Hayek über alles (paroles d'un partisan acharné de la libéralisation à outrance du secteur professionnel des taxis).
Je refuse de jouer sur d'autres pianos que ceux de Tartinovitch. (Hommage personnel au comédien Jean Temerson (1898-1956) qui interpréta le rôle de Tartinovitch dans le film Les Cinq sous de Lavarède en 1938)
Qui ne connaît le MUCEM de Marseille, ce fantastique musée hétéroclite et éclectique inauguré en grande pompe à l'occasion de "Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture ?"
Je refuse de jouer sur d'autres pianos que ceux de Tartinovitch. (Hommage personnel au comédien Jean Temerson (1898-1956) qui interpréta le rôle de Tartinovitch dans le film Les Cinq sous de Lavarède en 1938)
Qui ne connaît le MUCEM de Marseille, ce fantastique musée hétéroclite et éclectique inauguré en grande pompe à l'occasion de "Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture ?"
L'oeuvre architecturale est une réussite magistrale de Monsieur Rudy Ricciotti dont les affinités méditerranéennes ne sont plus à démontrer ( confèrent sa naissance à Kouba en Algérie en 1952 et l'établissement de ses pénates à Bandol dans le Var).
Je me refuse à polémiquer sur les rapports récents de la Cour des Comptes, sur les coûts de réalisation de l'oeuvre muséographique, même sur l'hétérogénéité des collections constatée de visu lors de mes visites de 2013 et 2014. Je suis décidé à renouveler mes séjours au MUCEM, qui offrira toujours une variété étonnante d'expositions fort intéressantes et jouissives intellectuellement. Entre autres pièces remarquable, le public peut admirer dans la galerie permanente "Méditerranée" une superbe charrette sicilienne chamarrée comme pour un corso, provenant des anciennes collections ethnographiques européennes du Musée de l'Homme, charrette qui fit l'admiration de mon grand-père en 1976.
En fait, ce qui m'embête, ce n'est pas le J 4 mais le Fort Saint-Jean, censé abriter ce que l'on veut bien montrer des restes acceptés de feu le musée des ATP. Disons-le sans fard, sans euphémisme, sans langue de bois : nada ou presque.
Il paraît que le Président de la République, lors de l'inauguration du MUCEM en juin 2013, aurait été le seul visiteur à pouvoir admirer dans leur intégralité les surfaces d'exposition du Fort Saint-Jean vouées à la thématique des arts et traditions populaires, nuitamment "le temps des loisirs". On dit que des fuites d'eau ont nécessité la fermeture de presque toutes les galeries (dont celle des officiers) devant être dédiées à ces collections. On dit qu'on remédiera peut-être un jour à cet état de fait. On dit que de toute manière, les visiteurs s'en fichent du moment qu'ils ont au Fort Saint-Jean un joli panorama à admirer, photographier, mettre sur des selfies. On dit, on dit... Sophisme !
De fait, le Fort Saint-Jean, en 2013-2014, se réduisait à une animation historique, à des pantins et marionnettes et à une (étonnante et réjouissante) maquette animée de cirque. Quid des ex collections venues du bâtiment de Georges Henri Rivière, fermé depuis septembre 2005 et devenu depuis un chicot, un chancre, une ruine noirâtre, espèce de blockhaus désaffecté jurant en plein bois de Boulogne, abri de SDF inavouable ?
Hé bien, ces collections "défuntes", enterrées dans des réserves à la Belle de Mai, ne sont idéologiquement ni exposables, ni conservables : les faire admirer au public, ce serait de facto sombrer dans la nostalgie paysanne volkisch, blubo, ou bleu Marine... Je vous invite à lire l'ouvrage que l'ancienne conservatrice Martine Segalen consacra aux éditions Stock à la Vie d'un musée (1937-2005), histoire magistrale de la genèse, du triomphe et de la décadence (mot souventes fois interdit de nos jours) du Musée national des Arts et Traditions populaires sis avenue du Mahatma Gandhi au bois de Boulogne, non loin du Jardin d'Acclimatation de sinistre mémoire coloniale. Exclu des médias, dénigré, le Musée des ATP n'eut droit par exemple durant les années 1990 qu'à un reportage télé unique consacré à une expo sur Astérix ! Il n'existait plus, on n'en causait jamais, donc, on n'allait pas le visiter : moins de 20 000 billets annuels vendus, à la fin, dans l'indifférence, le dénigrement et la haine. Georges Henri Rivière (1897-1985) fut accusé de complaisance pétainiste, du fait même des thématiques rurales privilégiées par la muséographie des ATP. En outre, on alla jusqu'à remettre en cause le choix ou parti pris muséologique qui métamorphosait les galeries des ATP en lieu éthéré, irréaliste et obombré. Qu'avaient à faire les visiteurs de ces costumes bretons sans mannequin pour les supporter, de ces coiffes paysannes fantomatiques et diaphanes suspendues dans le vide, lecture "folkloriste" d'un radical dépouillement évitant tout écueil kitch de reconstitution, tel par exemple en l'ancienne mouture du museon arlaten créé par Frédéric Mistral, donc de fait non Volkisch ! Or, l'accomplissement du rêve de Georges Henri Rivière coïncida avec la mort, l'effacement, de l'ancienne civilisation rurale. Il y avait désormais risque d'anachronisme, péril en une demeure à peine inaugurée, sur le tard (1975).
