dimanche 12 juillet 2020

D'autres disparitions ignorées en cette année 2020.

Encore un texte consacré à des personnalités récemment disparues, et bien négligées par nos médias médiocres, en particulier la télévision, me direz-vous, mais Le Monde, hélas, est comptable d'une partie de ces négligences multiples... 
Qui donc a remarqué une bonne couverture des décès de Kenneth Gilbert, de Georges-Jean Arnaud, de Gabriel Bacquier et de Mady Mesplé ? Presque personne, j'en suis certain.
Georges-Jean Arnaud, accusé d'avoir écrit une prétendue littérature de gare, fut le plus ignoré et méprisé de notre groupe de disparus.
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Nul amateur de science-fiction ne peut omettre l'existence de La Compagnie des Glaces, le plus long cycle de science-fiction jamais publié à ce jour, et c'est un cycle dû à un auteur français... Comme souvent, avec une télé devenant ignare à compter de la fin des années 80, il y eut méprise lorsque - via des images d'archives mal contrôlées - les nécrologues mal avisés confondirent Georges-Jean Arnaud et Georges Arnaud, l'auteur du Salaire de la peur qui venait de mourir en cette triste année 1987. Sur le petit écran, c'était bel et bien la moustache de Georges-Jean Arnaud qui s'affichait, au point qu'il se plaignit de cette regrettable et ridicule confusion. Georges Arnaud, alias Henri Girard, avait un visage émacié, buriné et triste alors que Georges-Jean Arnaud affichait sa bonhomie. Il est vrai que le premier fut à tort accusé de plusieurs meurtres qu'il n'avait pas commis : il échappa à la peine capitale grâce à Maurice Garçon, ce grand avocat et académicien qui mériterait lui aussi que l'on ne l'oublie pas.
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Après la négligence de la littérature de genre (mauvais ?), celle, plus habituelle encore, des interprètes de la musique classique. Tenez, causons un peu de Kenneth Gilbert, le grand claveciniste parti en toute discrétion, dont Le Monde ne publia jamais la version papier de sa nécrologie... L'achat des CD des quatre livres de clavecin de François Couperin par Kenneth Gilbert chez Harmonia Mundi fit partie de mes acquisitions prioritaires du début des années 1990.
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Il est désolant de savoir que, concernant un interprète remarquable, un grand claveciniste voué par avance à l'ignorance nécrologique télévisuelle, Le Monde, se contentant de la version en ligne de son article, préféra en son journal papier un passe-droit corporatiste, remplaçant le grand Kenneth Gilbert par une ancienne journaliste dudit quotidien dont la réputation n'avait jamais ni dépassé son cercle professionnel, ni allé au-delà du périmètre des bâtiments où elle avait officié, sans cependant que je remette en cause son professionnalisme, cela va de soi. Mais qui donc connaissait cette dame, en-dehors du Monde ?
Gabriel Bacquier, un de nos plus grands chanteurs lyriques, n'eut quant à lui même pas le bénéfice du bandeau défilant sur les chaînes d'information.
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Mais qui se souvient encore de la présence éminente de Gabriel Bacquier en 1985 dans la millième émission de Prélude à la nuit du plus que regretté et ignoré Charles Imbert sur FR3 ? Rappelez-vous, téléspectateurs-témoins encore en vie, qu'Escales de jacques Ibert (1890-1952) caractérisait le générique de cette émission cavalièrement supprimée en 1987 par le gouvernement que l'on devine ?
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Avec le noeud pap' dudit Jacques, qui avant guerre officia à la villa Médicis, nous baignons dans la rétromanie totale...Adonc feu Gabriel Bacquier bénéficia d'une certaine notoriété, à l'époque où ce terme signifiait encore quelque chose...Notre baryton-basse biterrois (puisqu'il fut natif de Béziers le 17 mai 1924), brilla dans des rôles innombrables.
Dans La Tosca, face à Renata Tebaldi, il fut un Scarpia de référence tandis que dans l'étrange et rare Ariane et Barbe-bleue de Paul Dukas, il excella malgré la brièveté du rôle voulue par le compositeur, qui composa avant tout un opéra féminin (à l'inverse du Jongleur de Notre-Dame de Jules Massenet, oeuvre caractérisée par l'absence de rôles de chanteuses lyriques). Achevons ce tour de table funèbre en évoquant Mady Mesplé.
Autant l'écrire tout de suite : ma mère lui préférait Mado Robin. Selon elle, dans l'air des cloches de Lakmé, Mady Mesplé était d'un cran inférieure, malgré sa qualité de colorature (ce qui n'empêcha pas qu'elle acquît l'opéra de Léo Delibes dans la version EMI avec notre chanteuse - qui, par ailleurs, fut une "star" de la télé ancienne où sa forte présence enchantait le public).
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Hélas, un demi-siècle après, la télé a fait preuve d'une grande ingratitude à l'encontre de Mady Mesplé. Pour rattraper la nécrologie audiovisuelle de notre cantatrice française, il a fallu que je mette en replay accéléré jusqu'à tomber dessus le journal de France 2 du dimanche 13h du jour même où sa disparition fut communiquée. On devine qu'à peine quelques heures plus tard, il n'était déjà même plus question de bandeau défilant sur les chaînes d'info... Fin juillet, l'immense et incontournable Olivia de Havilland a failli être victime d'une gabegie culturelle semblable. Je vous en reparlerai dans un prochain article.Cette presque omission de Mady Mesplé - les sopranos coloratures ne courent pas les rues, dois-je le rappeler ? - témoigne, une fois de plus et de trop, du mépris de nos a-médias pour toutes les personnes ayant représenté, par leurs talents, la culture antérieure...

Prochainement : reprise de la série consacrée aux histoires de divorces avec la confrontation entre Le Monde et l'Académie française.

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