On ne gouverne le peuple que par des mensonges (Georges Wilson, dans le téléfilm "Frédéric II", 1972).
Plus ne m'est rien, rien ne m'est plus (Valentine Visconti).
Le silence est un parti pris (Aphorismes de moa).
La chose est farce. On rit dès le premier chapitre.
Paillasse dictateur fait ministre son pitre.
(Victor Hugo, "Choses vues" année 1848)
J'aime mieux 93 que 48. J'aime mieux voir patauger les titans dans le chaos que les jocrisses dans le gâchis (Victor Hugo, "Choses vues" année 1848).
Autrefois, je m'en souviens, il y avait le festival d'Avoriaz que nos médias, non encore totalement dégénérés, couvraient fort bien. Puis, en 1992, se produisit l'accident industriel de l'attribution du grand prix d'Avoriaz à un film forcément classifié "art et essai" d'origine polonaise : L'Evasion du Cinéma liberté, de Wojciech Marczewski. Ce fut un crime de lèse-majesté pour la bien-pensance ultracommerciale qui triomphait alors, à tel point que cette bien-pensance décréta la mise à mort du festival d'Avoriaz qui disparut un an après, à la clôture de son ultime édition en 1993.
Certes, Gerardmer prit le relais ; certes, films et palmarès s'y sont succédé, parfois médiocres, d'autres fois géniaux et estimables, mais force est de reconnaître que nos médias de masse officiels se refusent à bien couvrir cette manifestation du film dit de genre (mauvais genre ?) au point que l'on doute qu'aucun des longs métrages présents puis primés ou pas ne trouvent distributeur (comme chaussure ?) à leur pied...
Pour eux, pour ces officines de distributions bien-pensantes arc-boutées au seul tiroir-caisse de la rentabilité immédiate de la nullité-daube castagneuse ou comique, tout marketing, toute démarche promotionnelle conséquente en faveur de ces films stigmatisés de "mauvais genre" s'avère chose impossible.
C'est pourquoi, chaque année, nous assistons impuissants à l'aberration de la quasi non sortie en salles de la presque unanimité des films de Geradmer. En 2010, le vainqueur du palmarès, The Door - La Porte du passé, thriller fantastique allemand d'Anno Saul, qui soulève les problèmes du double, des univers parallèles et des pistes temporelles multiples n'a eu aucun distributeur en salles obscures et n'a pu survivre qu'en DVD !
En 2012, seul le grand prix Babycall a trouvé à peu près preneur dans les cinémas, et cela, fort mal. je n'ai vu le bouleversant Eva, prix du public, qu'en DVD tant fut médiocre sa couverture en salles et le remarquable et rétro britannique La Maison des ombres, de Nick Murphy, digne des Ghost stories du grand Henry James (dont il faut fortement craindre que le centenaire de la mort, en 2016, soit aussi peu célébré chez nous que le bicentenaire de la naissance de l'immense Charles Dickens) a été directement diffusé sur les chaînes du bouquet Canal Plus !
Rebelote en 2013 : Berberian Sound Studio, malgré une bonne critique du Monde, et l'excellent reportage qu'Entrée libre vient de lui consacrer sur France Cinq avec un hommage au Giallo, se débat vainement au milieu de sa squelettique combinaison anorexique de sept copies pour tout l'hexagone !
Cela promet pour le principal film primé, le fort séduisant Mamà avec Jessica Chastain (en brune !) annoncé pour mi-mai, dont il faut redouter, en sus des sabotages annoncés de Stoker et du plastiquement splendide Upside down, qu'il n'ait pas le succès qu'il mériterait si ni les préposés au marketing (ah, le vilain mot freidmano-hayekien qui est la clef de toute chose !) ni les distributeurs ne se bougent.
C'est à toi, public, de te mobiliser pour sauver ces films ! C'est à toi d'assurer leur triomphe ! C'est à toi de faire en sorte qu'ils soient pérennes dans le septième art (pollué depuis longtemps par la société du spectacle industriel et commercial, termes que Guy Debord omettait de rajouter dans sa diatribe) ! Et tant pis si tu n'as ni sous, ni maille : apprends à choisir entre le nanar comique français et le reste (si toutefois ce reste sort chez toi ! )!