samedi 28 mars 2015

Du scandale de la plaque d'Henri Dutilleux et accessoirement de son a-nécrologie du 22 mai 2013.

Par Cyber Léon Bloy.


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Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne et vous deviendrez électeurs ! (François Guizot)

Le peuple ? Ce mot est une offense, une insulte. (un bien-pensant du XXIe siècle)

M'sieurs-dames les bobos 
Les sans dents y z'en ont rien à fout'
D'vot' branchitude.
Vous v'dites connectés.
En fait  vous niez la réalité
D'not' pauvreté.
Vous qui nous méprisez,
Z'êtes vendus à Hayek et Friedman.
Mais nous vous l'disons : 
On n'est pas des fachos.
On a faim, c'est tout ! 
(Paroles d'un slameur leucoderme de la France périphérique réfugiée dans la marine bleue).

Perçu sur Arte implicitement (dans un reportage consacré à l'exposition Jean-Paul Gaultier au Grand Palais) : musée égale formol. Soit un préjugé véhiculé par la chébrantude bobo libertarienne. (Choses vues du Nouveau Victor Hugo)

Ne dites pas chômage de masse. Dites plutôt destruction créatrice schumpétérienne paroxystique. (Aphorisme de Moa)

Adonc, me voilà obligé d'aborder ce jourd'hui le dernier scandale culturel en date, scandale qui s'en vient télescoper, hélas, d'autres événements polluants et redondants puants d'ordures insanes.
Ce non événement sacandaleux, que notre toile trouée d'usure a répercuté çà et là d'abondance confirme la honteuse exclusion abjecte de toute annonce nécrologique d'un des plus grands compositeurs français du siècle précédent : Henri Dutilleux (1916-2013). Cette affaire de plaque non posée ajoute une lâcheté confondante à d'autres, surmultipliées à l'infini depuis des années, et stigmatise notre patrimoine, nos oeuvres de l'esprit. C'est là un symptôme grave de l'impéritie, de l'incurie et de la bêtise de nos édiles, de nos prétendues élites politiques toute obédience confondue.
Primo, Henri Dutilleux fut d'abord la victime, le 22 mai 2013, d'une de ces indénombrables dénécrologies de hautes personnalités, chancre kystique et squirre putrescent et ichoreux dont souffrent nos informations désinformatrices depuis trente ans au moins. Nulle chaîne de télévision, à l'exception de la moins qualifiée pour le dire, de la moins attendue d'entre toutes, TF1, ultra commerciale s'il en est, ne jugea nécessaire d'annoncer que ce Grand Monsieur venait de tirer sa révérence. Même Arte fit comme si de rien n'était.
Secundo, vint se greffer la quintessentielle problématique placodermique qui eût dû honorer le domicile dans lequel ce Grand Homme demeura des années. Or, les élus souhaitèrent retarder qu'on apposât cette plaque mémorielle, non pas par esprit pervers, mais pour besoin d'enquête sur les actions culturelles du Sire Dutilleux à l'époque de l'occupation teutone et du gouvernement illégitime d'un maréchal antisémitique qui n'avait que quelques heures de lucidité par jour.
Surprise : Henri Dutilleux avait commis le péché véniel d'une oeuvrette musicale alimentaire illustrant un grotesque, dégouttant et tumescent de médiocrité film propagandiste vichyssois destiné à glorifier le sport ! Il regretta amèrement cet instant d'égarement.
Tout cela relevait du procès d'intention amplifié par l'irraisonnable caisse de résonance de la toile trouée dite web : de fait, par maladresse cuistre, ignorantine, c'était gommer la gloire de Dutilleux, son engagement dans la Résistance, son combat contre l'antisémitisme, sa collaboration avec Jean Cassou et j'en passe.
L'édile a fait part de sa volonté de, tôt ou tard, arranger tout cela, corriger tout ce pataquès illogique, ce schproum vain : la plaque prévue un jour sera posée. Il le promet, et c'est tant mieux !
Tertio, cet événement bon pour les gougnafiers et pignoufs de toute sorte, rappelle les dégâts causés par ce que l'on nomme le politiquement correct, qui équivaut au comportement de l'autruche, ce struthionidé emplumé de suffisance et d'imbécillité proverbiale, du moins à ce qu'en disent les non zoologues non comportementalistes.
Quarto, il s'inscrit dans un phénomène long de justice historique tendant à imiter la damnatio memoriae à la romaine, ou cette manie qu'avaient les anciens Egyptiens de marteler et détruire les cartouches pharaoniques des Horus qui avaient déplu aux prêtres infatués et engraissés d'Amon-Râ qui thésaurisaient à tout crin au détriment du peuple des fellahs. C'était jà là de l'accaparement.
Nous pouvons appeler cela jurisprudence Alexis Carrel  ou jurisprudence du billet des frères Lumière.
Il s'agit (est-ce là un système, une institution ?) de débaptiser à tout vat toute rue, tout édifice public, édilitaire, arborant un nom de baptême maudit ou honni se rapportant à une personnalité ayant failli, soit parce qu'elle fut raciste, esclavagiste, ou partisane ee l'eugénisme, soit qu'elle collabora avec le monstre nazi horrible et massacreur de nos amis israélites, tziganes et homosexuels.
