme marqueur de l'oubli d'un auteur).
En attendant, rendez-vous vous est donné pour un texte nouveau.
Good night and good luck, comme disait le journaliste Edward R. Murrow à la fin de chacune de ses émissions, au temps du maccarthysme.
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