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le procès instruit contre cette oeuvre architecturale, ce musée originellement salué comme "d'avant-garde"? fut avant tout un procès pour déconnexion des nouvelles réalités socio-culturelles de la France contemporaine. L'histoire chaotique et mouvementée du musée des ATP, comme après lui celle du MUCEM, fut ponctuée de phénomènes, d'étapes démographiques et livresques significatifs :
- en 1931, lors du recensement, la population urbaine dépassa pour la première fois la rurale ;
- en 1947, le géographe Jean-François Gravier publia Paris et le désert français ;
- en 1967, le sociologue Henri Mendras prophétisa, dans un ouvrage fameux et juste, qui fit alors scandale La Fin des Paysans ;
- à compter de 1975, l'INSEE constata la fin, ou plutôt l'achèvement, l'accomplissement de l'exode rural en France tandis qu'au recensement de 1982, la catégorie socio-professionnelle des agriculteurs exploitants était tombée à 6,8 % des actifs ;
- enfin, le grand sociologue Jean-Pierre Le Goff, parachevant le tout, fit paraître, tel un éloge funèbre, La Fin du Village, une histoire française en 2012.
Tous ces événements, tous ces livres savants, ont condamné sans appel le musée des ATP à finir son existence dans un champ de ruines, à reposer en un cimetière dévasté des vieilles lunes. Le musée des ATP n'avait plus sa place dans la France ouverte, multiculturelle, multi-sexuelle et multiconfessionnelle, branchée en réseaux mondialisés dominés par un sabir globish, ancrée dans les cultures urbaines de masse (massification mercantile ?) du XXIe siècle. Une France vendue à l'ultralibéralisme d'Hayek et Friedman, sans nul complexe ou remords. Quid alors d'une institution muséale obsolète et rejetée ? Née trop tard, au terme des Trente Glorieuses ? Nous débouchâmes ainsi sur une tabula rasa assumée par les pouvoirs publics.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le procès instruit contre cette oeuvre architecturale, ce musée originellement salué comme "d'avant-garde"? fut avant tout un procès pour déconnexion des nouvelles réalités socio-culturelles de la France contemporaine. L'histoire chaotique et mouvementée du musée des ATP, comme après lui celle du MUCEM, fut ponctuée de phénomènes, d'étapes démographiques et livresques significatifs :
- en 1931, lors du recensement, la population urbaine dépassa pour la première fois la rurale ;
- en 1947, le géographe Jean-François Gravier publia Paris et le désert français ;
- en 1967, le sociologue Henri Mendras prophétisa, dans un ouvrage fameux et juste, qui fit alors scandale La Fin des Paysans ;
- à compter de 1975, l'INSEE constata la fin, ou plutôt l'achèvement, l'accomplissement de l'exode rural en France tandis qu'au recensement de 1982, la catégorie socio-professionnelle des agriculteurs exploitants était tombée à 6,8 % des actifs ;
- enfin, le grand sociologue Jean-Pierre Le Goff, parachevant le tout, fit paraître, tel un éloge funèbre, La Fin du Village, une histoire française en 2012.
Tous ces événements, tous ces livres savants, ont condamné sans appel le musée des ATP à finir son existence dans un champ de ruines, à reposer en un cimetière dévasté des vieilles lunes. Le musée des ATP n'avait plus sa place dans la France ouverte, multiculturelle, multi-sexuelle et multiconfessionnelle, branchée en réseaux mondialisés dominés par un sabir globish, ancrée dans les cultures urbaines de masse (massification mercantile ?) du XXIe siècle. Une France vendue à l'ultralibéralisme d'Hayek et Friedman, sans nul complexe ou remords. Quid alors d'une institution muséale obsolète et rejetée ? Née trop tard, au terme des Trente Glorieuses ? Nous débouchâmes ainsi sur une tabula rasa assumée par les pouvoirs publics.
Mais les ATP, ne l'oublions pas, c'était aussi l'histoire des mentalités, beaucoup enseignée en fac en Histoire moderne : l'école des Annales, Vovelle, Mandrou, Delumeau étaient-ils des institutions, des revues et professeurs fascistes pétainistes nostalgiques de "la terre qui ne ment pas"?
Le film biopic qu'Ariane Mnouchkine consacra à Molière en 1978 était-il néo-nazi Volkisch ?
Les travaux du grand historien Robert Muchembled sur la culture populaire ancienne étaient-ils Blut und Boden ?
Ils faisaient tous de l'Adorno quand les politiques se mirent à faire du Bourdieu : ce fut une volonté politique qui décida de laisser péricliter le musée des ATP prétendument décrété "ringard". C'est donc une volonté politique qui traîne les pieds dans la non exposition au Fort Saint-Jean de collections inavouables, suspectées de pétainisme attardé, ne correspondant pas à la conception même, au programme même du MUCEM. Tout cela s'appelle hélas de l'idéologie. Mieux, c'est une doxa, une phraséologie comme celle des ex staliniens et des ultralibéraux actuels.
Dommage...
Prochainement... Hé bien, nous verrons...
Prochainement... Hé bien, nous verrons...
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