Du moment que cette ire demeurait juste, se limitait aux vrais salops comme Alexis Carrel,
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 cet eugéniste dangereux, ou encore le général Richepanse,
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 bien mal loti et baptisé, réprimeur de la révolte légitime de Louis Delgrès contre le rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe, cela allait, et tout était bon.
Mais le bât ne tarda point à blesser quand un président (nommons le Benoît Fréjac) jugea Berlioz indigne du Panthéon (on dit, pour justifier cette erreur qu'il avait pris fait et cause pour le coup d'Etat du sinistre 2-décembre !) et refusa qu'on commémorât Corneille, sous prétexte qu'il fut (prétendait-on) un des chefs de la traite négrière à Rouen ! Le passé fut à tort lu, déchiffré, à l'aune du présent. Ô, paradoxe, Jules Verne, antisémite, antidreyfusard et nationaliste, ne fut pas inquiété, passant à travers les mailles du filet de l'opprobre : en 2005, on le célébra d'abondance !
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Les excès de toute sorte qui en résultèrent, davantage guidés par une ignorance culturelle encouragée par un précédent chef de l'Etat (nommons-le la Pie Grise) que par la vie même (sujette ou non à des reproches divers car nul n'est tout blanc, irréprochable sur Terre) de celles et ceux contre lesquels les mesures de damnation historique se succédaient, en vinrent absurdement jusqu'à censurer les écrits mêmes de l'alter ego de votre serviteur, Léon Bloy ! L'adage le dit bien : qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Mais le chien, dans ce cas, c'est l'éditeur inique, révisionniste, odieux de tumescence, outré, enflé de pollutions diurnes néo nazies, qui osa mêler l'ouvrage admirable de Léon Bloy aux ordures scatologiques de négateurs de la Shoah. Le juge connaissait mal l'histoire du Salut par les Juifs, parce qu'il ne l'avait probablement pas lu.
Il ne pouvait savoir qu'il s'agissait d'une oeuvre philosémite, d'un Contre Edouard Drumont (ce qui est explicité dès les premières lignes), comme il y eut un Contre Celse. Or, l'alter ego de votre serviteur employa, afin de contrer l'horreur excrémentielle de La France juive, tous les outils de la scolastique médiévale, des Pères de l'Eglise, afin qu'il réfutât point à point l'ignominie des pages torchonnées de ce plumitif antismémitique.
De nos jours, d'autres atrocités révisionnistes ont pignon sur rue. Elles fustigent la soi-disant décrépitude de la France, sa décadence, sa chancissure, sa pourriture. Ces décadents plus rongés et vérolés que les syphilitiques, éjectent de leur gésine des livres trompeurs abondamment vendus et commentés. Appelons l'un d'eux Diem Boukir.
L'an passé, le sieur Diem Boukir a beaucoup vendu de cette soupe d'immondices haineux, en fou de Pétain bon à enfermer sur l'heure à Charenton.
Peut-on décemment qualifier de livre une telle immondice, une telle ordure anhistorique et papyrologique (que dis-je, papyracée comme une momie foetale difforme et non viable !) dont chaque page fielleuse, tracée d'une plume trempée dans les acides les plus corrosifs et chancis, se marque de traînées furfuracées fragrantes d'un ichor de haine sans cesse ressassé telle une antienne de vieux jean-foutre lobotomisé ?
Et les frères Lumière dans tout cela, ces ridicules inventeurs hors jeu en leur vieillesse, dont l'industrie était en faillite, en déliquescence, lorsque Pétain régnait illégitimement sur la France ? Benoît Fréjac fit payer aux frères trentenaires fringants de 1895 les compromissions impardonnables de vieillards ayant basculé dans la réaction ;
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car l'on sait qu'avec l'âge, on devient plus obtus au niveau des pensées. Auguste Lumière fut membre du comité d'honneur de la LVF tandis que son frère Louis, à l'Académie des sciences, osa vanter les mérites scientifiques de l'Allemagne nazie, dont on sait que l'élimination des malades mentaux fut un des fers de lance eugéniques. Vichy laissa d'ailleurs mourir de faim les siens dans ses hopitaux psychiatriques.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l'affaire de la plaque d'Henri Dutilleux, il serait judicieux que vous lisiez l'article de Guy Konopnicki à la page 90 du Marianne numéro 936 du 27 mars 2015 (Boulevard des cancres en Histoire), ou encore celui de Pierre Gervasoni dans Le Monde du 19 mars 2015 page 21 (Henri Dutilleux "plaqué" par la Mairie de Paris).
Comme l'on voit, le ridicule n'en a pas fini de tuer...
La prochaine fois, j'aborderai l'éternelle question des films que l'on ne veut pas distribuer en salles en France, ou plutôt, le "retour" de cette question sempiternelle, avec trois nouveaux titres dont on prive les spectateurs hexagonaux.

