Plus de vingt ans après le suicide de Jean Prat, les motifs de cet acte de désespoir culturel apparaissent plus que jamais d'actualité et n'ont rien perdu de leur pertinence (Journal d'un Insurgé contre l'anti-culture).
La chébrantude avait décrété que Zola et Hugo étaient devenus illisibles, inintelligibles, hermétiques, parce qu'ils écrivaient dans une langue si ancienne, si archaïque, si hiéroglyphique, si énigmatique, que plus aucun lecteur contemporain pratiquant le bas français n'en pouvait déchiffrer les arcanes (Chroniques futures de Frère Gibertus, moine post-hayekien).
Je suis un cinéphile exigeant et intransigeant (moi-même).
Je suis un cinéphile exigeant et intransigeant (moi-même).
Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, j'ai décidé d'évoquer une aberration absolue, à l'heure où il paraît que l'ensemble du patrimoine matériel et immatériel de l'humanité devient accessible à tous, universellement partagé par tous.
Ce scandale touche le cinéma, plus exactement une certaine catégorie de films, non point forcément perdus, disparus, ou prétendus tels, mais des oeuvres inexplicablement bloquées, donc invisibles, soit pour des raisons juridiques, soit par désintérêt, soit par censure politique, soit par mépris de leur auteur qui n'est pas ou plus à la mode. Malgré le panel actuel de centaines de chaînes (câble, TNT, satellite etc.) aucune, absolument aucune, n'en a les droits de diffusion ou cherche à les acquérir. Je me suis limité sur ce billet à dix longs métrages emblématiques, certains un peu anecdotiques, un peu nanareux, d'autres qu'on classe au rang de chefs-d'oeuvres... Ils couvrent l'ensemble de l'histoire du 7e art, du muet aux années 2000.
1/ Le Cabinet des figures de cire (1924) de Paul Leni .
Cette oeuvre à sketches mélange les genres : merveilleux des mille et une nuits, humour, fantastique, horreur et terreur (avec Jack l'Eventreur). C'est la seule oeuvre muette majeure que je ne suis jamais parvenu à voir hors You Tube ! Cela est inexplicable, d'autant plus que la presque intégralité des longs métrages encore répertoriés de Paul Leni, ce cinéaste majeur, semblent boudés par toutes nos chaînes, y compris la plus compétente en la matière : Arte. De 1993 à 2011, Arte diffusa certes un muet mensuel (d'abord présenté par Marc Bruckner), mais sans qu"aucune oeuvre de Paul Leni n'eût obtenu le droit de passage ! Seul The Cat and the Canary fut visible...sur Ciné Polar ! Depuis, tous ces trésors muets de cinémathèques ne sont plus diffusés que ponctuellement, de temps en temps, au gré du thème du jour (Wagner dernièrement) sans nulle périodicité claire, ce qui dénote, une fois de plus, la dégradation certaine de la ligne éditoriale d'une chaîne qui oublie de plus en plus qu'elle fut autrefois, à sa fondation, avant tout culturelle (ce qui ne signifiait pas vogue passagère et éphémère, épiphénoménale et parisienne) et surtout, qu'elle n'obéissait à aucun diktat, à aucune mode, gage de son indépendance vis à vis de tous les lobbies, ce qui n'est plus du tout le cas maintenant. Si vous tenez encore à la culture sur Arte, il vous reste à peine le week-end et le mercredi soir (comme par hasard, les bobos ne sont en principe pas chez eux à ces créneaux de grille) pour admirer des émissions dignes de la tradition originelle de la chaîne franco-allemande.
2/ Tessa, la Nymphe au coeur fidèle (The constant Nymph) (1943) d'Edmund Goulding , avec Joan Fontaine et Charles Boyer.
