samedi 16 décembre 2023

Trois citations d'Antoine de Saint-Exupéry.

 



   













Il est coutumier qu'à l'approche de chaque fin d'année, les associations caritatives et autres organismes d'action humanitaire vous sollicitent par courrier papier pour que vous fassiez un don déductible de vos impôts. Lesdits courriers comportent souvent un cadeau, si l'on peut dire : agenda, calepin, stylo, calendrier mais aussi cartes postales ou de voeux. Il en a été ainsi tout récemment pour moi - lorsque le facteur daigne encore passer - lorsque j'ai découvert dans ma boîtes aux lettres une enveloppe d'Aviation sans frontières qui contenait trois cartes de voeux illustrées destinées à raviver le souvenir du grand écrivain aviateur humaniste Antoine de Saint-Exupéry. 

 















Par plaisir égoïste, loin de vouloir adresser lesdites cartes à quiconque, je choisis de les conserver parmi ma collection qui, outre les cartes provenant des musées, comporte celles offertes par des lettres similaires, des chiens guides d'aveugles aux compagnons d'Emmaüs. 

 















Je ne résiste donc pas au plaisir - histoire une fois de plus d'alimenter ce blog - de vous offrir à mon tour les citations d'Antoine de Saint-Exupéry figurant sur les cartes d'Aviation sans frontières. 

Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir mais de le rendre possible.

Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité.

Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction.

 















Peu m'importe la provenance de ces phrases, de ces extraits, du moment que nous pouvons goûter à leur sobre vérité, à leur simplicité limpide et à leur évidence humaine !

Prochainement : retour de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus avec Francis Carco ! 


 


samedi 2 décembre 2023

Café littéraire : Une femme en contre-jour.

 

Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse

« Bernard de Chartres disait que nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux. »  (Jean de Salisbury Metalogicon 1159)
 

Viviane Maier

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L’histoire commence en 2007.
John Maloof, agent immobilier traverse les quelques mètres qui séparent son domicile d’une salle de vente pour participer à une vente aux enchères sur saisie.
Il achète  des milliers de négatifs  engrangés dans des cartons d’une photographe inconnue.(145.000 clichés) Il a le projet d’illustrer un livre sur la ville de Chicago.

Arrivé chez lui, il découvre le nom de Vivian Maier, à peine lisible, sur des enveloppes de laboratoire. John Maloof n’a aucune connaissance dans le domaine de la photographie, mais il trouve ces images singulières.

 Il fait des recherches, s’informe, poste 200 clichés sur  FLICKR (site de partage pour les amateurs et les professionnels de la photographie).
Les retours sont rudes. John Maloof découvre un monde qui lui fait comprendre avec arrogance qu’il n’est pas des leurs avec ses kilos de négatifs pris par une bonne d’enfant anonyme.
Il se montre tenace, fait appel aux meilleurs professionnels pour réaliser des tirages de qualité, organise une exposition au centre culturel de Chicago. Il veut frapper fort !

Devant le phénoménal succès de l’événement,  les répercussions deviennent planétaires.
 Sa chapelle de village devient cathédrale, puis basilique.
Maloof engage 3 généalogistes, crée un site internet et remonte aux sources pour identifier le parcours de cette artiste.
Les photos de Vivian Maier deviennent virales, s’ensuit un tourbillon de publications, d’émissions, la presse, la télévision, le cinéma racontent l’histoire de Vivian Maier.

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Dix ans après la mort de Vivian Maier, Gaëlle Josse,

Description de cette image, également commentée ci-après

journaliste et écrivain, nous livre le roman d’une vie, le destin troublant d’une artiste méconnue de son vivant dont la reconnaissance et l’admiration de ses pairs est désormais aussi éclatante que  sa vie fut sombre.

                                                                                                                       Marie Clément

                                                                                     Café littéraire du 30 novembre 2023

samedi 18 novembre 2023

Hommage à REMAB et REMCAL.

C'était à Los Alamos en 1962.

 Los Alamos Radiation Detectors

 L'émission mythique de la RTF - ORTF Cinq colonnes à la une  consacra un reportage au centre de recherches nucléaires où fut mise au point la première bombe A. Ce reportage s'achevait par une brève interview en français de Robert Oppenheimer, très pessimiste. Dans ledit reportage, on apercevait furtivement un mannequin expérimental contenant un squelette humain. Je reconnus REMAB, qui, avec son congénère REMCAL, doté d'organes synthétiques, avaient été les vedettes d'un article du journal  Spirou paru à la même époque. Nous avons rendu hommage à notre manière à ces deux "écorchés" cobayes. 

 Portrait photographique en noir et blanc. Visage et épaules d'un homme portant un complet.

Extrait du roman de Jocelyne et Christian Jannone : La Gloire de Rama 4e partie : l'apothéose du Migou   chapitre 23.