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samedi 21 mars 2015

Ces romans parus chez Gallimard qui ne sortent jamais en poche chez Folio.

J'ai souvenir qu'autrefois aux Guignols de l'info, la marionnette de François Mitterrand avait tendance à s'exprimer avec des aphérèses. Ainsi, elle coupait systématiquement la première syllabe du mot "imbécile", le prononçant "bécile". (Mémoires de Moa)

Chose incroyable, inconcevable, impensable mais tout à fait véridique : la publication d'un auteur dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard ne garantit ni le succès, ni l'édition ultérieure en poche !
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Ces ouvrages sont condamnés à l'oubli, à se morfondre, à une présence vestigiale sur le site du grand méchant loup Amazon, à un pourrissement graduel et regrettable, une chancissure par étapes dans les dépôts de livres.
Sont-ce de mauvais romans de gare ? Poser la question est déjà y répondre. Evidence, lapalissade, secret de Polichinelle ! C'est de très bons livres que je vais vous parler !
Comme presque tous les éditeurs, Gallimard c'est le moins que l'on puisse dire, ne joue pas la transparence lorsqu'on aborde le problème du tirage et des ventes réelles de ce qui n'appartiendra jamais à la catégorie des best sellers.
Ce n'est pas la Corée du Nord mais presque...
Et les victimes sont légions, naufragés littéraires déplorables, bouquins parfois superbes entachés de l'infamie, de la tare de l'échec commercial sans appel justifiant leur exclusion inique de l'univers du poche.
Les exemples que je connais sont proprement honteux, et fâcheusement, il s'agit pour la plupart du temps de romans non contemporains, dont l'action ne se déroule pas de nos jours, historiques en un mot, ces romans stigmatisés par une critique frileuse, une critique "autruche" qui les ignora, les bouda scandaleusement à leur sortie,ou, lorsqu'elle en parla en bien, n'assura pas leur succès. 
Le peuple lit peu. Il lit d'évidence de moins en moins, concentrant ses achats chiches sur une poignée de titres reflétant la situation sinistrée de l'édition française, pour ne pas écrire de la culture tout court. Et les favoris sont toujours les mêmes, des Paul Bourget du XXIe siècle qui ne survivront pas dans l'Histoire de la littérature. Des pondeurs de pages destinés à un oubli justifié...
Dois-je citer ces livres honteusement interdits de poche ?
Jetons-nous ! 
- Jean-Baptiste Evette : les Spadassins. Paru il y a déjà dix ans, jamais "poché". Bravo signori ! 
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- Jean-Pierre Ohl : Monsieur Dick ou le dixième livre. Sorti depuis 2004, et exclu du poche ! 
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- Jean-Pierre Ohl : les Maîtres de Glenmarkie. Depuis 2008, cette oeuvre admirable se morfond dans l'attente désespérée de l'obtention du sésame Folio.
- Kebir Mustapha Ammi : Mardochée. Ce roman publié en 2011, qui ne suscita alors que de rares entrefilets critiques (dans un contexte odieux de refus viscéral de toute forme de roman historique qui empoisonna notre culture livresque de 2008 à 2013 sous l'impulsion d'un gnome qui exécrait La Princesse de Clèves), axé sur le récit du guide de Charles de Foucauld au Maroc, n'a strictement aucune chance d'être extirpé des abysses de l'oubli dans lesquels on le plongea sciemment et de paraître quelque jour prochain chez Folio.
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Maja Brick : Opéra anatomique. Une nouvelle fois, je suis bien obligé d'évoquer sur ce blog le cas d'école que constitue Opéra anatomique, victime en 2012 d'une conspiration du silence. Zéro critique (oui, vous avez bien lu : zéro !) y compris sur le site de Babelio ont été consacrées à ce roman tout à fait remarquable. Une injustice à réparer. 
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Et il ne s'agit ici que de quelques exemples, pris dans ma bibliothèque personnelle. D'autres ouvrages, nombreux, pâtissent du désintérêt général de celles et ceux qui se prétendent cultivés, empreints de culture livresque. Sans oublier la masse hyper majoritaire des déculturés cocufiés et contents. Pour les autres romans, je songe tout particulièrement à Retrait de marché, de Quentin Ravelli.
A bientôt, pour un prochain billet.

samedi 14 mars 2015

Marcel Theroux : Corps variables. Rentrée littéraire polars 2015.