Aux Etats-Unis, les droits de diffusion de ce film ont été bloqués de 1948 à mai 2011 par une chaîne de télévision à laquelle la Warner bros, distributeur du long métrage avait légué ses droits ! Joan Fontaine, avec sa beauté de sylphide, y est audacieuse et vénéneuse à souhait dans le rôle d'une nymphette de 14 ans coiffée de tresses et amoureuse d'un mauvais musicien (cela annonce Lettre d'une inconnue, tiens, tiens...)
Nous sommes avant Lolita, même s'il s'agit avant tout d'un mélodrame adapté pour la troisième fois d'un roman de Margaret Kennedy. L'oeuvre marqua tant en son époque que Jean Giraudoux en tira une pièce : Tessa, devenue introuvable elle aussi.
Le plus idiot dans l'affaire est que depuis le déblocage juridique du printemps 2011, seuls les Etats-Unis ont eu droit à une sortie en DVD de l'oeuvre. Impossible de se la procurer en Europe au bon format, en la bonne zone, impossible aussi de la voir sur la TCM française ou toute autre chaîne de cinéphilie, alors que l'on doit son déblocage à la TCM américaine ! Absurde, quand on vous le dit, à moins que l'on juge qu'une actrice de 26 ans dans le rôle d'une gamine de 14, ça ne se fait pas, d'où des relents sulfureux de pédophilie qui planeraient absurdement au-dessus d'un long métrage qui, pourtant, en 1943, ne fut pas interdit par le tristement célèbre code Hays !
3/ Le Procès (1948), de Georg Wilhelm Pabst.
Pabst réalisa cette oeuvre après-guerre, pour se faire pardonner son attitude ambiguë sous le nazisme. Il choisit un important fait divers, sorte d'affaire Dreyfus à la hongroise, survenue en 1882 : l'affaire de Tiszaeszlàr. Un grand roman de Gyula Krudy, l'Affaire Eszter Solymosi, qui vient enfin d'être édité en français chez Albin Michel, traite du même sujet avec maestria. Hé bien ! Quoique programmé vers 1998 par la chaîne de cinéma appelée alors CinéCinéfil, ce film courageux de la part de quelqu'un qui voulait racheter sa conduite (alors que le Paracelse, du même réalisateur, réalisé en pleine période nazie, avait été diffusé en 1997 sans aucun problème), fut victime d'une déprogrammation sauvage, et plus jamais aucune chaîne ne l'a proposé depuis quinze ans !
4/ Mademoiselle de La Ferté (1949), de Roger Dallier et Georges Lacombe, d'après le roman de Pierre Benoît, avec Jany Holt.
Là encore, nous avons une déprogrammation sauvage typique sans aucune reprogrammation nulle part au fil des ans, rendant le film définitivement invisible hors cinémathèque française (qui le restaura à la fin des années 80 !). TMC fut la coupable en juillet-août 1992 ! Heureusement que j'ai lu le roman ! Jany Holt, grande résistante, est une de mes actrices anciennes préférées.
5/ Les Européens (1979), de James Ivory.
A présent, nous atteignons le noeud de l'affaire qui nous préoccupe, avec sans doute un bannissement télévisuel dû davantage au rejet viscéral du réalisateur qu'à une quelconque question de droit. Dois-je rappeler que la mort récente de la scénariste d'Ivory, Ruth Prawer Jhabvala, le 3 avril dernier, n'a pas fait l'objet de la moindre mention nécrologique dans l'ex journal de référence informationnelle Le Monde ? J'ai consacré l'an dernier un billet au refus actuel de James Ivory qui remonte à 1995.
6/ Les Bostoniennes (1984), de James Ivory
Encore une grande oeuvre de James Ivory, adaptée d'Henry James. Invisible à la télé bien sûr. On ne paraît guère reconnaître l'importance de ce film dans la production du cinéaste, puisque seuls Chambre avec vue et Maurice (un peu aussi Retour à Howards End) bénéficient de la faveur de notre "étrange lucarne". Comprenne qui pourra ! Personne, Arte incluse, ne s'y intéresse et essaie d'en acquérir les droits de diffusion.
