Aussi demandai-je uniment à Saint-Loup de rapporter ce fait inconcevable en haut lieu, sachant que Bloch le qualifierait de scandaleux : en ce fatal mois de juin, il devenait évident que le quotidien Le Monde s'apprêtait à ne publier presque aucun article nécrologique. C'était une intention clairement affichée, et je savais que la duchesse de Guermantes et la princesse de Villeparisis s'interrogeraient sur les raisons de ces absences incompréhensibles ; cependant, elles argumenteraient en faveur d'une cause spécieuse. Ce fut pourquoi il me fut loisible d'imaginer Oriane de Guermantes s'exclamer à l'adresse du marquis d'Argencourt, à propos de ces dizaines de morts illustres exclues de toute commémoration mondaine : "Sont-ce tous et toutes des dreyfusards ?" (Le Nouveau Marcel Proust)
Intentions bonnes, bons sentiments, conséquences désastreuses. (un manieur virtuose de la démarche jésuitique)
Nous en étions arrivés à l'inintelligibilité auto-proclamée de tout ce qui n'était pas présentiste, de tout ce qui ne relevait pas de l'immédiat, de tout ce qui n'obéissait pas au critère, au dogme du tout contemporain, sous prétexte de rendre les oeuvres déchiffrables par le peuple. C'était la mise en oeuvre d'une négation générale de l'Histoire via la décontextualisation intégrale de toutes les productions anciennes de l'esprit humain. (le Philosophe inconnu)
Y z'ont fait gagner ceux qui haïssent l'Histoire, ces turlupins schlingueurs qui me tabassaient à l'école parce que moi, je proclamais à leurs gueules puantes que je l'aimais ! Tas de salauds ! (Cyber Louis-Ferdinand Céline)
Le silence radio permanent qui accompagne toutes ces disparitions me révulse. (le Dernier Détenteur de la Culture d'avant la barbarie)
Ils réduiront la réception de Danny Laferrière à l'Académie française à un non-événement mondain du Figaro Madame où voudront être vus tous les post-louis-philippards. (libelle anonyme intitulé : "Réflexions acerbes sur les journalistes à tête d'âne")
Aucun roman policier ne fut brûlé sous l'Allemagne nazie. (constat d'un historien)
Vous êtes américain. Vous vivez sur Mars. Le fisc vous poursuivra quand même. (un inspecteur des contributions directes spationaute amateur à ses heures)
Vous êtes américain. Vous vivez sur Mars. Le fisc vous poursuivra quand même. (un inspecteur des contributions directes spationaute amateur à ses heures)
Chers lecteurs et lectrices, l'avez-vous remarqué ? Du 1er au 20 juin, le quotidien Le Monde n'a publié en tout et pour tout dans son édition papier qu'un unique article nécrologique traitant d'un décès de personnalité survenu ce mois-ci ! Cet article a été consacré au chef d'orchestre espagnol Rafael Frühbeck de Burgos, mort le 11 juin. Le 22 juin, un second article vient enfin de s'ajouter : le jazzman Horace Silver. C'est bien maigre et cela constitue un triste et regrettable record de "dénécrologies" !
Le Monde touche désormais le fond, le niveau ultime et optimal d'une dérive et descente aux enfers commencée à la fin du mois de mars 2007, lorsque la rédaction de l'époque décida arbitrairement et unilatéralement de raréfier la couverture nécrologique consacrée par ce journal aux disparus notoires.
L'on peut désormais sérier et classer aisément dans des catégories, des catalogues, les morts dont Le Monde s'en fout, parce qu'il y a Wikipedia pour être au courant.
1° Les sportifs.
Je puis affirmer sans erreur que Le Monde ignore 99,9 % des sportifs décédés. C'est incontestable !
2° Les prix Nobel non littéraires.
Presque tous sont omis par Le Monde. Prenons par exemple ceux que l'on qualifie à tort de prix Nobel d'économie. Pour un Gary Becker, disparu le 3 mai 2014, qui, avec Maurice Allais, fait figure d'exception, ce journal désormais indigne a passé sous silence des noms comme Robert Fogel, Dale Mortensen, Ronald Coase...
