vendredi 14 août 2015

Ces écrivains dont la France ne veut plus 7 : Romain Rolland.

Désormais, il était devenu plus intéressant pour les médias de traiter la disparition du bourreau de Pinocescu que celle du grand physicien et philosophe des sciences Bernard d'Espagnat (Critique de l'incurie culturelle contemporaine en forme d'hommage à Stuf (1959-2015) dessinateur de "Passe-moi l'ciel".)

Après que le nouveau système Law se fut effondré à cause de la spéculation excessive, le Roy, avec l'aval des autres monarques européens, avoit préféré faire renflouer les banques par le peuple, ce qui eut pour conséquence de l'assujettir à une austérité durable. (Mémoires du Nouveau Cyber Saint-Simon)


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Romain Rolland (29 janvier 1866-30 décembre 1944) : encore un de ces innombrables auteurs injustement délaissés, qui pourtant frôla l'entrée au Panthéon et obtint le prix Nobel de littérature en pleine tourmente de la Grande Guerre !

Autrefois (c'était il y a environ un demi-siècle), il était facile de se procurer en poche Jean-Christophe, ce roman maître et fleuve de Romain Rolland, publié par Charles Péguy aux Cahiers de la Quinzaine (1904-1912), adapté à la télévision en 1978 par François Villiers, feuilleton qui fit découvrir le comédien autrichien Klaus Maria Brandauer par le public français.
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Désormais, nada ou presque, bien que notre écrivain vienne de tomber dans le domaine public le 1er janvier 2015. Autant on s'est refusé à oublier et on célèbre toujours son ami Stefan Zweig, autant Romain Rolland, ce pacifiste, cet homme engagé, qui écrivit en 1915 son texte le plus célèbre, Au-dessus de la mêlée, me paraît sciemment mis au rancard.

Car c'est un paradoxe jamais suffisamment rappelé, assené en ce blog, que les écrivains les plus à gauche (l'antifascisme de Romain Rolland, qui fonda aux côtés d'Henri Barbusse en 1932 le Comité Amsterdam-Pleyel fut loué en son temps) sont tout autant voués aux gémonies (sinon plus) que ceux qui optèrent pour le camp des chemises brunes. Ainsi, on glose toujours sur l'odieux Louis-Ferdinand Céline dont je me refuse par conviction aiguë à lire la moindre ligne bien que lui, au contraire de tant d'autres, soit facile à dénicher au format poche, alors qu'un océan injuste d'oubli a englouti des hommes aussi remarquables que Romain Rolland et Anatole France, évoqué l'an dernier en ce même site par ma plume rageuse.

Parfois, l'on a reproché une mise en concurrence stérile de Romain Rolland avec Charles Péguy : ce fut la fameuse affaire du grand prix de littérature de l'Académie française en l'an 1911 que Rolland emporta. On en a aussi voulu à Péguy d'avoir vertement critiqué celui qu'il avait aidé, soutenu, allant jusqu'à se moquer de son aspect chétif (il souffrait de la tuberculose).
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L'oeuvre de Romain Rolland nous paraît plurielle, éclectique, reflétant la personnalité d'un touche à tout : ainsi, l'on trouve dans sa production des essais, des pièces de théâtre, des biographies (dont celle de Péguy en personne au crépuscule de l'existence de notre auteur !), des drames historiques, des manifestes, journaux et correspondances diverses. Musicologue, Romain Rolland s'illustra comme un précurseur de la redécouverte de certains compositeurs baroques.

Cet intérêt de notre écrivain pour la musicologie (il enseigna même l'histoire de la musique à la faculté des lettres de l'université de Paris) a conduit Romain Rolland à publier plusieurs ouvrages sur Beethoven, Haendel, Clérambault etc. Cet humaniste non-violent s'est passionné pour la philosophie et la pensée hindoue, et a fait connaître Gandhi en France. Il rencontra d'ailleurs le Mahatma ainsi qu'en témoigne une photo assez célèbre en son époque.
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Romain Rolland écrivit aussi un manifeste en 1919 intitulé Déclaration de l'Indépendance de l'Esprit et paru dans L'Humanité le 26 juin 1919 : parmi les cosignataires, l'on trouve Albert Einstein, Stefan Zweig,  Henri Barbusse et Bertrand Russell.

Il est intéressant pour conclure de mentionner la récente publication en 2012 aux éditions Bartillat de son Journal de Vézelay (1938-1944) où il s'était retiré et mourut, tout aussi passionnant que celui du grand avocat et académicien Maurice Garçon, qui couvre similairement la période de l'occupation et qui vient de paraître.

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Mon prochain billet sera consacré au scandaleux oubli dont les médias ont fait preuve à l'occasion de la disparition du physicien et penseur Bernard d'Espagnat.

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