(...) Quelques minutes plus tard, Fermat déambulait tranquillement dans des salles qui s’enfilaient, au milieu de gens affairés, tous protégés par des tenues antiradiations lourdes et encombrantes, d’un modèle démodé. Le commandant observait tout, tout en faisant mine de savoir où il allait. En son for intérieur, il pensait que la sécurité des lieux laissait franchement à désirer! Puis, il avisa enfin quelques caméras qui fonctionnaient en circuit fermé. Alors, un petit frisson le parcourut moins d’une seconde, mais sa peur rétrospective s’éteignit car, si on l’avait repéré, on l’aurait déjà arrêté! 

 Vue aérienne du réacteur B en juin 1944. Le bâtiment du réacteur se trouve au centre et deux grands châteaux d'eau l'encadrent.

S’enhardissant, comprenant que sa tenue l’empêchait d’être identifié avec précision longtemps encore, André s’approcha d’un antique ordinateur, un de ceux qu’il avait pus admirer dans des musées, sa curiosité archéologique émoustillée. Mais une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. Il se retourna brusquement pour voir à qui ou à quoi il devait faire face.

- Hey, Jim, dépêche-toi au lieu de musarder ainsi! Tu vas être en retard! Dit un grand escogriffe en riant, avec l’accent du Colorado. C’est l’heure du bain de tes mannequins!

- Hein? Souffla Fermat ne saisissant pas.

- Mais oui, voyons! Rétorqua Joey. Ne me dis pas que tu ne t’es pas remis de ta bringue d’hier soir! Allez, viens avec moi! Faut pas que le patron soit au courant. Tu connais le général Patterson.

Joey entraîna son compagnon jusqu’à un quartier à très haute sécurité. Sur la vitre sur laquelle sa silhouette se reflétait, Fermat put déchiffrer son badge identificateur: James Nielström. Son ami répondait au nom de Joey Inquart. Ayant pénétré dans le saint des saints, les deux ingénieurs militaires se séparèrent, chacun rejoignant son poste. Avant de s’éloigner, Joey ajouta:

- Fais gaffe! Les docs Langham et Andreus t’ont à l’œil. 

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Dans l’expectative, Fermat enregistra tous les détails du laboratoire. La salle, de taille moyenne, présentait une forme cubique, avec des parois de métal aux boulons bien visibles. En hauteur et sur le côté, il remarqua aussi un vitrage de protection. Derrière celui-ci, se tenaient une jeune femme et deux hommes en blouse blanche. Ils avaient des blocs-notes sous les yeux et comparaient de mystérieux résultats.

Avisant le nouveau venu, Anne lui fit signe que tout était OK et qu’un nouvel essai pouvait commencer. Ce fut à ce moment que Fermat vit enfin ce que la pièce comportait de remarquable: deux fauteuils-couchettes munis de courroies, sur lesquels étaient allongés, dans des positions grotesques, deux mannequins, effrayants au premier abord tant ils rappelaient les écorchés classiques. Mais André ne s’y trompa pas. En eux, tout était synthétique, sauf le squelette.

- Ai-je la chance inespérée pour un esprit tourné comme le mien de me retrouver au moment historique où les Américains procédaient à des expériences sur ces squelettes et écorchés mannequins de légende répondant aux noms ridicules de REMAB et REMCAL, afin de connaître précisément les effets de la radioactivité sur les organismes? Pour parler comme à cette époque de paranoïa: combien de minutes faudra-t-il aux Soviétiques pour crever sous les bombes américaines ou inversement?

C’était REMAB qui contenait le squelette. En outre, il était doté d’une paire de poumons en plastique ainsi que d’un système de tubes creux dans lesquels circulait une solution supposée absorber les radiations comme l’aurait fait un tissu humain! REMCAL, quant à lui, comprenait les différentes répliques des principaux organes: foie, rate, reins, poumons, thyroïde… Chaque élément était rempli d’un liquide radioactif.

Parfaitement à l’aise dans la peau du technicien, Fermat ajusta les mannequins, les sanglant solidement sur leurs sièges de torture. Puis, il descendit de quelques mètres le « canon » chargé de bombarder les cobayes de particules radioactives. Se tournant vers un micro incorporé dans la paroi, il jeta d’une voix ferme: 

- Opération over! Lancez le jus!     

Il faillit ajouter « demi impulsion » comme à bord du Sakharov mais se ravisa à temps!

Le bombardement fut très bref. Nul rougeoiement ou lumière. Les trois laborantins s’empressèrent de noter, toujours à l’abri derrière leur vitre, leurs observations, enrichies des informations du pseudo Nielström.

Mais un grondement furieux accompagné de mots indistincts interrompit le travail des ingénieurs. Un lieutenant, en combinaison de protection, hormis le casque, se mit à tambouriner avec force contre la porte du labo tout en criant:

- Arrêtez tout! Stoppez tout, bon sang! Vous ne voyez pas que c’est moi, Jim? L’autre est un intrus, un espion!

 

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