Bonne cuisine et bon vin, c'est le paradis sur terre. (Henri IV)
Du moins en apparence, puisqu'il faudrait ajouter à cette liste - pour une fois brève - Fernandel, que j'ai déjà traité, Keats et Watteau, dont je m'occuperai une prochaine fois.
Quant à John Keats, son absence chez nous confirme que la littérature anglo-saxonne, en dehors de Jane Austen et de Shakespeare, a décidément du mal à intéresser la culture dite mainstream.
Disons qu'il s'agit d'exceptions, car, dans son ensemble, l'année 2021 a été, du point de vue des commémorations culturelles et historiques traitées par la télévision, la plus remarquable... depuis 2005 ! Les années 2009 à 2011 n'avaient pas été non plus les pires, puisque c'est surtout à compter de 2012, avec Charles Dickens, que les choses se gâtèrent pour longtemps.
Je me sens bien obligé de distribuer des louanges, puisque peu de monde est demeuré sur le carreau...
Malgré d'incontestables réussites en 2021 (un bémol toutefois : le concert Josquin des Prés diffusé sur Arte à cinq heures du matin et non mentionné dans la majorité des magazines télé !) il est tout de même dommage que l'auteur de Monsieur Teste n'ai aucunement retenu l'attention de nos pontes audiovisuels. Valéry souffrirait-il d'une étiquette d'écrivain à la fois cérébral, intello et désuet ? Qui lit encore La jeune Parque en 2022 ? Admettons qu'un sujet consacré à Paul Valéry passe mal à la télé. Cependant, je dois rappeler qu'un portrait lui fut consacré dans les années 1990 dans le cadre de la série documentaire "Un siècle d'écrivains." Cela contredit les rétifs. Il y a aussi l'Ina, bien sûr et c'est une source non négligeable puisqu'y sont accessibles non seulement la pièce de théâtre Monsieur Teste mais également les enregistrements radiophoniques de Paul Valéry en personne. De plus, en philo, en classe terminale, nous eûmes droit à Eupalinos ou l'Architecte, ce poème-dialogue philosophique de 1921, que je trouvais alors ardu (je n'ai pu lire sereinement ce texte qu'au début de ce siècle), qui mettait en scène Socrate, son disciple Phèdre et le thérapeute Eryximaque.
Il y a aussi la superbe chanson de Georges Brassens, Supplique pour être enterré à la plage de Sète.
Déférence gardée envers Paul Valéry,
Moi, l'humble troubadour, sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne,
Et qu'au moins, si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,
Et n'en déplaise aux autochtones.
Comme quoi Le Cimetière marin devint universel et populaire... Il y eut voici pile cent ans ce singulier recueil de poèmes, Charmes qui inclut ledit cimetière.
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Ce recueil, au lycée, je ne le connus point, bien qu'il fût inclus dans les fameux petits Classiques Larousse, qui avaient opté pour la couleur jaune caractérisant les classiques du XXe siècle.
Il y eut aussi ce collègue de mon café littéraire, qui, sarcastique, avait rappelé que Paul Valéry avait passé sa vie à s'ennuyer. Il y eut enfin ce mariage avec Jeannie Gobillard le 31 mai 1900, en même temps que celui de Julie Manet
qui convolait avec Ernest Rouart. Toujours est-il que Paul Valéry - qui était envisagé comme lauréat du prix Nobel de littérature 1945 mais mourut avant qu'il fût choisi - ne peut se résumer à la célèbre citation sur la prise de conscience de la mortalité des civilisations à cause du premier conflit mondial.
Prochainement : neuvième volet de la série d'articles consacrés aux peintres dont on ne veut plus avec Watteau, deuxième grand perdant commémoratif de l'année 2021.