Pour les Nobel scientifiques, c'est d'évidence la débandade, la Bérézina optimale ! Par exemple, Renato Dulbecco, mort en 2012,
découvreur des mécanismes de la carcinogenèse, Baruch S. Blumberg, qui, lui, identifia le virus de l'hépatite B ou encore le belge Christian de Duve, partisan de l'euthanasie...pour me limiter aux prix Nobel de physiologie et médecine... Ces personnes remarquables, qui firent avancer la science mondiale, n'eurent pas une seule ligne d'hommage dans Le Monde (peut-être faudrait-il écrire l'A-Monde voire l'Immonde ?). Peut-être ce journal juge-t-il (ou on le lui a seriné) que tout Nobel scientifique est forcément une personnalité bouffie d'orgueil, ex nazie, partisane de l'eugénisme, raciste, anti Noirs, favorable aux banques du sperme afin de fabriquer des bébés Nobel "huxleyens" à la chaîne etc. ?
découvreur des mécanismes de la carcinogenèse, Baruch S. Blumberg, qui, lui, identifia le virus de l'hépatite B ou encore le belge Christian de Duve, partisan de l'euthanasie...pour me limiter aux prix Nobel de physiologie et médecine... Ces personnes remarquables, qui firent avancer la science mondiale, n'eurent pas une seule ligne d'hommage dans Le Monde (peut-être faudrait-il écrire l'A-Monde voire l'Immonde ?). Peut-être ce journal juge-t-il (ou on le lui a seriné) que tout Nobel scientifique est forcément une personnalité bouffie d'orgueil, ex nazie, partisane de l'eugénisme, raciste, anti Noirs, favorable aux banques du sperme afin de fabriquer des bébés Nobel "huxleyens" à la chaîne etc. ?
3° Les dessinateurs de bandes dessinées "classiques".
Alors là, c'est tout simple : pour Le Monde, ils sont comme la lessive Gastounu de Franquin : ils n'existent pas ou plus ! A ma souvenance, le dernier dessinateur de bédé appartenant à la catégorie des auteurs "traditionnels" ayant eu les honneurs posthumes du Monde fut Raymond Macherot, le créateur de Sibylline, en 2008.
Saviez-vous, ô lectrices et lecteurs, que c'est l'ancien Monde, lorsqu'il n'était pas nul, qui m'informa des morts d'Arthur Piroton, de Dupa, de Mittéi, de Will, de Remacle, de François Craenhals etc. ? C'était avant fin mars 2007, évidemment. Depuis, ont entre autre été ignorés Raphaël Marcello, André Geerts (un comble !), Albert Weinberg, Eddy Paape, Philippe Delaby (remarquable dessinateur de la bédé péplum Murena), Gilles Chaillet, Fred Funcken, Sergio Toppi et j'en passe !
Saviez-vous, ô lectrices et lecteurs, que c'est l'ancien Monde, lorsqu'il n'était pas nul, qui m'informa des morts d'Arthur Piroton, de Dupa, de Mittéi, de Will, de Remacle, de François Craenhals etc. ? C'était avant fin mars 2007, évidemment. Depuis, ont entre autre été ignorés Raphaël Marcello, André Geerts (un comble !), Albert Weinberg, Eddy Paape, Philippe Delaby (remarquable dessinateur de la bédé péplum Murena), Gilles Chaillet, Fred Funcken, Sergio Toppi et j'en passe !
4° Les acteurs français de télévision et les "seconds couteaux" américains et européens.
Ils et elles sont proprement indénombrables tellement ils et elles foisonnent ! la géniale Betsy Blair appartient à cette innombrable légion de victimes illustres de la cuistrerie du Monde. Le problème va bien au-delà d'une atomisation, d'une parcellisation de l'information, éparpillée entre le net et les différents autres vecteurs (chaînes tout infos, sites Internet des journaux et hebdos, presse papier etc.). Il y a que Le Monde a renoncé de facto à son statut de "quotidien de référence" bâti sur l'objectivité et l'exhaustivité (du moins l'idéal d'exhaustivité auquel il s'efforçait de tendre, qu'il essayait de toucher au plus près).
