Les officines soi-disant culturelles n'abritent plus que des milliers de salieristes stipendiés (Cyber Léon Bloy).
Tandis que Matt Smith, 11e Doctor Who, s'apprête à tirer sa révérence, à céder la place à Peter Capaldi, il est bon de se pencher sur une énigme majeure soulevée de longue date par la série, en particulier lors du 14e épisode clôturant la diffusion de la 7e saison, après la mystérieuse apparition finale de John Hurt. Ceci est une interprétation strictement personnelle, qui, je pense, diffèrera sensiblement des explications et solutions apportées prochainement par Steven Moffat et les autres scénaristes et auteurs de la série britannique.
On le sait, la conclusion de la 7e saison de Doctor Who, suspendue au visage buriné et tavelé de John Hurt et à l'envoi du générique de fin de l'épisode Le Nom du Docteur a désorienté les téléspectateurs et a suscité une abondance de commentaires et de réflexions.
L'hypothèse selon laquelle John Hurt serait un Docteur primitif, originel, n° 0, avant qu'il soit le Docteur, paraît ne pas tenir la distance, bien qu'elle soit séduisante en elle-même. Or, cette première version - si c'en est bien une - témoignerait qu'à l'origine, le Docteur appartenait aux forces obscures, qu'il a quelque chose à se reprocher, que son passé est trouble, non dénué de taches.
Pourquoi est-il interdit de prononcer le nom du Docteur, pourquoi ce refus obstiné qu'on l'entende ? Parce que Doctor Who était quelqu'un d'autre, de négatif, qui a fauté autrefois ? Parce qu'il serait responsable d'une tragédie galactique, pour ne pas écrire universelle ? Dernier Seigneur du Temps, ne serait-il pas la cause de l'extinction des siens ?
Serait-il une sorte d'entité du Mal séparée du Bien, Docteur noir, manichéen, rebellé parce que, tel le serpent de la Genèse, il aurait voulu jouer au Porteur de Lumière ? Serait-ce une relecture du péché originel, de l'Arbre de la Connaissance avec le fruit défendu et le serpent tentateur d'Eve, ou encore, de quoi estomaquer les téléspectateur, susciter leur vertige, une réinterprétation du mythe de Prométhée, puni pour avoir apporté le feu (donc la Connaissance) aux hommes ?
Tel m'apparaît personnellement John Hurt en docteur maudit, désespéré, interdit...
En ce cas, l'Arbre avec ses ramifications, ses réseaux de branches, ne rappelle-t-il pas les enchevêtrements de neurones, ou, encore mieux, à l'échelle macroscopique, la toile (web) des super amas galactiques ?
Dieu fit l'Homme à son image, mais je ne pense pas que John Hurt soit le Créateur, plutôt celui qui le contra...
le Docteur ou anté-anti-Docteur inconnu est un blessé de l'Univers.
L'autre hypothèse (sans doute celle-ci sera retenue) rappelle le hiatus entre le téléfilm de 1996 (Le Seigneur du Temps) où le 8e Docteur, Paul McGann sévissait et la saison 1 de la série ressuscitée en 2005 avec le 9e Docteur Christopher Eccleston.
Les puristes ont toujours regimbé à l'idée qu'aucune passation de pouvoir n'avait eu lieu entre les incarnations n° 8 et 9 du Doctor Who, du moins à l'écran. Cela créait un vide scénaristique susceptible d'être tôt ou tard comblé par l'astucieux Steven Moffat et son équipe.
Selon les rumeurs, ce sera chose faite à l'occasion de l'épisode spécial 50e anniversaire de la série culte, où John Hurt sévira contre Matt Smith. La diffusion est annoncée pour le 23 novembre 2013.
John Hurt serait donc un docteur intermédiaire oublié entre Paul McGann et Christopher Eccleston, aux habits hybrides (costume victorien du 8e Docteur mélangé au blouson du 9e). Un Doctor Who banni pour avoir lourdement fauté, un Docteur déchu et sombre, retiré de la liste officielle, comme ces "vainqueurs" maillots jaunes dopés du Tour de France... Matt Smith, au cours de son périple, de sa quête contrainte, passe par l'étape interdite de Trenzalore avant cette inopportune rencontre avec l'indésirable John Hurt.
Trenzalore est la planète où se situe le tombeau du Docteur. Le Tardis mourant y a échoué, recelant en son sein moribond toutes les lignes de vie du Docteur (même les inavouables ?). John Hurt se localise donc au sein d'une ligne de vie du Docteur occultée volontairement.
Le personnage de Siméon (voir aussi l'épisode La Reine des Glaces), ou plutôt son simulacre rematérialisé, réincarné, lorsqu'il plonge dans la colonne de lumière (les intrications de l'écheveau quantique et multiversel de toutes les vies enchevêtrées de toutes les incarnations du Docteur, de toutes les destinées du panmultivers dirais-je plutôt), ne pourrait-il pas lui-même être une origine plausible de ce Doctor Who-là, de ce maudit hypothétique, de John Hurt, résultat d'une fusion improbable entre Siméon et la Grande Intelligence ?
Vertigineux diriez-vous ?
Dans la saison 4 de la série, l'épisode Bibliothèque des ombres, (première apparition par ailleurs de River Song), l'Intelligence Artificielle mémoire de cette bibliothèque borgesienne, CAL, ne figurait-elle pas sous l'aspect d'une petite fille ? Attention à ce qui trompe et bluffe !
Il faut donc s'attendre à tout... Patience !
Terminons par une note farfelue.
Tenez, par exemple, Jenna Louise Coleman, nouvelle compagne du Docteur, archétype de la brune piquante, irait fort bien dans le rôle de Daisy Belle de Beauregard, un des personnages de la saga de Daniel Wu que ma soeur et moi-même écrivons...
Addendum : le nom du Docteur constitue la première question fondamentale de l'univers. En fait, la chronologie des différentes incarnations du Docteur pourrait être totalement à revoir. Le personnage de John Hurt pourrait s'intercaler n'importe quand et pas entre les Docteurs n° 8 et 9. Il faut se rappeler une phrase du 10e Docteur à Sarah Jane Smith lorsqu'elle lui reprochait de l'avoir abandonnée à cause d'une urgence : celle-ci concernait les Daleks. Donc, le secret du Docteur est lié à la Guerre du Temps...