Marcel Theroux : Corps variables (éditions Feux Croisés Plon).


Par Christian Jannone.
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Voilà un thriller littéraire à l’anglo-saxonne tels que je les affectionne, et qui a du style ! Un livre qui flirte avec le surnaturel, la singularité ; un ouvrage partant d’une recherche érudite autour d’un auteur des Lumières d’outre-Manche : Samuel Johnson (1709-1784).
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 Souvenez-vous, amis cinéphiles : Kirk Douglas le citait dans Les Sentiers de la Gloire de Stanley Kubrick.
Folie, substitution de personnalités, réincarnation, mensonge, dissimulation, bluff, constituent l’épine dorsale de Corps variables. On finit par douter de l’identité du personnage central, le professeur Nicholas Slopen, officiellement mort, mais bien présent, dans une clinique psychiatrique : est-il celui dont il revendique le nom,  a-t-il des souvenirs fabriqués, est-il manipulé, je est-il un autre ? Qui dit vrai ? L’ésotérisme peut-il tout se permettre ?
Jack est-il cet idiot savant, cet autiste enfermé dans sa sphère imaginaire ou, plus aberrant, Samuel Johnson se serait-il réincarné en lui ?
Nous sommes morts et en même temps vivants. Paradoxe insurmontable. A moins qu’une diabolique conspiration ayant la Russie pour toile de fond préside à tout cela. Les révolutionnaires gnostiques, ces mystiques fous purgés par Staline, qui jadis, influencèrent Tolstoï, sont de retour, mais ils se sont adaptés aux contraintes du capitalisme global du XXIe siècle.
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A vous de lire ce roman, dont je refuse de vous dévoiler le dénouement. Ce serait trahir son auteur.
Si la critique anglo-saxonne vous intéresse, vous pouvez lire la critique américaine de ce roman sur le site du New York Times sous son titre original : Strange Bodies.
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Prochainement, j'aborderai le problème de ces romans qui, bien que publiés aux éditions Gallimard, ne connaissent jamais les faveurs d'une réimpression en poche chez Folio. 

mardi 10 mars 2015

Horsehead, le film le plus marginalisé de la semaine.

Dans un paysage cinéphilique français définitivement sinistré lorsqu'on évoque le sort réservé aux films fantastiques en notre hexagone cartésien fossilisé, Horsehead de Romain Basset, malgré la critique élogieuse et roborative dont il a bénéficié dans le dernier numéro de L'Ecran fantastique, n'a strictement aucune chance de rencontrer le moindre public (dont votre serviteur). Réduit à un gant à trois doigts (c'est-à-dire à trois misérables écrans), mieux eût valu en ce cas que cette génialité plastique réjouissante sortît directement en VOD, DVD et blu-ray commandables sur l'heure chez l'ogre tumescent Amazon.
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 Naturellement, Télérama, en sa critique subjective, voue Horsehead aux gémonies.  Ce magazine nous a accoutumés à ses prises de position esthétiques arbitraires, favorables au dépouillement radical cistercien, salafiste ou post-Bauhaus, ce qui le conduit - ô contresens, ô logomachie ! - à attribuer au long métrage de Romain Basset l'étiquette insultante de kitch. Ce jugement à l'emporte-pièce ne grandit pas cet hebdomadaire fouettard imperméable au baroque pimenté, revue qui, par ailleurs, nous a depuis belle lurette instruit de sa propension à mitrailler avec insistance tous les corbillards filmiques qui passent, achevant, par cette estocade terminale coutumière digne d'un TOC, par cette euthanasie symbolique excessive, maints films déjà fichus d'avance faute de copies et parfois même de supports de visionnage de rattrapage.
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Or, il appert (à la seule vue, hélas de sa bande annonce), que Horsehead est un magnifique poème visuel terrifiant, onirique, pictural, surréaliste et gothique inspiré du célébrissime Cauchemar de Füssli. Un film trop intelligent donc pour la masse sciemment abêtie afin qu'elle soit réduite à l'état de moutons décérébrés obéissants (à Hayek, à la marine bleue, bientôt aux turbans noirs destructeurs des statues androcéphales assyriennes ?) juste capables de presser un bouton rouge (à la condition qu'il ne s'agisse pas d'ovins daltoniens).  Ainsi en ont jugé nos pontes qui dictent leur loi "intellectuelle". Puissent-ils prendre conscience du danger engendré par leur dénigrement stérile systématique, à l'heure où des fanatiques innommables réduisent en poussière un patrimoine inestimable que ces adeptes de l'éternel présent branché négligèrent par trop longtemps parce que ce n'était pas la mode de l'instant.
Amen.