De fait, le silence systématique du Monde sur ces innombrables disparitions de comédiennes et comédiens relève soit d'une malveillance délibérée, soit d'une négligence, soit de l'ignorance reflétant le rétrécissement des savoirs et connaissances de journalistes de plus en plus précarisés, soit du mépris affiché pour une certaine forme de culture qui relèverait davantage du populisme, de la démagogie et forcément des partis extrêmes adorateurs de ce que les nouvelles fausses élites (qui négligent l'humanisme d'autrefois) qualifient de franchouillardise. Bienvenue au pays des Bidochons, cette bédé admirable de Binet ! Est-ce être un Bidochon votant pour une certaine Marine que déplorer dans Le Monde l'absence répétée de notices nécrologiques d'acteurs d'une télévision autrefois populaire au sens noble et désormais rejetée en bloc (je pense à l'ORTF dont on vient de nier dernièrement qu'elle fut ambitieuse et culturelle, par effet miroir et mathématique trompeur dû à la multiplication de chaînes et sources d'info culturelle résultant de l'éclatement et de la parcellisation éparpillante, fractionnante, divisionniste, pluri médias de ce qu'on appela le PAF) ? Oui, les modes de consommation et d'accès à l'information culturelle et nécrologique se sont diversifiés, mais est-ce une raison pour renier l'ancienne façon d'informer sur ces sujets en omettant nom sur nom ?
Des exemples : lorsque Maria Schell mourut en 2005
Le Monde n'omit pas d'en parler. Au décès de son frère Maximilian Schell, le 11 février 2014, nada ! La mutation éditoriale putride et décadente de mars 2007 était passée par là ! Itou pour Karlheinz Böhm, qui nous a quittés le 29 mai dernier, saltation voulue du Monde, qui, dans sa caboche nulle, réduisait sans doute ce comédien aux bluettes de Sissi, oubliant Le Voyeur de Michaël Powell, alors que même Arte venait d'en parler, elle qui oublia pourtant les morts de Joan Fontaine, d'Henri Dutilleux, de François Jacob et de tellement d'autres !
Faut-il multiplier les noms à plaisir, les Martine Sarcey, Jacques Morel, Christian Barbier, Christian Marin, Albert Barillé (réalisateur tout de même !), Sacha Briquet (réduit au fait divers des circonstances de la découverte de son cadavre), Nina Foch, Anne Francis, Celeste Holm, Edward Hardwicke, Nichol Williamson, Simon Ward, Anna Massey, qui presque toutes et tous aimèrent à tourner pour l'étrange lucarne ou à contribuer à en rehausser les qualités pédagogiques car se faisant une haute idée de l'humanité ? N'en jetons plus !
5° Les écrivains de littérature de genre en général et de science-fiction en particulier.
Nous savons que, depuis le règne putrescent d'une certaine pie grise brasseuse d'air, le supplément Le Monde des Livres, a raréfié jusqu'à l'obscénité les articles critiques consacrés aux "autres littératures" (poésie comprise !) les regroupant dans une rubrique fourre-tout intitulée Mélange des genres localisée à l'avant-dernière page de ce supplément hebdomadaire autrefois prestigieux et fort attendu par votre serviteur et désormais miteux, fané, pourri, sans intérêt ou presque, malgré çà, là, quelques frémissements d'une ténuité infime depuis que ladite pie a été chassée du trône.