7/ Black Robe (1991), de Bruce Beresford.
Nouveau cas d'école, si l'on peut dire : distribué en catimini en 1994 dans une seule salle en VO (à L'Epée de Bois au Quartier latin pour tout dire (avec des séances même pas quotidiennes semble-t-il)), sortie naïvement considérée à l'époque par Le Monde comme simplement technique pour permettre une exploitation ultérieure en VHS (qui n'eut jamais lieu), Black Robe cumula tous les handicaps honnis par les chébrantudiens : film historique en costumes, sujet peu porteur (les jésuites missionnaires au Canada chez les Indiens au XVIIe siècle) ou déjà vu (confère Mission, ce qui occasionnait forcément une comparaison en défaveur du long métrage de Beresford comme ce fut le cas en 1985 pour Le Neveu de Beethoven de Paul Morrissey, devenu une contre-référence à l'Amadeus de Milos Forman), plantages au box office et distribution médiocre des précédents opus du réalisateur (Miss Daisy et son chauffeur, Mister Johnson) etc. On appréhende cependant d'autant plus mal la déprogrammation sauvage de cette oeuvre par les chaînes du bouquet Ciné-cinémas en février-mars 2007, remplacée par un nanar de fantasy sur les dragons, que sa bande-annonce avait été diffusée normalement !
8/ Le Moulin de Daudet (1992), de Sammy Pavel.
Pour cette oeuvre qu'on peut dorénavant qualifier de perdue, c'est le thème du naufrage artistique et distributif intégral qui me vient en tête. Déjà, deux ans de délai entre la production et la distribution en salles, c'est louche et de mauvais augure. En plus, la sortie fut reportée d'un mois, d'avril à mai 1994, avec moins de copies que prévu à l'origine (à peine soixante, si mes souvenirs sont bons) et la critique peu charitable du Monde s'en mêla pour rejeter le film dans une poubelle d'immondices, à l'exception du sketch sur les vieux. L'article critique déclarait être fatigué et lassé par les interminables battements d'ailes des anges du sketch sur le curé de Cucugnan ! Je commis de plus l'erreur, impardonnable, croyant encore à cette époque aux critiques négatives, de ne pas être allé voir ce film, qui, par chance, sujet provençal oblige, était à l'affiche dans un des cinémas de ma commune de résidence d'alors. Depuis, je m'en mord les doigts, parce que j'ai compris, sauf miracle que, jamais sorti dans le moindre support (VHS, DVD, blu-ray), jamais diffusé nulle part, ce film fichu ne sera plus jamais vu par personne, comme un muet vinaigré et détruit du cinéma forain de 1900 ! le réalisateur, s'il vit encore, a dû brûler tous ses négatifs.
9/ 1805 (2005), de Jan Belletti.
Nous passons à notre siècle, avec la révolution Internet : 1805 est typique de ces films uniquement visionnables, téléchargeables et commandables sur la Toile, DVD inclus. Ce long métrage s'inscrivait dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la bataille d'Austerltiz, que seule Arte célébra alors dans le cadre d'une remarquable soirée Thema (c'était avant que la ligne éditoriale de la chaîne eût sombré dans le jeunisme). Or, 1805 eut droit à une combinaison si négligeable, si insignifiante de salles (bien qu'il eût été attendu comme un film historique événement), pour tout dire, de l'ordre absolument dérisoire et ridicule de deux copies à peine, que la presse ne le remarqua même pas, ou, si elle le fit, elle le voua aux gémonies, le considérant comme un simple film de patronage à l'ancienne. Ainsi passé inaperçu, malgré une belle affiche, digne des grandes heures des feuilletons historiques de la télé française des années 1960 (je songe ici au Trompette de la Bérézina et au Jean-Roch Coignet avec Henri Lambert, productions d'une télé certes gaulliste, mais qui croyait encore à la culture, à la pédagogie, à l'éducation des masses en leur faisant partager un terreau commun, avant que tout fût galvaudé, remis en cause, et abandonné à une lecture dévoyée de l'extrême-droite), 1805 n'a intéressé aucun acquéreur de droits télévisuels, qu'il se fût agi de TFI, de France Télévisions, de Canal + , d'Orange, de feu TPS (qui existait encore en 2006-2007 au moment de la sortie en DVD du film) et consort.
