Un blockbuster hebdo suffit désormais à bloquer toutes les autres oeuvres distribuées sur nos écrans obscurs collectifs, surtout lorsque les victimes s'avèrent être non point des films classés "art et essai" - ceux-là parviendront toujours, sauf exception, soutenus qu'ils le sont par les pouvoirs publics, la critique, ou le bouche à oreille, à tirer peu ou prou leur épingle du jeu - mais des longs métrages classés parmi l'espèce "commercial du second rayon", dont j'ai déjà causé avec ire et bisque sur ce même blog.
Et les victimes du système, depuis environ mi-octobre, se surmultiplient selon une progression exponentielle au fur et à mesure que de "kolossals" nanars à 1000 copies et davantage occupent l'unanimité du terrain.
Je ferai abstraction d'oeuvres que par miracle, je suis parvenu à voir, non sans efforts géographiques et financiers : Crimson peak et Madame Bovary de Sophie Barthes.
Conséquemment, je me concentrerai davantage sur des films dont l'échec, sans appel, fut conjugué avec une sous-distribution telle qu'il me fut impossible de les voir, même si c'eût été possible en y mettant du mien (je parle ici du porte-monnaie impliquant dépenses de transport et de restaurant etc.).
Ces victime se sont nommées :
- Regression, d'Alejandro Amenabar (en salles le 28 octobre 2015) ;
- Avril et le monde truqué, de Franck Ekinci et Christian Desmares (en salles le 4 novembre 2015) ;
- Les Anarchistes, d'Elie Wajeman (en salles le 11 novembre 2015) ;
- Les Suffragettes, de Sarah Gavron ( en salles le 18 novembre 2015) ;
- Macbeth, de Justin Kurzel (en salles le 18 novembre 2015) ;
- Docteur Frankenstein, de Paul McGuigan (en salles le 25 novembre 2015).
Six films qui partagent des points communs frappants et concluants ; six films pour la plupart de genres (thriller, fantastique, histoire, littérature) de moins en moins prisés par le public de masse laminé par le bas ; six films dont aucun ne fut programmé au-dessus des 200 voire des 150 copies... Même la présence d'une comédienne aussi renommée que Marion Cotillard ne suffit plus à assurer la bonne distribution d'un film !
Six films ne correspondant ni aux goûts des intellectuels, ni à ceux des démagogues ultra-commerciaux. Six films non rattrapables après coup dans de petites villes gérées par des édiles populistes, à la population d'illettrados de masse aux bas instincts fascisants flattés non stop. Six films que le micro cinéma survivant encore vaille que vaille en cette cité au surnom s'achevant par un stadt sonnant tel un aboiement nazi clinquant grandguignolesque ne fera rien pour les programmer même avec trois mois de retard... Six films non projetables en un a-lieu où la Culture est à jamais sinistrée... malgré une minorité résistante (dont je suis).
Même lorsque la critique s'avère en faveur de l'oeuvre, les distributeurs ne la soutiennent pas, la laissent choir, n'en augmentent pas la visibilité, les copies...Ce fut le cas d'Avril et le Monde truqué, primé au festival d'Annecy 2015, uchronie dystopique et steampunk géniale, au graphisme inspiré par Jacques Tardi, qui collabora à la conception de ce dessin animé extraordinaire, en parallèle à la parution de son livre.
Le plus grave en cette affaire multiple, c'est que désormais, de grosses boîtes comme Gaumont, Pathé, Studiocanal et d'autres calquent leur attitude sur la sinistre compagnie Fox Searchlight, l'imitent, par mimétisme hayekien abject, prennent son pli putrescent, sa sale habitude, sabordent à tours de bras toute oeuvre non consensuelle, non porteuse pour un public de masse désormais restreint à à peine trois catégories de films : les dessins animés en images de synthèse américains, les blockbusters pour ados exploitant des licences et franchises, souvent "marveliennes" (suites 1, 2, 3 ad libitum d'un concept surexploité au scénario bancal et appauvri) et comédies françaises. Ces trois catégories tiennent le haut du pavé, encombrent tout, font de l'obstruction systématique ! Malheur au film moyen, commercial du second rayon en 150 copies (qu'il soit bon ou mauvais) confronté à la déferlante hebdo d'un unique film populiste programmé partout en 700 à 1100 copies ! Il achèvera sa chiche carrière outre-nulle part.