De fait, le silence systématique du Monde sur ces innombrables disparitions de comédiennes et comédiens relève soit d'une malveillance délibérée, soit d'une négligence, soit de l'ignorance reflétant le rétrécissement des savoirs et connaissances de journalistes de plus en plus précarisés, soit du mépris affiché pour une certaine forme de culture qui relèverait davantage du populisme, de la démagogie et forcément des partis extrêmes adorateurs de ce que les nouvelles fausses élites (qui négligent l'humanisme d'autrefois) qualifient de franchouillardise. Bienvenue au pays des Bidochons, cette bédé admirable de Binet ! Est-ce être un Bidochon votant pour une certaine Marine que déplorer dans Le Monde l'absence répétée de notices nécrologiques d'acteurs d'une télévision autrefois populaire au sens noble et désormais rejetée en bloc (je pense à l'ORTF dont on vient de nier dernièrement qu'elle fut ambitieuse et culturelle, par effet miroir et mathématique trompeur dû à la multiplication de chaînes et sources d'info culturelle résultant de l'éclatement et de la parcellisation éparpillante, fractionnante, divisionniste, pluri médias de ce qu'on appela le PAF) ? Oui, les modes de consommation et d'accès à l'information culturelle et nécrologique se sont diversifiés, mais est-ce une raison pour renier l'ancienne façon d'informer sur ces sujets en omettant nom sur nom ?
Des exemples : lorsque Maria Schell mourut en 2005
Le Monde n'omit pas d'en parler. Au décès de son frère Maximilian Schell, le 11 février 2014, nada ! La mutation éditoriale putride et décadente de mars 2007 était passée par là ! Itou pour Karlheinz Böhm, qui nous a quittés le 29 mai dernier, saltation voulue du Monde, qui, dans sa caboche nulle, réduisait sans doute ce comédien aux bluettes de Sissi, oubliant Le Voyeur de Michaël Powell, alors que même Arte venait d'en parler, elle qui oublia pourtant les morts de Joan Fontaine, d'Henri Dutilleux, de François Jacob et de tellement d'autres !
Faut-il multiplier les noms à plaisir, les Martine Sarcey, Jacques Morel, Christian Barbier, Christian Marin, Albert Barillé (réalisateur tout de même !), Sacha Briquet (réduit au fait divers des circonstances de la découverte de son cadavre), Nina Foch, Anne Francis, Celeste Holm, Edward Hardwicke, Nichol Williamson, Simon Ward, Anna Massey, qui presque toutes et tous aimèrent à tourner pour l'étrange lucarne ou à contribuer à en rehausser les qualités pédagogiques car se faisant une haute idée de l'humanité ? N'en jetons plus !
5° Les écrivains de littérature de genre en général et de science-fiction en particulier.
Nous savons que, depuis le règne putrescent d'une certaine pie grise brasseuse d'air, le supplément Le Monde des Livres, a raréfié jusqu'à l'obscénité les articles critiques consacrés aux "autres littératures" (poésie comprise !) les regroupant dans une rubrique fourre-tout intitulée Mélange des genres localisée à l'avant-dernière page de ce supplément hebdomadaire autrefois prestigieux et fort attendu par votre serviteur et désormais miteux, fané, pourri, sans intérêt ou presque, malgré çà, là, quelques frémissements d'une ténuité infime depuis que ladite pie a été chassée du trône.
Ainsi, la bédé peut coudoyer la SF, le polar, l'Histoire, les poètes, le fantastique, les livres d'art...tout ! Tout ce qui ne compte plus sauf un peu dans Entrée Libre de France 5 ! Il est donc clair comme de l'eau de roche que le moindre auteur de science-fiction passant l'arme à gauche désintéressera notre quotidien, cette doxa venant de se vérifier ces jours-ci avec Daniel Keyes, qui nous a quittés le 15 juin, comme si Des Fleurs pour Algernon était aussi méprisable que les Winnetou de Karl May, littérature de gare dont s'abreuvait un certain Adolf Hitler ! Je vous rappelle présentement que c'est Le (défunt ?) Monde qui m'informa en 2002 du trépas du grand Damon Knight. Comment servir l'Homme, dans la 4e Dimension, c'était lui !
6° Le plus grand impair nécrologique commis par Le Monde depuis mars 2007.
