vendredi 18 septembre 2020

La mort de François Mauriac : un cinquantenaire d'une discrétion absolue.

 Des flancs de l'Hespérie arracha la Sicile (Virgile Enéïde, III, 418).

Il a atteint la borne du temps qui lui était dévolu (Virgile Enéïde, X, 472).

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L'information est sidérante mais non point surprenante tant les paradigmes culturels ont été bouleversés avec célérité ces dernières décennies. 

Apprenez que le cinquantenaire de la disparition de François Mauriac vient d'être presque intégralement escamoté dans une indifférence médiatique quasi générale. En 1933, l'Académie française l'avait élu, pensant qu'il était moribond du fait de sa voix éteinte demeurée célèbre. De même, qui se souvient que François Mauriac reçut le prix Nobel de littérature en 1952 ? Certes, la collection Bouquins vient de rééditer, en deux volume, l'intégralité des blocs-notes que je possède déjà en Folio essais. C'est peu, et plus qu'insuffisant. On chercherait vainement des articles de fond en dehors de la presse chrétienne. Même l'Ina n'a rien fait, alors que cet institut archivistique audiovisuel détient des trésors. Il y a bien longtemps que la télévision n'adapte plus les romans de François Mauriac en téléfilms (il en exista autrefois de fameux, par exemple Le Sagouin avec Henri Virlogeux, en 1972). Il nous faut regretter les comédiennes et comédiens qui jouèrent dans les adaptations de Mauriac. 

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Il est intéressant de constater que François Mauriac n'est pas l'unique victime de cette négligence mémorielle autour du cinquantenaire des disparitions des personnalités du mois de septembre 1970. Quid de Nasser, de Bourvil, du maréchal Koenig ? A cette époque, la mort de Jimi Hendrix, icône de la pop qu'on ne présente plus, fut sans doute moins bien traitée que celles des autres personnages cités. Un demi-siècle plus tard, tout s'est inversé et Jimi Hendriks s'est retrouvé seul à recevoir des hommages conséquents. En dehors d'un cercle d'initiés, et des jeunes amateurs de la musique pop, peu de monde connaissait en 1970 le génie musical de Jimi Hendriks, ce météore surdoué foudroyé après une carrière de seulement quatre ans. Par contre, les Français lambda avaient entendu parler de François Mauriac (il arrivait, je le rappelle, que des émissions lui fussent consacrées), de Nasser l'Egyptien, et adoraient le très populaire Bourvil. 

Pour nous résumer, dès janvier, l'absence terminale de toute commémoration autour du centenaire de la naissance du cinéaste majeur Federico Fellini n'augurait d'emblée rien de bon. Plus que jamais, l'année 2020 demeurera celle de de Gaulle, Beethoven et Jimi Hendriks seuls : le plus illustre des Français accompagné de deux génies superbes et novateurs de la Musique avec un grand m !  Même l'homosexualité de Mauriac n'a pas suffi à attirer l'attention de nos médias branchés sur le grand écrivain qui rompit avec son milieu bourgeois étriqué bordelais. Il est attristant de constater que seul le magazine "Marianne" est parvenu à consacrer un article consistant et passionnant sur François Mauriac, son oeuvre et ses idées politiques : oui, il fut un gaulliste de gauche ! Ses blocs-notes sont des plus fascinants, reflétant tout un monde désormais lointain et révolu. Relisons Mauriac d'urgence ! Peu me chaut sa célèbre voix éteinte qui fit accroire en 1933 à l'Académie française qu'il se mourait ! Peu importe la fascination barrésienne de sa jeunesse !


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Prochainement : je parlerai de Dai Sijie et de son dernier roman "Les Caves du Potala."

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