10/ La Question humaine (2007), de Nicolas Klotz, avec Mathieu Amalric, Michael Lonsdale, Lou Castel, Edith Scob (rien que ça !) etc.
Il s'agit du dernier cas qui nous occupera dans ce billet : il est indéniable que ce film, totalement invisible à la télévision, a été victime d'une cabale politique dans laquelle la totalité du spectre des partis a baigné. La Question humaine a osé pointer les méthodes contemporaines des DRH dans les grandes entreprises, les répercussions psychologiques de celles-ci sur les employés, jusqu'à une bien dérangeante assimilation des méthodes friedmano-hayekiennes à celles de l'Allemagne hitlérienne : car là est le problème entraînant l'occultation voulue, généralisée, censureuse, de ce film sur l'ensemble de nos quelques 300 chaînes de TV : il pointe du doigt l'existence d'un nouveau totalitarisme, dit de marché, et des ses méthodes d'embrigadement et d'abrutissement à la 1984 avec sa novlangue et sa logomachie gestionnaire marketing. Philosophie : Big Hayek is watching you. Entre le friedmano-hayekisme et les autres totalitarismes, la seule différence, ce sont les camps... mais on y meurt quand-même, bien qu'à petit feu...comme sous Dickens le réprouvé de notre époque.
Il est révélateur qu'au moment de la sortie de ce long métrage, un autre film de Mathieu Amalric était également à l'affiche : L'Histoire de Richard O, film libéral-libertaire d'obsession sexuelle (lui était dans le vent issu de l'interprétation réductrice, ultra individualiste, hédoniste et dominante de 1968, mon coco !) sur lequel les critiques de 2007 ne tarirent pas d'éloges dithyrambiques tout en se taisant sur La Question humaine.
6/ Les Bostoniennes (1984), de James Ivory
Encore une grande oeuvre de James Ivory, adaptée d'Henry James. Invisible à la télé bien sûr. On ne paraît guère reconnaître l'importance de ce film dans la production du cinéaste, puisque seuls Chambre avec vue et Maurice (un peu aussi Retour à Howards End) bénéficient de la faveur de notre "étrange lucarne". Comprenne qui pourra ! Personne, Arte incluse, ne s'y intéresse et essaie d'en acquérir les droits de diffusion.
7/ Black Robe (1991), de Bruce Beresford.
Nouveau cas d'école, si l'on peut dire : distribué en catimini en 1994 dans une seule salle en VO (à L'Epée de Bois au Quartier latin pour tout dire (avec des séances même pas quotidiennes semble-t-il)), sortie naïvement considérée à l'époque par Le Monde comme simplement technique pour permettre une exploitation ultérieure en VHS (qui n'eut jamais lieu), Black Robe cumula tous les handicaps honnis par les chébrantudiens : film historique en costumes, sujet peu porteur (les jésuites missionnaires au Canada chez les Indiens au XVIIe siècle) ou déjà vu (confère Mission, ce qui occasionnait forcément une comparaison en défaveur du long métrage de Beresford comme ce fut le cas en 1985 pour Le Neveu de Beethoven de Paul Morrissey, devenu une contre-référence à l'Amadeus de Milos Forman), plantages au box office et distribution médiocre des précédents opus du réalisateur (Miss Daisy et son chauffeur, Mister Johnson) etc. On appréhende cependant d'autant plus mal la déprogrammation sauvage de cette oeuvre par les chaînes du bouquet Ciné-cinémas en février-mars 2007, remplacée par un nanar de fantasy sur les dragons, que sa bande-annonce avait été diffusée normalement !