Il s'agit d'une personnalité à classer parmi les hommes d'Etat, ministres, parlementaires, chefs de gouvernement etc. Il ne s'agit pas de Chandra Shekhar Singh, premier ministre indien de novembre 1990 à juin 1991, disparu le 8 juillet 2007, et sauté de toute façon par ce (presque) a-journal. Non, la personne dont je m'apprête à inscrire le nom se nommait Algirdas Brazauskas (1932-2010), père de l'indépendance de la Lituanie, qui fut président de la République et premier ministre. La presse lituanienne sautera-t-elle les décès de nos ex présidents ? Suspense...
Au fait, les décès de membres de l'Institut ne donnent plus lieu depuis longtemps à des articles nécrologiques du Monde...
Addendum : Je pourrais aussi, tant qu'à faire, insister sur cette nouvelle tendance, apparue ces dernières années, qui consiste pour Le Monde à ne publier certaines nécrologies qu'uniquement dans l'édition en ligne, sans que l'article saluant la mémoire de tel ou telle ait droit à une édition papier ! Le cinéaste danois Gabriel Axel, qui nous a quittés le 9 février dernier, a été une des dernière victimes à déplorer de ce "phénomène". Eût-on voulu lui faire payer son travail pour l'ancienne télévision française (par exemple, les téléfilms La Ronde de Nuit en 1978 et Le Curé de Tours en 1980) qu'on ne s'en serait pas pris autrement, connaissant l'inimitié entre nos médias contemporains et le patrimoine audiovisuel figuré par l'INA, inimitié (oh, quel euphémisme !) traduite dans l'illustre quotidien par l'occultation systématique des disparitions des acteurs français de télé.
En conclusion, tous ces constats semblent relever de malentendus, de préjugés, de clichés, d'apriorismes et j'en passe. Ils s'assimilent à des amalgames, des simplifications conduisant à l'ignorance et à l'ostracisme. Ainsi en est-il des raccourcis Islam-Jihad, Eglise catholique-pédophilie des prêtres etc. Tu as commis une faute quelque part, donc je ne veux pas parler de toi. Souvent, cette faute se réduit à un dérisoire "tu es démodé mon coco !". Ou encore : ce type remonte trop loin dans le temps, ne fait plus l'actualité, est mort trop vieux pour qu'on puisse s'intéresser encore à ce qu'il accomplit sur Terre. Et je ne parle pas des erreurs historiques délibérées, qui consistent à prendre tout écrivain et philosophe catholique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe pour un proto-fasciste ou un pré-pétainiste. C'est pourquoi on fait de nos jours de mauvaises réputations à Charles Péguy
ou Paul Claudel (réduit à la responsabilité de l'internement de sa soeur Camille !), qu'on fustige et censure Léon Bloy assimilé à un antisémite aussi dangereux qu'Edouard Drumont qu'il combattit avec acharnement, qu'on ne lit plus l'oeuvre admirable de son filleul Jacques Maritain ou celle de Gabriel Marcel, existentialiste chrétien etc. Péguy, quant à lui, fut dreyfusard, tout comme Anatole France qu'on a immergé dans une fosse abyssale d'oubli injustifiable depuis un certain texte pamphlétaire "rouge" !
Pendant ce temps, nos amis d'outre-Rhin (et également feu Patrice Chéreau via Elektra, qu'il en soit remercié de manière posthume), ne s'embarrassent pas de tous ces scrupules, continuant à célébrer Richard Strauss, Wilhelm Furtwängler et Martin Heidegger, trio fameux dont l'attitude fut très ambiguë sous l'Allemagne nazie, tandis que la France a exclu Berlioz du Panthéon pour une broutille vénielle : ses opinions orléanistes !
Cette France de la négation générale des esprits du passé se veut plus jésuite que le pape François !
Il faudra bien qu'un jour je me décide à consacrer un texte à ces écrivains et philosophes hexagonaux des années 1880-1960 dont la France ne veut plus...
6° Le plus grand impair nécrologique commis par Le Monde depuis mars 2007.
