Marcel Theroux : Corps variables
(éditions Feux Croisés Plon).
Par Christian Jannone.
Voilà un thriller littéraire à l’anglo-saxonne tels que je les
affectionne, et qui a du style ! Un livre qui flirte avec le surnaturel,
la singularité ; un ouvrage partant d’une recherche érudite autour d’un
auteur des Lumières d’outre-Manche : Samuel Johnson (1709-1784).
Souvenez-vous, amis cinéphiles : Kirk Douglas le citait dans Les Sentiers de la Gloire de Stanley
Kubrick.
Folie, substitution de personnalités, réincarnation, mensonge,
dissimulation, bluff, constituent l’épine dorsale de Corps variables. On finit par douter de l’identité du personnage
central, le professeur Nicholas Slopen, officiellement mort, mais bien présent,
dans une clinique psychiatrique : est-il celui dont il revendique le nom, a-t-il des souvenirs fabriqués, est-il
manipulé, je est-il un autre ? Qui dit vrai ? L’ésotérisme peut-il
tout se permettre ?
Jack est-il cet idiot savant, cet autiste enfermé dans sa sphère
imaginaire ou, plus aberrant, Samuel Johnson se serait-il réincarné en
lui ?
Nous sommes morts et en même
temps vivants. Paradoxe
insurmontable. A moins qu’une diabolique conspiration ayant la Russie pour
toile de fond préside à tout cela. Les révolutionnaires gnostiques, ces mystiques
fous purgés par Staline, qui jadis, influencèrent Tolstoï, sont de retour, mais
ils se sont adaptés aux contraintes du capitalisme global du XXIe siècle.
A vous de lire ce roman, dont je refuse de vous dévoiler le dénouement.
Ce serait trahir son auteur.
Si la critique anglo-saxonne vous intéresse, vous pouvez lire la critique américaine de ce roman sur le site du New York Times sous son titre original : Strange Bodies.
Prochainement, j'aborderai le problème de ces romans qui, bien que publiés aux éditions Gallimard, ne connaissent jamais les faveurs d'une réimpression en poche chez Folio.
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