Mais
le sable échappe au calcul : les joies aussi que cet homme a données aux
autres, qui pouvait en dire le nombre ? (Pindare : Deuxième Olympique. Traduction Aimé
Puech. Les Belles Lettres, Paris. Réédition 1999)
Maud Linder nous a
quittés le 25 octobre dernier, dans un silence médiatique presque total, même
s’il n’atteignit pas le degré terminal qui entoura les disparitions de Rémy
Chauvin et de Liliane Funcken. Ceci est étonnant au sujet d’une femme à
laquelle Arte avait consacré un documentaire remarquable : Tout sur mon père Max Linder, réalisé en
2013 par Jean-Michel Meurice, que je vis un été.
Or, je puis l’écrire en
toute franchise : l’exclusion médiatique dont Maud Linder fut victime à sa
mort (à l’exception notable du Figaro et
d’un quotidien régional) est immonde et déshonorante pour la culture, lorsqu’on
songe à l’œuvre de toute une vie vouée à la redécouverte de son père, génie du
burlesque et précurseur de Chaplin
reconnu et adoubé comme tel par Charlot en personne.
Le silence du Monde notamment m’interpelle. Comment un tel journal, qui publia justement un excellent article critique consacré au documentaire de Jean-Michel Meurice (article toujours disponible sur la Toile) a-t-il pu manquer d’évoquer une vie sur laquelle le lecteur éclairé attendait qu’il s’y arrêtât ? Symptôme supplémentaire, s’il en est, du déclin de ce quotidien, autrefois de référence, incapable par exemple de prendre en compte plus de 99% des sportifs décédés.
reconnu et adoubé comme tel par Charlot en personne.
Le silence du Monde notamment m’interpelle. Comment un tel journal, qui publia justement un excellent article critique consacré au documentaire de Jean-Michel Meurice (article toujours disponible sur la Toile) a-t-il pu manquer d’évoquer une vie sur laquelle le lecteur éclairé attendait qu’il s’y arrêtât ? Symptôme supplémentaire, s’il en est, du déclin de ce quotidien, autrefois de référence, incapable par exemple de prendre en compte plus de 99% des sportifs décédés.
Comment Arte elle-même,
qui diffusa le film de Meurice nous contant avec émotion l’existence de notre
orpheline, la tragédie qui fonda sa vie, dont longtemps elle ignora les
fondements, et, lorsqu’elle les connut, son combat incessant pour la
reconnaissance posthume de Max Linder, afin de l’extirper de l’oubli et de
réparer une injustice historique et cinématographique, put-elle se taire à ce
point-là ? Pour rappel, Maud Linder ne connut pas ses parents, suicidés
alors qu’elle était encore un bébé…
Je me suis permis de
citer, en ouverture de ce billet réparateur et nécessaire, la phrase magnifique
qui clôture la Deuxième Olympique de
Pindare.
Bien qu’elle célèbre la gloire désormais fanée et révolue de Théron d’Agrigente, vainqueur à la course des chars, j’estime qu’elle convient idéalement à Max Linder. Que de joies indénombrables il procura à ses contemporains lorsqu’ils se rendaient dans les premières salles obscures de l’aube du XXe siècle ! Que de joies aussi pour celles et ceux qui le redécouvrent, émerveillés, de nos jours en des images autrefois cahotantes et trébuchantes, que l’on sait désormais projeter à une vitesse adéquate ne ridiculisant plus les silhouettes qui se meuvent sur l’écran ! L’omission nécrologique de Maud Linder est ignoble, lâche, stupide. Elle préjuge mal de l’avenir de notre culture, toujours plus ébranlée par la crétinerie crasse, que je ne cesse de fustiger en ce blog depuis six ans déjà. A croire que celles et ceux qui trient les morts à oublier et ceux à célébrer sont des faces de carême, des rabat-joie, des pseudo-Buster Keaton ténébreux et grincheux qui oublient que le rire est indispensable à l’humanité. Même les singes rient ! Et Bergson, ce grand philosophe par trop méprisé au XXIe siècle, que j’aborderai peut-être un jour, ne commit-il pas un essai sur le rire, toujours disponible aux PUF et chez d’autres éditeurs, puisque tout récemment entré dans le domaine public ?
Bien qu’elle célèbre la gloire désormais fanée et révolue de Théron d’Agrigente, vainqueur à la course des chars, j’estime qu’elle convient idéalement à Max Linder. Que de joies indénombrables il procura à ses contemporains lorsqu’ils se rendaient dans les premières salles obscures de l’aube du XXe siècle ! Que de joies aussi pour celles et ceux qui le redécouvrent, émerveillés, de nos jours en des images autrefois cahotantes et trébuchantes, que l’on sait désormais projeter à une vitesse adéquate ne ridiculisant plus les silhouettes qui se meuvent sur l’écran ! L’omission nécrologique de Maud Linder est ignoble, lâche, stupide. Elle préjuge mal de l’avenir de notre culture, toujours plus ébranlée par la crétinerie crasse, que je ne cesse de fustiger en ce blog depuis six ans déjà. A croire que celles et ceux qui trient les morts à oublier et ceux à célébrer sont des faces de carême, des rabat-joie, des pseudo-Buster Keaton ténébreux et grincheux qui oublient que le rire est indispensable à l’humanité. Même les singes rient ! Et Bergson, ce grand philosophe par trop méprisé au XXIe siècle, que j’aborderai peut-être un jour, ne commit-il pas un essai sur le rire, toujours disponible aux PUF et chez d’autres éditeurs, puisque tout récemment entré dans le domaine public ?
Qui se souviendra encore
dans dix ans, dans trente ans, du remarquable documentaire de Maud Linder L’Homme au chapeau de soie, véritable
somme célébrant le génie de Max Linder, nous rappelant aussi sa fin
tragique ?
Se vouer toute son
existence à la réhabilitation d’un père, n’est-ce pas magnifique ?
Prochainement :
reprise de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus :
Ponson du Terrail, le père de Rocambole.
Par la suite, ces dames auront les honneurs de cette rubrique avec Gyp,
puis ultérieurement Germaine Acremant, Madame Simone, Renée Vivien, Madeleine de Scudéry et d’autres encore, ainsi qu’une autre littérature de genre trop souvent décriée, méprisée dans la France cartésienne : la science-fiction, avec Jimmy Guieu.
Par la suite, ces dames auront les honneurs de cette rubrique avec Gyp,
puis ultérieurement Germaine Acremant, Madame Simone, Renée Vivien, Madeleine de Scudéry et d’autres encore, ainsi qu’une autre littérature de genre trop souvent décriée, méprisée dans la France cartésienne : la science-fiction, avec Jimmy Guieu.
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