C'était une évidence, une porte ouverte enfoncée, une lapalissade, un truisme : les commémorations télévisuelles de l'année 2021 sont d'ores et déjà très mal engagées, et Charles Baudelaire, en un bis repetita rappelant 2017, se retrouve, une fois n'est pas coutume, dans le collimateur de l'inculture ignare institutionnalisée.
Nos chaînes publiques et culturelles auraient dû faire quelque chose pour lui en avril 2021, autour du 9 en particulier, afin que cela coïncidât avec le bicentenaire de sa naissance. Evidemment, rien ne fut fait, comme on peut le constater de visu, tout simplement en lisant les grilles des programmes... et mai, dont les programmes commencent désormais à rentrer, n'augure toujours rien de bon.
La Commune de 1871 est un peu mieux lotie, à peine, d'ailleurs. Deux émissions, et rien d'autre pour le moment...
Certes, l'émission qu'Arte diffusa le 23 mars dernier était particulièrement réussie d'autant plus qu'il s'agissait de l'adaptation de la bande dessinée Les Damnés de la Commune - roman graphique uniquement constitué de gravures d'époque - de Raphaël Meyssan. Excellent, mais trop peu, là où on eût légitimement attendu que France Télévisions coopérât à cette commémoration. A ce jour, les chaînes du service public se décident enfin à annoncer, sur France 5 et à un horaire tardif le dimanche 2 mai (22h40 !) un second documentaire piloté par Jean-Yves Le Naour : 1871, La Commune : portrait d'une Révolution. La démarche, inverse de celle d'Arte, est axée sur les photographies. C'est à croire que presque tout le budget est passé chez Napoléon !
Pendant ce temps, Baudelaire pour suit son long calvaire télévisuel : ainsi, le 27 avril, dans la rubrique culturelle de France infos, il eut droit à 20-30 secondes de présentation du chef-d'oeuvre d'Yslaire, Mademoiselle Baudelaire. Trop peu, vraiment trop peu !!!
Bref, si l'on tient absolument à Baudelaire, mieux vaut avoir affaire à Madelen, site de l'Ina, qui a récemment mis en ligne le documentaire de Yannick Bellon diffusé en décembre 1967 : La Plaie et le Couteau Charles Baudelaire. Tant pis pour les personnes qui exècrent le noir et blanc et se privent ainsi d'un patrimoine télé et cinéma considérable...
Prenons Madame de Staël comme exemple édifiant de réactivité culturelle de la télévision. Alors qu'en 2017, j'avais bien compris que rien ne serait fait à son sujet, il aura fallu attendre le bicentenaire de la mort de Napoléon pour que des émissions documentaires et des débats l'évoquent comme figure majeure d'opposante à l'Empire !
De fait, on peut considérer que l'absence pour l'instant intégrale de Baudelaire sur les chaînes publiques ou culturelles à l'occasion d'un bicentenaire limité aux seuls éditeurs (qui eux, font leur travail de manière admirable) constitue un coup de grâce à la culture littéraire antérieure, en particulier celle transmise par le lycée : Baudelaire incarnait un des piliers incontournables, un des auteurs impossibles à éluder par nos professeurs de français. Désormais, ils et elles doivent se retourner dans leur tombe !!! Je le répète : si vous voulez absolument goûter à Baudelaire, lisez-le, écoutez-le sur la chaîne YouTube Eclair brut ou regardez-le sur Madelen !
Prochainement : trente-cinquième volet de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus : Judith Gautier (1845-1917).
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