samedi 3 octobre 2015

"Ripper street" : la suite aux calendes grecques ?

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J'avais constaté promptement que l'ensemble des films sortis le 30 septembre 2015 étaient tous situés sous les trois cents copies, car tous anti-commerciaux, tous non porteurs. Les distributeurs paraissaient s'en être débarrassés à dessein ce jour-là comme alignés en une parade mortifère, les vouant au casse-pipe, à un jeu de massacre pitoyable. Or, paradoxe au fond logique, jamais il n'y avait eu autant de petits bonshommes contents dans la critique hebdomadaire de "Télérama", ce qui reflétait la coupure intégrale d'une certaine catégorie d'intellectuels avec les goûts et les aspirations du peuple. (Chroniques désabusées de Moa)

Ripper Street... série télévisée britannique géniale montrant l'envers du décor victorien. Série remarquable où jouent des comédiens fameux comme Matthew Macfadyen,
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 Jerome Flynn et Adam Rothenberg. Série dont seule hélas jusqu'à présent la première saison a été diffusée et est sortie en DVD en France !
Dans un contexte post-Jack l'Eventreur, Ripper Street met en scène des enquêtes policière passionnantes et surtout nous dévoile les bas-fonds peu reluisants du Londres victorien - Whitechapel en l'occurrence -  et sa criminalité déviante, immorale, toute la misère choquante d'une période contrastée de l'Histoire, sur fond de révolution industrielle accomplie et d'impérialisme en cours. C'est un pays à la prospérité mal partagée que nous découvrons.
Hélas, jusqu'à présent, nous avons eu droit à seulement la première saison de Ripper Street, uniquement sur le satellite d'abord (Ciné + premier) puis sur D 8 et c'est tout...
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Certes, la BBC a arrêté les frais en fin de deuxième saison, mais Amazon prime a repris le flambeau pour une saison 3. Pour rappel, le principe d'Amazon prime repose sur le téléchargement et le streaming, mais rien n'empêcherait l'acquisition des droits de diffusion "traditionnels" de la suite de la série par une quelconque chaîne française... Hélas, le manque de volonté de nos opérateurs tycoons ou cadors télévisuels est manifeste...
De fait, il y a refus implicite de reprise de Ripper Street en France. Cela participe de la haine de tout ce qui est historique, en costumes, haine cultivée par une intelligentsia post-bourdieusienne et "branchée" qui n'a retenu qu'une seule phrase de L'Internationale foulée aux pieds par Hayek depuis longtemps : Du passé, faisons table rase...
Cette intelligentsia a notamment sévi cinq ans durant sur France Télévisions sous un PDG inutile de nommer, dont la première décision fut d'annuler les adaptations des nouvelles de Maupassant qui pourtant se taillaient un joli succès d'audience ! Ce PDG laisse à son départ un si profond champ de ruines que la seule chaîne authentique de service public - hormis le cas spécifique d'Arte - semble aujourd'hui être France 5 ! Un homme comme Patrick de Carolis, le prédecesseur de ce PDG infâme n'aura été qu'un Majorien contemporain qui aura tenté avec les modestes moyens qu'on lui allouait de limiter la casse culturelle. Résultats, en exemples : pas un seul téléfilm ou feuilleton historique n'est passé sur France 3 depuis l'automne 2014 (la dernière oeuvre rattachable à ce genre ayant été l'adaptation de Ceux de 14 de Maurice Genevoix). En outre, par petites touches, la direction de France Télévisions a réussi à rétablir l'ancien catastrophique "prime time" de 20h55, cela sans pub, en multipliant les programmes courts ineptes de remplissage. Si jamais la pub était rétablie, nous risquerions d'avoir ainsi une première partie de soirée reportée à 21h15 voire 21h20 !
 Ripper Street dérange la cohorte des bien-pensants et des vendus au système en nous montrant la misère régnant sous un capitalisme triomphateur à rapprocher de l'actuel : rien n'a changé depuis 1889 : tout est revenu en arrière. Cachez donc ce pauvre des bas-fonds victoriens que je ne saurais voir !
Comme le disait Tancredi Falconeri dans Le Guépard de Giuseppe Tomasi di Lampedusa :
 « pour que tout reste comme avant, il faut que tout change »

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La prochaine fois, j'évoquerai l'absence de toute commémoration autre que locale (y compris africaine) du cinquantenaire de la disparition d'Albert Schweitzer.
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