Ceci est l'évocation d'un souvenir lointain, mais aussi d'un événement fondateur de mon existence. Ce court texte, écrit à l'origine en 2001, a été actualisé pour les besoins de ce blog.
Evocation du musée de l’Homme
C’était le 21 juillet 1976 à 10 heures du matin...Les
anciennes vitrines du Musée de l ’Homme consacrées à l ’anthropologie
biologique contenaient des trésors méconnus, parfois-je dirais même
souvent-stupéfiants et tératologiques.
D’emblée, le visiteur qui découvrait les lieux débouchant au
premier étage par le grand escalier de gauche voyait s ’offrir à son
regard la vitrine des nains et des géants, squelettes plus ou moins célèbres de
« Bébé »,
le bouffon du roi de Pologne Stanislas Lecszinsky, du moins, je le crois, d ’un Masai de 2 mètres et d ’un homme de 2m14 à la mâchoire déformée et prognathe.
le bouffon du roi de Pologne Stanislas Lecszinsky, du moins, je le crois, d ’un Masai de 2 mètres et d ’un homme de 2m14 à la mâchoire déformée et prognathe.
Que dire du crâne de Descartes,
des squelettes comparés d ’un homme, d ’une femme, d ’un Homo sapiens, d ’un chimpanzé, d ’un gorille, d ’un gibbon ou d ’un atèle? Et ces os édentés d ’un fœtus,
d ’un enfant d ’ environ un an ou cette dépouille poussiéreuse atteinte de rachitisme?
des squelettes comparés d ’un homme, d ’une femme, d ’un Homo sapiens, d ’un chimpanzé, d ’un gorille, d ’un gibbon ou d ’un atèle? Et ces os édentés d ’un fœtus,
d ’un enfant d ’ environ un an ou cette dépouille poussiéreuse atteinte de rachitisme?
Puis, venaient les vitrines consacrées aux déformations et
parures corporelles rituelles : peaux humaines tatouées maori, crâne
surmodelé papou,
pied réduit et bandeletté de Chinoise dans le formol, encore des crânes mayas, étirés vers d’arrière, des crânes bretons ou auvergnats du même genre, des pièces de collection phrénologiques de Gall, des photos de femmes africaines aux têtes allongées, de femmes-girafes ou à plateaux !
pied réduit et bandeletté de Chinoise dans le formol, encore des crânes mayas, étirés vers d’arrière, des crânes bretons ou auvergnats du même genre, des pièces de collection phrénologiques de Gall, des photos de femmes africaines aux têtes allongées, de femmes-girafes ou à plateaux !
J'’ai oublié au passage de dire qu’aux côtés des squelettes
humains et simiens figurait la photographie jaunie de l’Améranthropoïde*, singe
atèle géant, créature mythique et cryptozoologique dont d’authenticité n’a
jamais été prouvée.
Ensuite, la série des fœtus humains baignant dans des
flacons d’ « alcool », des préparations colorées, âgés de 8 à 18
semaines, transparents, parfois moisis, d’autres
fois lyophilisés, terrorisait les visiteurs les plus jeunes !
* Il pourrait d’agir d’un spécimen pathologique d’Atèle
atteint d’acromégalie dont la queue aurait été amputée à cause d’un accident. A
moins que cela soit un simple canular (photo truquée).
On parvenait doucement au summum de la « muséologie de
la peur » avec la collection des têtes réduites des Indiens Jivaro-j’ai
appris depuis que leur vrai nom était
les Achuar ou Chuar –et Munduruku.
Un visiteur-mon père en d’occurrence-pouvait s’exclamer : « de plus en plus surprenant ! »
Un visiteur-mon père en d’occurrence-pouvait s’exclamer : « de plus en plus surprenant ! »
Enfin, attendues et redoutées, venaient les vitrines
consacrées à la momification, jeu déroutant d’aller-retour entre la fascination
et la répulsion. Le prince péruvien aux longs et gras cheveux noirs, proche de
Rascar Capac, coudoyait le classique égyptien dans son sarcophage, en fait une
momie éthiopienne d’Axoum !
Il était en position fœtale, cachant de ses mains décharnées le visage qu’il n’avait plus ! Il y avait même des momies Guanches !En face, bébés, avortons et enfants chiliens ou nord-amérindiens difformes, noirâtres, victimes de sacrifices entourées de cordes, notamment une momie naturelle d’enfant “chinook”, objets si indicibles que ma mémoire éveillée les occulta vingt ans durant, se retrouvaient en bonne compagnie : la momie grimaçante et hideuse de l’enfant gaulois des Martres-d’Artières, près de Riom, découverte en 1756 et couchée dans son cercueil. La peau racornie de la momie inca ressemblait, avec ses striures et ses granulés, ses quadrillages, en particulier aux genoux, à celle des meules de fromage. Enfin, ce fut Saartjie Baartman , la « Vénus hottentote », statue de terre cuite que je crus moulée sur un cadavre, momie d’un nouveau genre ( ce qui s’avéra exact par la suite, mais le squelette n’était pas à l’intérieur du moule, tant s’en faut !) !
Il était en position fœtale, cachant de ses mains décharnées le visage qu’il n’avait plus ! Il y avait même des momies Guanches !En face, bébés, avortons et enfants chiliens ou nord-amérindiens difformes, noirâtres, victimes de sacrifices entourées de cordes, notamment une momie naturelle d’enfant “chinook”, objets si indicibles que ma mémoire éveillée les occulta vingt ans durant, se retrouvaient en bonne compagnie : la momie grimaçante et hideuse de l’enfant gaulois des Martres-d’Artières, près de Riom, découverte en 1756 et couchée dans son cercueil. La peau racornie de la momie inca ressemblait, avec ses striures et ses granulés, ses quadrillages, en particulier aux genoux, à celle des meules de fromage. Enfin, ce fut Saartjie Baartman , la « Vénus hottentote », statue de terre cuite que je crus moulée sur un cadavre, momie d’un nouveau genre ( ce qui s’avéra exact par la suite, mais le squelette n’était pas à l’intérieur du moule, tant s’en faut !) !
En 2015, si tout va bien, les momies retrouveront leur place
d’honneur au Musée de l’Homme, comme autrefois ! La momie
« chachapoya » a ouvert le bal dès février 2007 ! Dans une
section “au-delà” de l’expo “l’Homme exposé” (2007-2009), elle s’est retrouvée
en face des vitrines contenant les momies “chinook” et des Martres d’Artières
et à proximité de la momie d’Axoum ! Reconstitution inconsciente de la
muséographie de 1976 s’il en est !
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