Je le proclame haut et fort : NOUS EN AVONS ASSEZ !!!! Assez de rattraper ces oeuvres des mois après leur sortie par le blu-ray, le streaming légal, le DVD ou Canal +. Assez des aléas systématiques, de la malédiction pesant sur le moindre film à peine hors normes, à peine déviant de l'académisme encroûté représenté par les trois catégories ci-dessus dénoncées, film que j'ai l'insigne malheur d'avoir remarqué et qui me fait envie pour un petit séjour en salle obscure quelque week-end pour une peine perdue, hélas ! Assez des diktats sans fin du "système" dont le Général de Gaulle exécrait les poisons (il s'exprimait au sujet de la IVe République).
Comme vous l'avez saisi, lectrices et lecteurs de ce blog, je n'irai voir ni le prochain Star Wars, ni la dernière mouture de Belle et Sébastien. Vous pouvez me forcer par la coercition, m'offrir un pont d'or, n'importe : je ne bougerai pas le petit doigt, quitte à vous sembler statufié vif !
Bonnes fêtes de fin d'année tout de même !
Même lorsque la critique s'avère en faveur de l'oeuvre, les distributeurs ne la soutiennent pas, la laissent choir, n'en augmentent pas la visibilité, les copies...Ce fut le cas d'Avril et le Monde truqué, primé au festival d'Annecy 2015, uchronie dystopique et steampunk géniale, au graphisme inspiré par Jacques Tardi, qui collabora à la conception de ce dessin animé extraordinaire, en parallèle à la parution de son livre.
Le plus grave en cette affaire multiple, c'est que désormais, de grosses boîtes comme Gaumont, Pathé, Studiocanal et d'autres calquent leur attitude sur la sinistre compagnie Fox Searchlight, l'imitent, par mimétisme hayekien abject, prennent son pli putrescent, sa sale habitude, sabordent à tours de bras toute oeuvre non consensuelle, non porteuse pour un public de masse désormais restreint à à peine trois catégories de films : les dessins animés en images de synthèse américains, les blockbusters pour ados exploitant des licences et franchises, souvent "marveliennes" (suites 1, 2, 3 ad libitum d'un concept surexploité au scénario bancal et appauvri) et comédies françaises. Ces trois catégories tiennent le haut du pavé, encombrent tout, font de l'obstruction systématique ! Malheur au film moyen, commercial du second rayon en 150 copies (qu'il soit bon ou mauvais) confronté à la déferlante hebdo d'un unique film populiste programmé partout en 700 à 1100 copies ! Il achèvera sa chiche carrière outre-nulle part.
Je le proclame haut et fort : NOUS EN AVONS ASSEZ !!!! Assez de rattraper ces oeuvres des mois après leur sortie par le blu-ray, le streaming légal, le DVD ou Canal +. Assez des aléas systématiques, de la malédiction pesant sur le moindre film à peine hors normes, à peine déviant de l'académisme encroûté représenté par les trois catégories ci-dessus dénoncées, film que j'ai l'insigne malheur d'avoir remarqué et qui me fait envie pour un petit séjour en salle obscure quelque week-end pour une peine perdue, hélas ! Assez des diktats sans fin du "système" dont le Général de Gaulle exécrait les poisons (il s'exprimait au sujet de la IVe République).
Comme vous l'avez saisi, lectrices et lecteurs de ce blog, je n'irai voir ni le prochain Star Wars, ni la dernière mouture de Belle et Sébastien. Vous pouvez me forcer par la coercition, m'offrir un pont d'or, n'importe : je ne bougerai pas le petit doigt, quitte à vous sembler statufié vif !
Bonnes fêtes de fin d'année tout de même !