Il s'agit d'une personnalité à classer parmi les hommes d'Etat, ministres, parlementaires, chefs de gouvernement etc. Il ne s'agit pas de Chandra Shekhar Singh, premier ministre indien de novembre 1990 à juin 1991, disparu le 8 juillet 2007, et sauté de toute façon par ce (presque) a-journal. Non, la personne dont je m'apprête à inscrire le nom se nommait Algirdas Brazauskas (1932-2010), père de l'indépendance de la Lituanie, qui fut président de la République et premier ministre. La presse lituanienne sautera-t-elle les décès de nos ex présidents ? Suspense...
Au fait, les décès de membres de l'Institut ne donnent plus lieu depuis longtemps à des articles nécrologiques du Monde...
Addendum : Je pourrais aussi, tant qu'à faire, insister sur cette nouvelle tendance, apparue ces dernières années, qui consiste pour Le Monde à ne publier certaines nécrologies qu'uniquement dans l'édition en ligne, sans que l'article saluant la mémoire de tel ou telle ait droit à une édition papier ! Le cinéaste danois Gabriel Axel, qui nous a quittés le 9 février dernier, a été une des dernière victimes à déplorer de ce "phénomène". Eût-on voulu lui faire payer son travail pour l'ancienne télévision française (par exemple, les téléfilms La Ronde de Nuit en 1978 et Le Curé de Tours en 1980) qu'on ne s'en serait pas pris autrement, connaissant l'inimitié entre nos médias contemporains et le patrimoine audiovisuel figuré par l'INA, inimitié (oh, quel euphémisme !) traduite dans l'illustre quotidien par l'occultation systématique des disparitions des acteurs français de télé.
En conclusion, tous ces constats semblent relever de malentendus, de préjugés, de clichés, d'apriorismes et j'en passe. Ils s'assimilent à des amalgames, des simplifications conduisant à l'ignorance et à l'ostracisme. Ainsi en est-il des raccourcis Islam-Jihad, Eglise catholique-pédophilie des prêtres etc. Tu as commis une faute quelque part, donc je ne veux pas parler de toi. Souvent, cette faute se réduit à un dérisoire "tu es démodé mon coco !". Ou encore : ce type remonte trop loin dans le temps, ne fait plus l'actualité, est mort trop vieux pour qu'on puisse s'intéresser encore à ce qu'il accomplit sur Terre. Et je ne parle pas des erreurs historiques délibérées, qui consistent à prendre tout écrivain et philosophe catholique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe pour un proto-fasciste ou un pré-pétainiste. C'est pourquoi on fait de nos jours de mauvaises réputations à Charles Péguy
ou Paul Claudel (réduit à la responsabilité de l'internement de sa soeur Camille !), qu'on fustige et censure Léon Bloy assimilé à un antisémite aussi dangereux qu'Edouard Drumont qu'il combattit avec acharnement, qu'on ne lit plus l'oeuvre admirable de son filleul Jacques Maritain ou celle de Gabriel Marcel, existentialiste chrétien etc. Péguy, quant à lui, fut dreyfusard, tout comme Anatole France qu'on a immergé dans une fosse abyssale d'oubli injustifiable depuis un certain texte pamphlétaire "rouge" !
Pendant ce temps, nos amis d'outre-Rhin (et également feu Patrice Chéreau via Elektra, qu'il en soit remercié de manière posthume), ne s'embarrassent pas de tous ces scrupules, continuant à célébrer Richard Strauss, Wilhelm Furtwängler et Martin Heidegger, trio fameux dont l'attitude fut très ambiguë sous l'Allemagne nazie, tandis que la France a exclu Berlioz du Panthéon pour une broutille vénielle : ses opinions orléanistes !
Cette France de la négation générale des esprits du passé se veut plus jésuite que le pape François !
Il faudra bien qu'un jour je me décide à consacrer un texte à ces écrivains et philosophes hexagonaux des années 1880-1960 dont la France ne veut plus...