samedi 21 mars 2015

Ces romans parus chez Gallimard qui ne sortent jamais en poche chez Folio.

J'ai souvenir qu'autrefois aux Guignols de l'info, la marionnette de François Mitterrand avait tendance à s'exprimer avec des aphérèses. Ainsi, elle coupait systématiquement la première syllabe du mot "imbécile", le prononçant "bécile". (Mémoires de Moa)

Chose incroyable, inconcevable, impensable mais tout à fait véridique : la publication d'un auteur dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard ne garantit ni le succès, ni l'édition ultérieure en poche !
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Ces ouvrages sont condamnés à l'oubli, à se morfondre, à une présence vestigiale sur le site du grand méchant loup Amazon, à un pourrissement graduel et regrettable, une chancissure par étapes dans les dépôts de livres.
Sont-ce de mauvais romans de gare ? Poser la question est déjà y répondre. Evidence, lapalissade, secret de Polichinelle ! C'est de très bons livres que je vais vous parler !
Comme presque tous les éditeurs, Gallimard c'est le moins que l'on puisse dire, ne joue pas la transparence lorsqu'on aborde le problème du tirage et des ventes réelles de ce qui n'appartiendra jamais à la catégorie des best sellers.
Ce n'est pas la Corée du Nord mais presque...
Et les victimes sont légions, naufragés littéraires déplorables, bouquins parfois superbes entachés de l'infamie, de la tare de l'échec commercial sans appel justifiant leur exclusion inique de l'univers du poche.
Les exemples que je connais sont proprement honteux, et fâcheusement, il s'agit pour la plupart du temps de romans non contemporains, dont l'action ne se déroule pas de nos jours, historiques en un mot, ces romans stigmatisés par une critique frileuse, une critique "autruche" qui les ignora, les bouda scandaleusement à leur sortie,ou, lorsqu'elle en parla en bien, n'assura pas leur succès. 
Le peuple lit peu. Il lit d'évidence de moins en moins, concentrant ses achats chiches sur une poignée de titres reflétant la situation sinistrée de l'édition française, pour ne pas écrire de la culture tout court. Et les favoris sont toujours les mêmes, des Paul Bourget du XXIe siècle qui ne survivront pas dans l'Histoire de la littérature. Des pondeurs de pages destinés à un oubli justifié...
Dois-je citer ces livres honteusement interdits de poche ?
Jetons-nous ! 
- Jean-Baptiste Evette : les Spadassins. Paru il y a déjà dix ans, jamais "poché". Bravo signori ! 
 http://www.babelio.com/users/AVT_Jean-Baptiste-Evette_3520.jpeg
- Jean-Pierre Ohl : Monsieur Dick ou le dixième livre. Sorti depuis 2004, et exclu du poche ! 
http://ecx.images-amazon.com/images/I/41218HYX5TL._SY344_BO1,204,203,200_.jpg
- Jean-Pierre Ohl : les Maîtres de Glenmarkie. Depuis 2008, cette oeuvre admirable se morfond dans l'attente désespérée de l'obtention du sésame Folio.
- Kebir Mustapha Ammi : Mardochée. Ce roman publié en 2011, qui ne suscita alors que de rares entrefilets critiques (dans un contexte odieux de refus viscéral de toute forme de roman historique qui empoisonna notre culture livresque de 2008 à 2013 sous l'impulsion d'un gnome qui exécrait La Princesse de Clèves), axé sur le récit du guide de Charles de Foucauld au Maroc, n'a strictement aucune chance d'être extirpé des abysses de l'oubli dans lesquels on le plongea sciemment et de paraître quelque jour prochain chez Folio.
 http://www.babelio.com/users/AVT_Kebir-Mustapha-Ammi_5126.jpeg
Maja Brick : Opéra anatomique. Une nouvelle fois, je suis bien obligé d'évoquer sur ce blog le cas d'école que constitue Opéra anatomique, victime en 2012 d'une conspiration du silence. Zéro critique (oui, vous avez bien lu : zéro !) y compris sur le site de Babelio ont été consacrées à ce roman tout à fait remarquable. Une injustice à réparer. 
http://www.babelio.com/users/AVT_Maja-Brick_1798.jpeg
Et il ne s'agit ici que de quelques exemples, pris dans ma bibliothèque personnelle. D'autres ouvrages, nombreux, pâtissent du désintérêt général de celles et ceux qui se prétendent cultivés, empreints de culture livresque. Sans oublier la masse hyper majoritaire des déculturés cocufiés et contents. Pour les autres romans, je songe tout particulièrement à Retrait de marché, de Quentin Ravelli.
A bientôt, pour un prochain billet.

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