samedi 17 octobre 2020

Les Caves du Potala, grand perdant de la rentrée littéraire 2020 ?

 Certes, nous ne sommes encore qu'au mois d'octobre, la rentrée littéraire n'est pas encore franchement conclue, mais force est de constater que, d'ores et déjà, un grand perdant se détache du lot innombrable de romans sortis depuis fin août : Les Caves du Potala, de Dai Sijie, paru chez Gallimard le 3 septembre dernier. L'expression "silence ahurissant" est tout à fait adéquate ! 

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Consultons en ligne l'occurrence "Dai Sijie" vis à vis d'un journal comme Télérama : on constate que ledit magazine s'est bien davantage intéressé au cinéaste qu'à l'écrivain qu'il a quasiment ignoré. Il est étrange de remarquer des similitudes entre Les Caves du Potala et Maîtres et esclaves de Paul Greveillac, paru deux ans auparavant chez le même éditeur, comme si nos professionnels nationaux de la critique littéraire étaient gênés aux entournures lorsqu'il s'agit de traiter d'un roman énonçant le maoïsme et ses problèmes, en l'occurrence, dans l'exemple qui nous occupe, la Révolution culturelle et ses conséquences atroces. Quant à la soumission du Tibet, quant à la répression de son peuple, quant à l'éradication de sa culture... tout cela ne ferait-il plus recette ? L'usage abondant (avec un lexique conséquent) des mots tibétains aurait-il rebuté ? Après l'ignorance du peintre réaliste-socialiste chinois, celle du peintre tibétain ?

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Dai Sijie, à la fin des années 1980, nous livra un témoignage personnel, vécu, incisif, avec son film Chine ma douleur, avec les exactions de "rééducation" des Gardes Rouges, film que notre cinéaste-écrivain dut tourner en exil, avec peu de moyens, dans les Pyrénées-Orientales ! Malgré les aléas, Dai Sijie sut me convaincre de l'inanité et de la déshumanisation du totalitarisme chinois, l'année même de Tian'anmen. Il est d'évidence plus qu'étrange que la critique française passe sous silence le dernier roman de ce grand monsieur, comme si le virus de la lâcheté ordinaire l'avait unanimement frappée... Pourquoi passer Dai Sijie sous silence, lui qui en 1989, fut justement récompensé du prix Jean Vigo ? Est-ce faire implicitement allégeance à cette Chine contemporaine dévoyée, dictature hybridée de communisme et de capitalisme prédateur et agressif ? 

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Dai Sijie peut cependant dormir tranquille : un lot de consolation lui a donné du baume au coeur grâce à l'intelligence avisée des Rendez-vous de l'Histoire de Blois, qui a récompensé Les Caves du Potala du prix du roman historique, pendant qu'aucun de nos autres prix littéraires de l'automne n'a daigné le lister même en première sélection ! Quant au mutisme crasse de la presse nationale... Elle n'en sort pas grandie, alors que les DNA et même La Libre Belgique ont su remarquer ce livre-maître ! 

Prochainement : reprise  de la série consacrée aux écrivains dont la France ne veut plus, 33e volet. La poétesse Lucie Delarue-Mardrus sera à l'honneur. 

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