jeudi 14 juillet 2022

La critique des romans de Paul Greveillac : un silence presque intégral.

  

On dit non, je dis non ; oui, oui. Bref, je me suis fait une loi d'être d'accord en tout. (Térence : Eunuque, 252 - traduction Robert Combes)

Qui connaît le romancier Paul Greveillac ? Pas grand monde sans doute, en dehors des personnes qui, comme moi, suivent de près la parution des nouveautés de Gallimard. Ainsi, j'apprends que Télérama a enfin daigné porter son attention sur la dernière oeuvre de ce romancier, qui fut finaliste au Goncourt : L'Etau, paru depuis le 10 mars 2022, a enfin eu droit à un article de ce magazine, le 14 juin seulement ! Certes, tout enjeu de prix littéraire était à cette date envolé depuis longtemps, alors, on s'est occupé des oubliés sur les étagères, des volumes délaissés qui restaient et n'étaient pas signés de la plume de Christine Angot, que je considère comme la plus grande écrivaine de la littérature officielle depuis Paul Bourget.

 Image dans Infobox.

Tant pis si j'accuse tel ou tel journal d'avoir un temps de réaction similaire à celui du chien Rantanplan lorsqu'on lui marche sur la queue ! L'intiative est louable, mais intervient bien tard pour procurer à L'Etau le sursaut de ventes nécessaire à lui prodiguer le succès, ventes que je m'imagine bien avoir été faibles jusque-là. Ceci étant écrit, je remercie du fond du coeur Monsieur Stéphane Ehles de s'être non seulement préoccupé de l'existence d'un ouvrage délaissé depuis des semaines - sauf de L'Usine nouvelle - mais aussi de lui avoir attribué la note maximale : trois T, c'est-à-dire très bien ! Hélas, le livre a dû depuis belle lurette disparaître des rayons des chaînes de livres les plus commerciales... 

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Ce lot de consolation me fait plaisir lorsqu'on songe à ce qui s'était passé lors du Goncourt 2018. Bien que Maîtres et esclaves eût figuré parmi les finalistes, les médias poursuivirent leur mutisme obstiné. En nombre de voix, il termina deuxième, ce qui est très honorable pour un livre boudé. Certaines évocations historiques romancées (je n'ose écrire romanesques) semblent gêner aux entournures une critique française frileuse, trop soumise à une certaine doxa, à des modes de l'instant : ainsi en est-il de la Chine de Mao, puisqu'il y eut un bis repetita avec Les caves du Potala de Dai Sijie, paru il y a deux ans chez le même éditeur, Gallimard, qui lui aussi ne suscita aucun commentaire ou presque - si ce ne fut, une fois encore, l'excellente critique de Télérama (encore trois T!) signée cette fois-ci Youness Bousenna, en date du 14 octobre 2020. Le Monde des livres ne s'étonna guère, ne battit point sa coulpe au sujet d'un titre qu'il avait négligé et qui reçut le prix du roman historique 2020 des Rendez-vous de l'Histoire (ce que, culotté sans se sentir morveux quelque part, ledit Monde des livres mentionna !) et put sortir en poche chez Folio. Un article paru en ce même blog le 17 octobre 2020 traite du problème médiatique remporté par cet ouvrage fictionnel.

Nous vivons un paradoxe permanent en littérature : l'abondance des parutions alliée à la focalisation des critiques professionnels sur le même lot d'auteurs et d'autrices nous fait souvent passer à côté de perles admirables. Ainsi - dixit mon libraire de proximité - ce fut le titre le moins intéressant de la production de Paul Greveillac (livre que je n'achetai pas) Art nouveau qui attira davantage les médias.

Je souhaite évidemment la même chance à L'Etau : qu'il sorte en poche afin que je puisse le proposer à un prochain café littéraire !

Prochainement : quarantième volet de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus : Sabine Sicaud.

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