8/ Le Moulin de Daudet (1992), de Sammy Pavel.
Pour cette oeuvre qu'on peut dorénavant qualifier de perdue, c'est le thème du naufrage artistique et distributif intégral qui me vient en tête. Déjà, deux ans de délai entre la production et la distribution en salles, c'est louche et de mauvais augure. En plus, la sortie fut reportée d'un mois, d'avril à mai 1994, avec moins de copies que prévu à l'origine (à peine soixante, si mes souvenirs sont bons) et la critique peu charitable du Monde s'en mêla pour rejeter le film dans une poubelle d'immondices, à l'exception du sketch sur les vieux. L'article critique déclarait être fatigué et lassé par les interminables battements d'ailes des anges du sketch sur le curé de Cucugnan ! Je commis de plus l'erreur, impardonnable, croyant encore à cette époque aux critiques négatives, de ne pas être allé voir ce film, qui, par chance, sujet provençal oblige, était à l'affiche dans un des cinémas de ma commune de résidence d'alors. Depuis, je m'en mord les doigts, parce que j'ai compris, sauf miracle que, jamais sorti dans le moindre support (VHS, DVD, blu-ray), jamais diffusé nulle part, ce film fichu ne sera plus jamais vu par personne, comme un muet vinaigré et détruit du cinéma forain de 1900 ! le réalisateur, s'il vit encore, a dû brûler tous ses négatifs.
9/ 1805 (2005), de Jan Belletti.
Nous passons à notre siècle, avec la révolution Internet : 1805 est typique de ces films uniquement visionnables, téléchargeables et commandables sur la Toile, DVD inclus. Ce long métrage s'inscrivait dans le cadre des commémorations du bicentenaire de la bataille d'Austerltiz, que seule Arte célébra alors dans le cadre d'une remarquable soirée Thema (c'était avant que la ligne éditoriale de la chaîne eût sombré dans le jeunisme). Or, 1805 eut droit à une combinaison si négligeable, si insignifiante de salles (bien qu'il eût été attendu comme un film historique événement), pour tout dire, de l'ordre absolument dérisoire et ridicule de deux copies à peine, que la presse ne le remarqua même pas, ou, si elle le fit, elle le voua aux gémonies, le considérant comme un simple film de patronage à l'ancienne. Ainsi passé inaperçu, malgré une belle affiche, digne des grandes heures des feuilletons historiques de la télé française des années 1960 (je songe ici au Trompette de la Bérézina et au Jean-Roch Coignet avec Henri Lambert, productions d'une télé certes gaulliste, mais qui croyait encore à la culture, à la pédagogie, à l'éducation des masses en leur faisant partager un terreau commun, avant que tout fût galvaudé, remis en cause, et abandonné à une lecture dévoyée de l'extrême-droite), 1805 n'a intéressé aucun acquéreur de droits télévisuels, qu'il se fût agi de TFI, de France Télévisions, de Canal + , d'Orange, de feu TPS (qui existait encore en 2006-2007 au moment de la sortie en DVD du film) et consort.
10/ La Question humaine (2007), de Nicolas Klotz, avec Mathieu Amalric, Michael Lonsdale, Lou Castel, Edith Scob (rien que ça !) etc.
Il s'agit du dernier cas qui nous occupera dans ce billet : il est indéniable que ce film, totalement invisible à la télévision, a été victime d'une cabale politique dans laquelle la totalité du spectre des partis a baigné. La Question humaine a osé pointer les méthodes contemporaines des DRH dans les grandes entreprises, les répercussions psychologiques de celles-ci sur les employés, jusqu'à une bien dérangeante assimilation des méthodes friedmano-hayekiennes à celles de l'Allemagne hitlérienne : car là est le problème entraînant l'occultation voulue, généralisée, censureuse, de ce film sur l'ensemble de nos quelques 300 chaînes de TV : il pointe du doigt l'existence d'un nouveau totalitarisme, dit de marché, et des ses méthodes d'embrigadement et d'abrutissement à la 1984 avec sa novlangue et sa logomachie gestionnaire marketing. Philosophie : Big Hayek is watching you. Entre le friedmano-hayekisme et les autres totalitarismes, la seule différence, ce sont les camps... mais on y meurt quand-même, bien qu'à petit feu...comme sous Dickens le réprouvé de notre époque.
