Extrait des Mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon.
Nos nouveaux représentants de la culture étoient de fort singuliers personnages, de par les goûts personnels qu'ils imposoient en tant que mode officielle médiatique du Royaume, que parole d'évangile à suivre.
Ainsi, ils avoient boycotté le 20 septembre de l'an 2012 la célébration des deux cent vingt années de la République une et indivisible. De même, ils n'avoient en l'an 2006 point fait entendre la moindre parole du Sieur Corneille, en l'an 2007 renouvelé ladite cuistrerie méprisante à l'encontre du Sieur Alfred Jarry, et en 2008 et 2009 point du tout fait résonner la moindre note des maistres de chapelle Rimsky-Korsakov et Albeniz. En 2010, Jules Renard, Mark Twain et le douanier Rousseau avoient été autant de nouvelles victimes illustres de leur méprisante ignorance imposée comme l'un des beaux-arts en refusant toute commémoration médiatique et audiovisuelle les concernant.
La plus grave récidive fut constatée en l'an 2012 à l'encontre du Sieur Charles Dickens, illustre combattant du paupérisme du peuple anglois.
De fait, ils ignoroient et méprisoient toutes les manifestations du Haut Génie de la culture anglo-saxonne antérieure à ce qui les agréoit : de Dickens justement à Frank Lloyd Wright, des préraphaélites à Jackson Pollock car pour eux, rien n'existoit de britannique ou d'américain avant les Beatles, les beatniks et le pop art.
Par leur branchitude obstinée et irrépressible, par leur éternel attachement à l'immédiateté "de mode", en décrétant ce qui étoit ringard, ce qui ne l'étoit pas, ils faisoient le lit de toutes les extrêmes droites, leur abandonnant des niches culturelles entières, mais aussi celui des turbans noirs de toute obédience, creusant ainsi et leur tombe et la nôtre, en aigrissant derechef les tenants de la véritable culture qu'ils déclassoient à tout crin, et faisoient, par leur mépris ire et médisance, basculer dans le camp de la réaction la plus vile, les vouant à l'opprobre générale de ceux de leur caste après qu'ils les eurent bannis par leurs oukases.
Pour justifier leur bannissement à vie, ils avoient accusé Corneille d'esclavagisme, Mark Twain de racisme anti afro-américain, alors qu'ils avoient en grande pompe singulièrement concélébré en 2005 Jules Verne, nationaliste, antisémite et anti-dreyfusard.
Quoiqu'ils fussent fustigés par un certain romancier issu de la Corrèze qui avoit fini par péter les plombs et étoit, de pamphlet en pamphlet, tombé dans l'abjection et avoit été exclu de leur parti pour fascisme, bien qu'une part de vérité eût empli son discours vénéneux (il se trompoit cependant de cible, par haine du multiculturalisme, oubliant de dénoncer le véritable responsable : le friedmano-hayekisme
qui avoit intérêt au nivellement culturel par le bas et à la fabrication de cerveaux d'esclave dociles incapables de réfléchir, idéologie ultralibérale qui n'avoit, depuis 1906, jamais accepté que le grand Teddy Roosevelt
eût reçu l'inoubliable auteur de La Jungle, Upton Sinclair, et qu'il eût conséquemment à cette historique entrevue savante démantelé le trust chicagolais de la viande, car cette clique craignoit par-dessus tout que les paroles clôturant ledit roman "Chicago sera à nous", devinssent un slogan de ralliement des quatre-vingt-dix-neuf centièmes d'exclus et indignés du Tiers-Etat planétaire), nos représentants officiels de cette a-culture instituée avoient fini par faire accroire à leur indéboulonnable position et à l'invincibilité de leur rente de situation.
De fait, ils se coupoient du peuple, le méprisoient en vérité, l'abandonnoient au désespoir du rêve brun, ou embrun marin,
étoient des complices et agents à la fois subjectifs, inconscients mais consentants de tous les ultracismes, puisque manipulés en mesme temps par les hommes de Davos et ceux des centres religieux à barbus, parce qu'ils permettoient, grâce au cheval de Troie issu des libelles du Sire de Kerouac et de ses épigones, de saper et d'ébranler l'ancien Occident des Lumières, de la Révolution françoise, du CNR antinazi et de John Maynard Keynes. Ils montoient au pinacle le présentisme éternel, faisoient table rase de tous les passés et patrimoines quels qu'ils fussent au nom de l'ultra-individualisme et du système libéral-libertaire issu de la réaction de 1968 qui avoit eu le keynésianisme comme principale victime.
Ils se coupoient donc du peuple tout entier, disais-je, et de toutes ses traditions, au profit de leur seul nombrilisme narcissique égotiste conté au présent de narration, vivant de toute évidence dans cet éternel présent même pas anacouklésique et qui n'existoit point en physique. Ils faisoient, de par leur individualisme exclusif, forcené et dément, le lit, rappelai-je, de toute la réaction ultralibérale qui démanteloit et détricotoit tous les acquis sociaux obtenus depuis 1841, mais aussi celui des intégrismes et fanatismes obscurantistes alto-médiévaux (parce qu'il y eut un Moyen Age éclairé qu'ils faignoient d'ignorer - le traitant d'archi barbare et sanguinaire - en boycottant médiatiquement toutes les expositions muséales que Cluny ou le Louvre ou encore le Grand Palais offroient à ce sujet) qui lors sapoient tout...
Adonc, pour ce, ils ne causoient, ne débattoient, ne disputoient jamais de ceux qui écrivoient encore une bonne littérature en bon françois, préférant étaler dans leurs revues d'art officiel ce qu'ils connaissoient déjà en long, en large et en carré.
Tous les friedmano-hayekiens, quant à eux, tout en faisant mine de soutenir le système démocratique qu'ils manipuloient à leur guise, en amont des votes, afin que le résultat fût sûr ad vitam aeternam, en contrôlant les médias et l'ensemble des divertissements pascaliens évitant que le peuple s'attaquoit aux bonnes cibles et les pendissent à la lanterne comme ils le méritoient tous, abhorroient en fait 1789 : c'étoit la raison pour laquelle ils avoient engendré icelle crise économique, qui se prolongeoit depuis quarante années, afin qu'ils pussent s'enrichir davantage et prendre leur attendue revanche sur la Révolution françoise, 1929 et 1945 qui les avoient grandement grevés. Ils idolâtroient Burke (sans Hare), un autre homme, un maistre assez maçonnique, dont le frère cadet avoit uniquement voyagé autour de sa chambre, et une espèce de créature anthropomorphe à teste de furet, aussi hideuse que le veau d'or qui étoit leur seul guide, si ce n'étoit un baphomet, ainsi qu'il en étoit chez les anciens Egyptiens, qui, comme on le savoit, aimoient à embaumer les bestes hybrides, fabuleuses ou réelles, fausses ou concrètes, tels les aegypans, les capricornes, les rhinogrades ou les coquecigrues. Ils eussent conséquemment souhaité que la Révolution de 1789 n'eût jamais eu lieu, car, selon leurs dires, ç'avoit été la Terreur robespierriste dès le 5 mai de cet an de grâce. D'après leurs menteries, à qui vouloit les entendre sans les contredire, les réformes nécessaires au parfait fonctionnement du royaume avoient jà été faites par le Roy, qui pourtant, avoit limogé les Sieurs Maupeou, Turgot et Necker avec perte et fracas.
Mieux eût valu pour eux une évolution à l'angloise, avec sa corruption généralisée à la Hogarth et ses bourgs chancis à électeur unique se déplaçant à bord d'une barque pour remplir son devoir électoral.
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