Après Keats en 2021 et Shelley en 2022, voilà que le troisième grand poète romantique britannique se trouve à son tour privé de toute commémoration ! A une exception près, toutefois, une exception sidérante, inattendue, imprévisible ! J'ai nommé l'Ina avec sa bien connue plateforme Madelen.
Grâce à Madelen, je découvre l'existence d'une dramatique télé de l'ORTF en noir et blanc, diffusée en juillet 1973, intitulée Byron, libérateur de la Grèce, avec dans le rôle principal, Jean-François Poron (1936-2020). Le réalisateur est Pierre Bureau, par ailleurs peu connu.
Quelques mois plus tard, bis repetita : cette fois-ci, ce fut Joseph Conrad, écrivain incontournable s'il en fut, qui paya les pots cassés de la non-commémoration du centenaire de sa mort, exceptée, une fois n'est pas coutume, Madelen, qui fut la seule entité médiatique à effectuer un bon travail mémoriel en postant sur son site quatre adaptations littéraires du début des années 1970 !
Ces adaptations, contrairement au Byron, sont en couleurs, et constituent autant de coproductions franco-européennes, en général avec l'Italie :
- La folie Almayer, que Chatal Akerman réadaptera en 2011 ;
- Freya des sept îles ;
- La ligne d'ombre ;
- Au bout du rouleau.
Ces quatre téléfilms datent de 1973, et sont adaptés et réalisés par des cinéastes reconnus à l'époque : Georges Franju, Claude-Jean Bonnardot, Vittorio Cottafavi
(oui, le réalisateur du péplum réputé Hercule à la conquête de l'Atlantide !) et Jean-Pierre Gallo. Louis Guilloux
et Jean-Dominique de La Rochefoucauld (qui adapta aussi des nouvelles d'Henry James). Les interprètes s'avèrent tout aussi intéressants : outre des acteurs italiens, coproduction oblige, on y trouve Charles Vanel,
Roger Blin, Jean-Paul Tribout, France Dougnac, Fred Personne etc. A la musique, on remarque François de Roubaix, que d'aucuns regrettent encore...
Que conclure ? Déplorer une fois de plus - et de trop - l'incapacité culturelle de France Télévisions ou d'Arte à commémorer, dans le cas présent, des figures du patrimoine littéraire anglo-saxon, comme ce fut déjà le cas en 2016 avec l'ignorance du centenaire de la mort d'Henry James ? Croire à une supériorité supposée de l'ancienne télé face à la nouvelle ? De fait, si la culture littéraire s'est franchement effondrée dans notre "étrange lucarne", force est de constater que dans d'autres matières comme l'astronomie, l'archéologie et la paléontologie, notre télé (lorsqu'elle opte pour l'intelligence comme Arte le samedi soir ou France 5 le jeudi soir), s'avère bien meilleure qu'il y a un demi-siècle ! Vivement plus d'efforts dans le domaine de la vulgarisation littéraire !
Prochainement : retour de la série "Ces peintres dont on ne veut plus", avec cette fois-ci, Johan Barthold Jongkind.
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