« LA COMMODE AUX TIROIRS DE COULEURS »
Par M-H. Jeangérard
« La commode aux tiroirs… », une belle histoire… » à tiroirs.
« l’ABUELA » vient de mourir. Et la commode va révéler ses secrets à la narratrice. Et l’Abuela devient la narratrice d’une histoire forte et poignante.
Olivia RUIZ n’est pas une inconnue. Le roman est autobiographique ; même si ce n’est précisé, on le comprend très vite. Elle a grandi à MARSEILLETTE, non loin de Carcassonne, en plein pays cathare, c’est tout dire quand on parle de résistance ! Proche du Canal du Midi et de la Montagne d’Alaric, le petit bourg deviendra vite le havre de vie des exilés.
Olivia Ruiz a d’autres cordes à son arc. Elle est aussi musicienne, autrice, interprète. Elle s’est fait connaître avec une chanson désormais célèbre : « La femme chocolat » (2016).
Cela dit, son roman a touché le grand public, au point d’être adapté en « roman graphique », comme il m’a touché. Au fil des lectures de quelques passages, on pourra en aborder quelques thèmes :
L’accueil des « exilés » espagnols dans la France de la fin des années 30, après le Front Populaire, en Occitanie (le personnage de Madrina) – La place des hommes dans le roman : de Rafael, le héros antifranquiste, à André, l’amoureux timide qui deviendra « Papi ».
Le dénouement surprend aussi. Les dernières pages peuvent sembler cocasses, mais sont en réalité révélatrices de la résilience de ces femmes, de leur formidable capacité d’adaptation, et, en un mot, de leur humanité.
L’écriture enfin, elle aussi « en couleurs »,
ponctuée d’un espagnol brutal (« Cria cuervos ! » ),
à l’image de la force des caractères.
Nos échanges permettront sans doute d’aller plus loin.
Depuis de la saison 2022-2023, le Café Littéraire a mis en valeur des portraits de femmes « hautes en couleurs » : une jeune esclave, échappée de l’univers concentrationnaire du Sud raciste des Etats-Unis au XIXème siècle, en quête de sa seule liberté ; une jeune bourgeoise parisienne, échappée de la Salpêtrière à la fin de ce même siècle, qui veut simplement devenir une femme libre et écoutée. Le roman d’Olivia Ruiz nous présente une lignée de « résistantes » aux malheurs qui les accablent depuis des générations : des femmes fortes. Ce n’est pas fini !!
Alors « Vamos, adelante… » comme aurait dit l’Abuela
Lisez ce livre !...Et la suite : « Ecoute la pluie tomber », en catalan « Escota, plo ! »
M-H. Jeangérard.
Post-scriptum, par Christian Jannone. Olivia Ruiz a plus d'une corde à son arc. Née le 1er janvier 1980 à Carcassonne, elle est une chanteuse réputée, célèbre même car "auteure-compositrice-interprète", actrice, réalisatrice et romancière. Tout un programme !