Il est révélateur qu'au moment de la sortie de ce long métrage, un autre film de Mathieu Amalric était également à l'affiche : L'Histoire de Richard O, film libéral-libertaire d'obsession sexuelle (lui était dans le vent issu de l'interprétation réductrice, ultra individualiste, hédoniste et dominante de 1968, mon coco !) sur lequel les critiques de 2007 ne tarirent pas d'éloges dithyrambiques tout en se taisant sur La Question humaine.
Dois-je rappeler que la présence du comédien engagé Lou Castel est une caution d'honnêteté, de sincérité, en faveur de cette oeuvre de Nicolas Klotz, "invisibilisée" à dessein par notre bien-pensance unique et inique ? Lou Castel fut révélé par Marco Bellocchio (dont le dernier film vient lui aussi d'être saboté à la distribution, comme par hasard) dans Les Poings dans les Poches.
J'en reste à ces dix films : vous allez m'objecter qu'il en existe une foultitude d'autres : par exemple, l'ensemble des productions de Jean-Pierre Mocky des années 1990-2000, ou encore Mister Flow (1936) de Robert Siodmak, avec Louis Jouvet, L'Affaire Lafarge (1937), de Pierre Chenal, qui semblent carrément perdus ou encore L'Affaire du cheval sans tête de Don Chaffey (1963), production Disney déprogrammée sans prévenir par Disney Channel à la fin des années 1990, où jouaient Jean-Pierre Aumont, Leo Mc Kern (un formidable n° 2 du Prisonnier !) et Pamela Franklin (Flora, dans Les Innocents de Jack Clayton adapté du Tour d'écrou d'Henry James, c'était elle !).
Sans omettre le seul film censuré à l'époque gaullienne encore interdit plus d'un demi-siècle après : Les petits Chats de Jacques R. Villa (1960), où jouait pourtant Catherine Deneuve sous son vrai nom. Mais voilà, des gamines tueuses dignes de Joyce Carol Oates (Fox Fire, dont l'adaptation en salles vient elle aussi d'être sabotée !), ça a le don de déranger les moralistes de tout poil !
A bon entendeur salut ! J'attends vos suggestions sur d'autres films invisibles !
J'en reste à ces dix films : vous allez m'objecter qu'il en existe une foultitude d'autres : par exemple, l'ensemble des productions de Jean-Pierre Mocky des années 1990-2000, ou encore Mister Flow (1936) de Robert Siodmak, avec Louis Jouvet, L'Affaire Lafarge (1937), de Pierre Chenal, qui semblent carrément perdus ou encore L'Affaire du cheval sans tête de Don Chaffey (1963), production Disney déprogrammée sans prévenir par Disney Channel à la fin des années 1990, où jouaient Jean-Pierre Aumont, Leo Mc Kern (un formidable n° 2 du Prisonnier !) et Pamela Franklin (Flora, dans Les Innocents de Jack Clayton adapté du Tour d'écrou d'Henry James, c'était elle !).
Sans omettre le seul film censuré à l'époque gaullienne encore interdit plus d'un demi-siècle après : Les petits Chats de Jacques R. Villa (1960), où jouait pourtant Catherine Deneuve sous son vrai nom. Mais voilà, des gamines tueuses dignes de Joyce Carol Oates (Fox Fire, dont l'adaptation en salles vient elle aussi d'être sabotée !), ça a le don de déranger les moralistes de tout poil !
A bon entendeur salut ! J'attends vos suggestions sur d'autres films invisibles !
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